Le chiffre d'affaires augmente légèrement par rapport à 2002, mais le volume exporté baisse de 10 %. Les professionnels jouent la carte du produit fini et misent sur la qualité et les délais. «L'année 2003 n'a pas été bonne pour le secteur du textile et habillement». Pour étayer ses propos, Salah Eddine Mezouar, président de l'Amith (Association marocaine de l'industrie textile et de l'habillement), avance des chiffres (arrêtés à fin août) qui révèlent, certes, une hausse en valeur des exportations mais laissent apparaître une nette baisse en volume. Pour la confection, les exportations ont chuté de 10 % en volume, alors que le chiffre d'affaires progressait de 4 %, grâce à l'amélioration du taux de change de l'euro par rapport au dirham. Le même phénomène est également observé dans la bonneterie. La valeur des exportations y a progressé de 2,5 %, tandis que la quantité reculait de 10 %, «en raison de l'agressivité des pays asiatiques et de l'affaiblissement de la consommation en Europe», explique M.Mezouar. Le Maroc 60 % plus cher que les pays asiatiques Outre ces résultats mitigés, l'année 2003 est caractérisée par une réorientation de la demande vers les produits finis et une bataille serrée au niveau des prix entre les différents pays fournisseurs. Selon le président de l'Amith, une grande partie des commandes passées par les clients étrangers a porté sur des produits finis. Cette tendance confirme, selon les professionnels, la nécessité pour les entreprises (sur laquelle l'Amith a d'ailleurs mis l'accent) de passer du travail à façon vers le produit fini. Plusieurs entreprises du secteur ont aujourd'hui emprunté ce chemin. Mais cette mutation, il faut le reconnaître, n'est pas une sinécure en raison des moyens financiers qu'elle induit. En effet, pour les opérateurs, «la fabrication des produits finis sous-entend que l'entreprise ait les reins solides. Car, contrairement à la sous-traitance, elles ont à leur charge l'achat des matières premières qui entrent à hauteur de 50 % dans le prix de revient. De plus, la production d'articles sophistiqués requiert des investissements importants en équipements». C'est pourquoi plusieurs entreprises ont déposé des dossiers pour bénéficier de l'aide à la mise à niveau par le biais des fonds Fortex et Foman. L'Espagne débouché d'avenir ? En ce qui concerne les prix, il est constaté que c'est l'Asie qui sert aujourd'hui de référence. La tendance est, partout, à l'alignement sur ce continent. Seulement, pour le Maroc (60 % plus cher que les pays asiatiques), cela semble difficile à envisager en raison coût élevé des facteurs de production, soulignent des professionnels. Tout comme la Tunisie et la Turquie, qui sont loin d'être compétitifs. Pour faire face à cette situation, le secteur textile marocain ne peut, selon Salah Eddine Mezouar, que jouer la carte de la réactivité et de la qualité. «Cela est tout à fait possible car, heureusement pour le Maroc, les donneurs d'ordre, pour réduire le risque, ne passent pas toutes leurs commandes au même endroit. Nous devons donc profiter de cette stratégie de répartition des commandes et faire des livraisons dans les plus brefs délais. C'est en quelque sorte une contre-offensive à l'agressivité asiatique», analyse-t-il. Et d'ajouter : «Cette stratégie sera payante dans l'avenir». Enchaînant sur les prévisions pour 2004, le président de l'Amith précise que l'association tient à poursuivre son travail de restructuration et la mise en place des diverses stratégies par filière. Elle œuvrera également pour la diversification des clients avec toutefois une consolidation des relations avec l'Espagne. «Ce pays sera notre premier partenaire européen. D'ailleurs, le courant d'affaires entre les deux pays est bon : sur les quatre dernières années, les exportations textiles sur le marché ibérique ont évolué de 84 %», indique M. Mezouar qui ne manque pas de souligner au passage que les professionnels restent quand même sceptiques quant au développement du secteur parce que leurs efforts ne suffiront pas. «Un accompagnement des pouvoirs publics sera le bienvenu notamment au niveau du contrat-programme, dont la mise en œuvre se heurte toujours à quelques problèmes, et des démarches administratives», précise-t-il n