Les opérateurs gagneraient à développer des produits plus complexes, tels que les fonds des matières premières, les ETFs… Les fonds marocains ont participé pour la première fois aux Thomson Reuters Lipper Fund Awards pour la région MENA. CDG Capital a obtenu le prix du meilleur gestionnaire obligataire de toute la zone. Quel regard portez-vous sur l'industrie de la gestion d'actifs au Maroc ? Quelle est sa position au sein de la région MENA ? La gestion d'actifs au Maroc bénéficie d'une très bonne position au sein de la région MENA. C'est même le plus important marché dans cette zone de par l'encours géré, le nombre de fonds disponibles ou encore la performance enregistrée par les fonds. Et à mon sens, l'avenir reste prometteur. D'ailleurs, les chiffres parlent d'eux-mêmes. L'actif net global est en amélioration continue. Il a progressé d'environ 15% entre 2013 et 2014. L'actif net des fonds obligataires et mixtes s'est amélioré respectivement de 19% et 27%. Quels sont les éléments à améliorer pour hisser la gestion d'actifs au Maroc aux standards internationaux ? Comme dans toute industrie, il y a certainement des choses à améliorer et je pense que les gestionnaires marocains gagneraient beaucoup, aussi bien en expérience qu'en visibilité, s'ils créent des fonds destinés aux marchés émergents et développés, des fonds de matières premières, des ETFs, REITs, etc. Avec la création de ces produits, ils auraient plus d'exposition à l'international. Ce qui améliorerait leur savoir-faire et leur permettrait d'attirer les grandes sociétés de gestions internationales au Maroc. A quel point la notation d'un fonds ou d'une société de gestion est importante pour une place financière ? Il faut faire la différence entre la notation d'un fonds, que Lipper calcule chaque mois, et les prix des Fund Awards que nous attribuons aux meilleurs fonds dans leurs catégories respectives une fois par an. Il est important de souligner que c'est la première fois que les fonds marocains, ainsi que les fonds qui sont domiciliés en dehors des pays du Golfe, sont inclus dans les Thomson Reuters Lipper Fund Awards pour la région MENA. C'est une opportunité unique pour les fonds et les sociétés de gestion de la place financière marocaine de figurer parmi les gagnants des Thomson Reuters Lipper Awards, car cela renforce leur visibilité à l'international et leur permet ainsi d'améliorer leur crédibilité, surtout qu'ils sont distingués par un organisme indépendant. Pour la première fois, les fonds marocains ont récolté 5 trophées dans les classifications Lipper, c'est-à-dire les OPCVM, et un trophée au niveau des Group Awards (sociétés de gestion) lors de la cérémonie de remise des prix qui a eu lieu à Dubaï le 19 mai dernier. Pouvez-vous nous éclairer sur vos critères de notation d'un OPCVM ou d'un gestionnaire ? Les critères d'éligibilité sont définis dans un document de méthodologie qui est revu chaque année pour s'assurer que les caractéristiques propres à chaque univers soient prises en compte. Pour qu'un fonds soit éligible à la notation, il faut qu'il soit enregistré dans le pays concerné, qu'il ait au moins 36 mois de performance historique, qu'il soit ouvert aux souscripteurs, toutes catégories confondues, et qu'il soit classifié dans l'une des classifications sectorielles mises en place par Lipper avec au moins 10 portefeuilles distincts et concurrents. Cela d'une manière générale. Mais, comme dans la région MENA, l'industrie de la gestion d'actifs reste faible de par la taille et le nombre de fonds, nous avons allégé certains critères. Ainsi, pour être éligible à une récompense par classe d'actifs, les sociétés doivent répondre aux critères de base (ouverts au public et 3 ans de performance). En plus, elles doivent disposer d'au moins trois catégories distinctes de fonds, à savoir les actions, les obligations et les diversifiés. De plus, le fonds objet de la notation doit figurer dans l'un des secteurs spécifiés par Lipper aux côtés de 4 autres fonds compétiteurs au minimum. Autrement, aucun calcul ne serait effectué et donc aucune récompense décernée, bien que le fonds en question réponde à l'ensemble des critères d'éligibilité. Pour sa part, pour qu'une société de gestion soit éligible à une récompense «Group», il faut qu'elle possède au minimum 3 fonds dans chaque classe d'actifs. Quelles sont les sociétés de gestion notées par votre organisme au Maroc ? Lors de l'édition des Lipper Fund Awards 2015, deux sociétés de gestion ont été distinguées dans les classifications Lipper. Il s'agit de CDG Capital Gestion et BMCE Capital Gestion. Dans la catégorie Group, CDG Capital a obtenu une récompense dans la classe d'actifs obligations, comme étant meilleur gestionnaire obligataire de la région MENA. Vous attribuez deux types de récompenses : Awards et Certificates. Quelle est la différence entre les deux ? Il n'existe aucune différence entre les deux en tenant compte de la méthode de calcul ou des critères d'éligibilité. La seule différence qui existe est que les gagnants des Awards qui, je le rappelle, sont jugés sur une période de 3 ans, sont tout simplement appelés sur scène durant la cérémonie pour récupérer leur trophée, sous forme de statuette fabriquée à nos frais. En revanche, les autres gagnants sur 5 et 10 ans reçoivent un Certificate tout en ayant la possibilité de commander leur trophée via notre site web moyennant les frais de production et de livraison. Rencontrez-vous des obstacles dans le processus de notation au Maroc (rétention d'informations, manque de données…) ? Comparé aux autres pays de la région, le Maroc est parmi ceux où nous rencontrons le moins de problèmes pour l'obtention des données relatives aux fonds de gestion. Nous avons une très bonne relation avec l'ASFIM qui nous fournit un fichier des valorisations quotidiennement. Récemment, nous avons procédé à la collecte des inventaires de portefeuille auprès des sociétés de gestion, qui se sont montrées coopérantes. Nous espérons davantage de collaboration avec tous les acteurs de la place en vue d'aspirer à une couverture proche de 100%.
(*) Les opinions exprimées sont celles de l'interviewé, et non de Thomson Reuters Lipper.