Après la dématérialisation des procédures de la phase d'escale des navires, PortNet s'attaque à la dématérialisation de la phase d'enlèvement. A terme, l'ensemble des procédures de la chaîne du commerce extérieur sera intégré dans la plateforme. Il restera juste quelques ajustements réglementaires à opérer. Les importateurs bénéficieront à partir du 26 septembre courant d'une procédure d'obtention du titre d'importation totalement dématérialisée. L'annonce en a été faite, il y a quelques jours, par PortNet SA, filiale de l'ANP en charge du projet de mise en place d'un guichet unique dématérialisé des procédures du commerce extérieur. Au-delà d'une simple annonce, cette information est surtout venue jeter un coup de projecteur sur une entité peu connue du grand public mais qui est pourtant en train de révolutionner la gestion administrative des opérations d'import/export. «Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le projet PortNet ne sera pas opérationnel dans les prochains jours, il est déjà en déploiement progressif depuis quelques années déjà», précise Jalal Benhayoun, DG de PortNet SA. En d'autres termes, la dématérialisation du titre d'importation n'est pas le premier projet concrétisé dans le cadre de la plateforme, elle vient plutôt s'ajouter à d'autres services déjà opérationnels dans la plateforme PortNet, notamment la gestion dématérialisée des escales de navires dans tous les ports du Royaume, à l'exception de Tanger Med. Pour mieux cerner l'état d'avancement de ce projet, il faut rappeler qu'une procédure d'importation se passe en trois phases. La première, dite «phase d'escale», concerne l'ensemble des démarches nécessaires pour l'entrée du navire dans le port et le déchargement des conteneurs. La deuxième phase, appelée par les professionnels «phase d'enlèvement», intègre le traitement des opérations de contrôle par la douane et autres administrations ainsi que le processus de sortie de la marchandise. Enfin, la troisième phase est dite phase du titre de change qui autorise l'importateur à régler son fournisseur en devises. Les opérateurs pourront mieux estimer la durée de séjour de leurs marchandises au port Actuellement, l'ensemble des procédures prévues dans la première phase est dématérialisé. Pour la phase d'enlèvement, PortNet SA a initié un projet pilote au niveau du port de Casablanca. Sa généralisation est prévue au plus tard début 2015. Pour ce qui est de la dématérialisation de la phase du titre de change, elle devrait intervenir, selon le planning fixé par l'entreprise, courant 2015. In fine, PortNet espère intégrer dans sa plateforme l'ensemble des procédures liées aux opérations de commerce extérieur. Mais en attendant, c'est un travail de sensibilisation qui est nécessaire pour qu'un maximum d'opérateurs adoptent ces nouvelles mesures. Pour l'instant, les statistiques font état d'une montée en puissance progressive dans l'utilisation de la plateforme. Courant 2014, le pic des documents dématérialisés transitant par la plateforme a par exemple atteint 15 434 messages en mai dernier. Le pic atteint en 2013 se limitait à 8 819 messages. Cela n'empêche que pour atteindre sa vitesse de croisière, des actions d'information des utilisateurs potentiels sont indispensables. «L'avantage que nous avons dans ce sens est l'implication des opérateurs dès le début de la concrétisation du projet», explique Jalal Benhayoun. En fait, la particularité de PortNet SA est qu'elle est une entreprise contrôlée à hauteur de 51% par l'ANP, mais qui inclut dans son tour de table des administrations, des banques et des opérateurs intervenant à différents niveaux dans la chaîne du commerce extérieur. De même, les phases tests de la dématérialisation des procédures impliquent généralement les opérateurs concernés, ce qui est de nature à permettre une optimisation de la procédure mise en place, mais aussi de les intéresser à l'utilisation de la plateforme. Ce n'est en effet un secret pour personne que dans certains métiers portuaires, les mentalités sont anciennes et les réticences au changement sont monnaie courante. Pour décoincer ce frein culturel, PortNet SA prévoit plusieurs réunions d'information et de sensibilisation au profit des opérateurs en vue de les faire adhérer au guichet unique. Et pour convaincre, la société pourra certainement se baser sur les premiers résultats obtenus après la dématérialisation de la première phase. En effet, d'après les tableaux de bord de suivi des opérations transitant par la plateforme, le délai moyen de séjour des marchandises s'est nettement amélioré. A fin juillet dernier, il s'établissait par exemple à 7 jours, contre 11 jours une année auparavant. Certes, pour l'heure, le délai de séjour est très variable, mais l'un des objectifs même du travail de PortNet SA, ainsi que ses partenaires, est de réduire l'ampleur de cette variabilité. «Ce qui se passait par le passé est qu'un importateur ne savait jamais combien de temps sera nécessaire pour qu'il puisse sortir sa marchandise. Cela pouvait prendre une semaine ou des mois. Ceci avait bien entendu des conséquences importantes sur son activité, notamment en termes de planification opérationnelle et de coûts logistiques», ajoute le DG de PortNet SA. C'est cette incertitude, longtemps pointée du doigt par les opérateurs économiques, que le projet de dématérialisation ambitionne aujourd'hui de limiter.