Les produits obligataires de courte durée sont les plus recommandés, avec un rendement prévu de 4%. Les DAT et comptes sur carnet sont conseillés aux investisseurs ayant un profil risque-rentabilité-liquidité élevé. Les contrats d'assurance-vie sont intéressants de par leur rémunération et leur fiscalité, mais restent réservés aux épargnants de long terme. Les rendements des produits de placement financier subissent des pressions depuis quelques années. Le marché actions est en repli depuis 2008, les métaux précieux se sont inscrits sur un trend baissier et l'immobilier est en mauvaise posture avec des prix qui se tassent et des transactions qui se raréfient. Même les contrats d'assurance-vie, qui offraient des taux de rendement importants dépassant 6% entre 2006 et 2007 chez certaines compagnies de la place, ont enregistré des baisses continues. Seul l'investissement dans les bons du Trésor est resté intéressant, aux côtés des dépôts à terme et des comptes sur carnet. En effet, consécutivement à des levées massives du Trésor pour financer son déficit budgétaire et à des investisseurs exigeants en termes de rendement, les taux obligataires et ceux des produits bancaires indexés sur ces rendements ont emprunté une tendance haussière sur les dernières années. Dans ces conditions, les rendements des placements risqués devront finir l'année 2013 sur une note jugée insatisfaisante. En revanche, ceux qui auront misé sur les BDT, les DAT ou les comptes sur carnet auront droit à une rémunération intéressante. Qu'en sera-t-il en 2014, sachant que des signes de reprise de l'économie nationale se profilent à l'horizon ? Faut-il privilégier les mêmes produits qu'en 2013 ? Tout d'abord, il faut préciser que tous les produits de placement ne sont pas recommandés machinalement à tous les clients. Le conseil en placement dépend du montant à investir, du degré d'aversion au risque du client, du gain espéré et de la liquidité exigée pour son portefeuille. Par exemple, pour un investisseur disposant d'une petite épargne et souhaitant avoir une rémunération sûre dans un horizon de placement court, il lui est conseillé de s'orienter vers les produits bancaires. Quoi qu'il en soit, les professionnels contactés sont unanimes quant à l'opportunité d'investir dans les produits obligataires de court terme. «La poursuite des levées du Trésor à des taux élevés rend intéressants les placements obligataires court terme qui devraient surperformer aussi bien les produits monétaires qui, eux, restent liés au taux directeur de Bank Al-Maghrib, que les placements long terme, qui subissent une volatilité importante», souligne Badr Alioua, directeur général de Wafa gestion. Confortant cet avis, le directeur d'une autre société de gestion avance que «la hausse des taux obligataires amorcée depuis début 2012 devrait se poursuivre mais serait de moindre ampleur qu'en 2013. Il est clair qu'une progression des taux est défavorable pour les anciens titres puisque leur valeur baisse. Mais, en tout cas, à ces niveaux de taux, les investisseurs de moyen terme réaliseraient de bonnes performances puisque les coupons sont déjà à un stade élevé». Notre source prévoit même un rendement des OPCVM obligataires de court terme supérieur à 4%. Le même taux de rendement peut être obtenu à travers le placement dans les produits d'assurance-vie. Il est ainsi prévu qu'il soit de 4,75% en moyenne pour cette année. Mais il s'agit de produits qui ne sont pas liquides dans la mesure où l'épargne doit être bloquée pendant une durée de huit ans afin de bénéficier des avantages fiscaux. «Pour un investisseur de long terme qui ne se soucie pas de la liquidité de son épargne, ce type de placement serait le plus intéressant», recommande un gestionnaire. Par contre, pour les clients risquophobes qui pourraient avoir besoin de leur épargne sur le court terme, il leur est proposé les produits bancaires classiques, à savoir les DAT et les comptes sur carnet. Les premiers constituent le placement préféré des Marocains disposant d'une épargne relativement importante, vu la rémunération et la liquidité qu'ils offrent. Ils deviennent d'autant plus intéressant avec la hausse du rendement proposé. En effet, avec le manque de liquidité au niveau du secteur bancaire, les banques n'hésitent pas à proposer des taux alléchants à leurs clients. D'ailleurs, le taux moyen calculé par Bank Al-Maghrib pour les comptes bloqués sur six mois s'élève à 3,57% à fin octobre, en hausse de 5 points de base par rapport à la même période une année auparavant. Notons qu'en octobre 2011, ils étaient à 3,35%, soit 22 points de base de moins qu'actuellement. «Il faut dire que la rémunération peut dépasser ce niveau si l'investisseur, client de la banque, négocie avec elle un taux plus intéressant», précise une private banker de la place. Les comptes sur carnet, eux, sont conseillés pour la petite épargne, n'excédant pas 400 000 DH. En effet, l'investisseur peut récupérer son capital à tout moment et bénéficier d'un rendement de 3,74% actuellement, soit 70 points de base de plus que le 2e semestre de l'année dernière. Les analystes excluent une possible baisse des taux des comptes bancaires rémunérés tant le manque de liquidité est devenu structurel. Cela dit, malgré le caractère sûr du placement et son rendement intéressant, sa fiscalité est peu encourageante. Les produits bancaires sont en fait frappés d'une taxe de 30% retenue à la source (Taxe sur les produits de placements à revenu fixe). Juste à titre comparatif, les produits de taux sont frappés d'une taxe (TPCVM) de 20% et les contrats d'assurance vie sont entièrement défiscalisés après huit ans. Le marché actions exclu des recommandations pour les épargnants à court terme Du reste, analystes et private bankers déconseillent le placement dans les actions pour les investisseurs à court terme. M. Alioua se veut toujours prudent quant à une reprise du marché boursier en 2014. Pour lui, « même si une performance à court terme du marché n'est pas à exclure, la masse bénéficiaire des sociétés cotées au terme de cette année s'inscrirait en baisse, ce qui continuerait d'affecter les cours des titres. Du coup, la performance du marché actions n'est soutenable à moyen et long terme que si les fondamentaux des entreprises cotées arrivent à renouer avec la croissance des bénéfices qu'elles ont enregistré auparavant». Autrement dit, si progression du marché il y a, elle ne serait due qu'à des rebonds techniques alimentés par des évènements ponctuels et non à la solidité des fondamentaux des sociétés. Car, il faut le dire, des doutes planent toujours sur la santé des sociétés cotées, tous secteurs confondus. Néanmoins, comme la bourse est caractérisée par un rendement sur le long terme dépassant généralement quatre années, il est recommandé aux investisseurs risquophiles de s'y positionner dès à présent, mais progressivement, ne serait-ce que pour compenser leurs pertes ou pondérer le cours d'achat. Pour les moins avertis, notre private banker propose aux clients d'éviter un placement direct en bourse et de recourir aux OPCVM actions pour ainsi réduire le risque et espérer une rentabilité meilleure que celle du marché dans son ensemble. Par ailleurs, les professionnels restent sceptiques quant à un placement dans l'or, surtout que le prix au Maroc suit les cours à l'international. En effet, le métal jaune accumule des pertes de plus de 26% depuis le début de l'année sur les marchés internationaux pour atteindre 1 237 dollars l'once en date du 2 décembre. En cause, une reprise économique mondiale et une réorientation des investisseurs vers les placements plus risqués vu le potentiel de croissance qu'ils offrent, à savoir les actions et les devises. Les analystes étrangers prévoient une poursuite de la chute du cours sur l'année prochaine, ce qui ne manquerait pas de tirer à la baisse les prix au niveau national. D'ailleurs, le gramme d'or au Maroc se vend dans une fourchette comprise entre 300 et 350 DH alors qu'il pointait à 550 DH une année auparavant. Un autre problème se pose pour cet actif, le placement prend la seule forme d'achat de bijoux vu que la réglementation interdit l'acquisition de lingots ou toute autre forme de ce métal. Ainsi, «vu la dépendance aux marchés mondiaux et vu les restrictions d'acquisition, on conseille rarement à nos clients de miser sur l'or, malgré le potentiel de croissance qu'il peut présenter à l'avenir», confie un autre private banker ; et même si certaines sociétés de gestion de la place disposent de fonds adossés à l'or, leurs gestionnaires ne les recommandent pas. Ils laissent le libre choix au client d'y placer son épargne selon son degré de connaissance du marché. Pour conclure, pour l'année prochaine, les gestionnaires de fortunes conseillent aux petits épargnants de placer leur argent dans les DAT, les comptes sur carnet ou encore les produits monétaires. Notre source recommande pour un client disposant d'un million de DH, présentant une aversion au risque assez élevée et souhaitant récupérer son capital au bout d'une année, de le placer dans un produit de bancassurance défiscalisé proposé par la banque, dans un DAT ou dans des SICAV monétaires afin de bénéficier de la liquidité quotidienne. En revanche, les investisseurs plus averses au risque peuvent s'aventurer dans les produits obligataires de court terme ou même les contrats d'assurance-vie pour un horizon de long terme. «Si un investisseur souhaite pondérer son placement entre ces différents types d'épargne, il devrait allouer 10% aux DAT, autant à l'assurance-vie et le marché actions, 5% à l'or, le reste devrait être misé sur les produits obligataires», préconise un gestionnaire.