Avec les derniers investissements réalisés, les capacités de stockage atteignent 235 000 tonnes. En tenant compte de l'évolution de la consommation, l'objectif est de maintenir le stock de sécurité à son niveau. Le Maroc dispose d'un stock de sécurité de 45 jours. Le Maroc s'est lancé dans une course effrénée pour le renforcement de ses capacités de stockage de gaz. Et cela n'a rien à voir avec les opérations d'exploration en cours. Les projets récemment concrétisés sont juste destinés à doter le Royaume des infrastructures logistiques nécessaires lui assurant un stock de sécurité confortable et, surtout, le prémunissant contre toute rupture d'approvisionnement du marché domestique. Après l'inauguration par la Somas de sa troisième cavité de stockage à Mohammédia la semaine écoulée, plusieurs autres projets de même nature seraient envisagés par les pouvoirs publics. «L'approvisionnement du marché en gaz étant une priorité pour le Maroc, il y aura certainement d'autres projets à l'avenir. Mais pour l'heure, il est difficile de se prononcer pour savoir où, quand et comment ils seront réalisés», confie Abdelkader Aâmara, ministre de l'énergie et des mines, en marge de l'inauguration de la nouvelle unité de la Somas. En fait, si, officiellement, le ministre préfère tempérer, il existe bien une première liste de projets définis. D'abord, il y a la réalisation d'un terminal de gaz de pétrole liquéfié (GPL) à Tan-Tan. Nécessitant un investissement de 83 MDH, le projet concerne une capacité de stockage de 4230 tonnes de GPL, qui vient s'ajouter à celles (principalement de gasoil) dont dispose déjà la ville. En plus de ce projet, d'autres seraient, selon nos informations, à l'étude au ministère de l'énergie, à commencer par la réalisation d'un nouveau terminal de stockage dans la zone franche de Ksar Al Majaz au port de Tanger Med. Celui-ci serait dédié au butane sous Talus (technique de protection des réservoirs contre les agressions de toute nature provenant de l'extérieur, particulièrement quand ils sont en plein air), et renforcerait les capacités du port de 20000m3. D'après les premières estimations, une enveloppe de 187 MDH devrait être mobilisée pour ce site dont l'ouverture est prévue début 2017. Dans la même lignée, un centre d'emplissage d'une capacité de 40000 tonnes est prévu à Fquih Bensalah fin 2015. L'investissement est de 40 MDH. Le consommation s'envole C'est dire que les décisions de nature à renforcer les capacités de stockage devraient se multiplier durant les prochaines années. Actuellement, le Maroc dispose d'une capacité de 235000 tonnes, dont 86% sur le seul site de Mohammédia. Cela représente, selon des professionnels du secteur pétrolier, un stock de sécurité de 45 jours de consommation. Suffisant ? Pas si sûr, car la consommation en gaz, surtout le butane qui représente près de 95% du marché, ne cesse d'augmenter. D'après les données du ministère de l'énergie et des mines, la consommation de ce combustible a quasiment doublé sur les dix dernières années. Sa croissance s'est même accélérée au cours des deux dernières années : 3% en 2010, 5% en 2011 et 7% en 2012. En d'autres termes, le stock de sécurité, s'il paraît suffisant actuellement, ne devrait plus l'être dans un futur proche. Il est donc impératif que l'Etat s'active rapidement pour renforcer les infrastructures de stockage existantes. Et à en croire le ministre de l'énergie et des mines, ce seront les opérateurs eux-mêmes qui continueront à relever ce défi. «Notre stratégie est de mobiliser au maximum le secteur privé. Certes, cela les pousse à mobiliser des fonds importants. Mais cela reste dans une logique win-win», explique Abdelkader Aâmara. En fait, selon lui, la particularité de ce secteur est que les opérateurs y commercialisent un produit stratégique. Assurer des capacités de stockage importantes n'est pas en soi un surcoût qu'ils devront supporter, d'autant plus qu'ils sont accompagnés par l'Etat à travers des incitations (sur la TVA à l'importation ou sur l'équipement par exemple). C'est du moins ce que l'on argue auprès de l'Exécutif. Un partenariat win-win En fait, «avec des capacités de stockage importantes, les opérateurs sont mieux armés pour négocier lors des opérations de trading et réduire ainsi les coûts d'achat», explique Khalid Baghri, directeur général de la Somas. Tout l'intérêt de disposer de capacités substantielles réside dans les économies d'échelle qui découlent de commandes importantes. Plus les capacités de stockage sont importantes, plus les appels d'offres pour l'approvisionnement lancés sur les marchés internationaux sont plus importants, ce qui permet de mieux négocier les prix d'achat. D'ailleurs, cette pratique est courante au Maroc. Le ministère de tutelle dédie en effet une cellule spécialement à la coordination des achats avec les opérateurs de manière à ce que les appels d'offres soient optimisés. L'intérêt pour les opérateurs de s'investir dans le renforcement des infrastructures de stockage est donc avéré. Il reste maintenant à s'assurer que les investissements se fassent de manière à ce que la couverture territoriale soit également optimisée, chose qui n'est pas forcément évidente. Dans la pratique, il s'avère que pour disposer de capacités de stockage importantes tout en assurant une sécurité optimale, il faudrait que les cavités soient souterraines. Or, cela n'est possible que dans les zones à forte contenance en sel, comme à Mohammédia. C'est d'ailleurs ce qui explique que cette zone concentre les plus gros volumes de stockage au Maroc avec près de 200000 tonnes de capacité. C'est quasiment six fois ce dont dispose le port de Jorf, deuxième plus grand centre de stockage de gaz dans le Royaume. Du coup, si de nouvelles capacités sont installées, il est bien clair qu'elles seront principalement constituées de capacités de réception (logistique de stockage notamment dans les ports) comme c'est le cas actuellement dans les régions autres que Mohammédia.