Près de 140 000 emplois ont été créés entre les troisièmes trimestres de 2012 et de 2013, tous secteurs confondus. Un bémol, 75.5% de ces emplois ne sont pas rémunérés. L'industrie a subi les effets de la dégradation de l'environnement international. Près de 140 000 créations nettes d'emplois ont été enregistrées par le Haut commissariat au plan (HCP) dans son enquête sur le marché du travail, au terme du troisième trimestre de 2013. C'est quasiment 2,5 fois plus qu'à la même période de 2012. Cela a permis de réduire le taux de chômage de 0,3 point, à 9,1%, mais un bémol tout de même : plus des ¾ de ces emplois (75,5%) ne sont pas rémunérés. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, le taux de sous-emploi a augmenté presque dans les mêmes proportions (+0,4 point, à 9,4%) que le chômage a baissé. Il y a ainsi comme une relation de cause à effet entre ces deux variables (dans le contexte actuel, s'entend, mais pas de façon absolue) : quand le chômage diminue, le sous-emploi augmente. Ce constat se trouve corroboré par le fait que c'est en milieu rural, c'est-à-dire là où le gros des emplois a été créé, que le taux de sous-emploi a le plus augmenté (de 9,6% à 10,3% entre les deux périodes considérées). Et en milieu rural, précisément, les emplois créés au troisième trimestre de cette année sont à 87,5% non rémunérés. De ce constat découle un autre : les emplois créés étant concentrés dans le milieu rural et le secteur primaire (agriculture, forêt et pêche), tous les autres secteurs, à l'exception des services, ont perdu des emplois. Le cas du secteur industriel est assez frappant à cet égard : -28000 postes, résultat d'une création de 17000 emplois en milieu rural et d'une perte de 44 000 emplois en milieu urbain. Ce n'est certes pas nouveau, puisque la tendance baissière en matière de création d'emplois dans l'industrie est observée depuis cinq ans. Entre 2009 et 2012, en effet, l'industrie a perdu près de 25 000 emplois par an, en moyenne. Auparavant, sur la première décade des années 2000, le secteur industriel réussissait à créer une moyenne de 12 000 postes par an. Recul de la part de l'industrie dans le PIB Il faut peut-être le préciser, il s'agit bien ici du solde net, autrement dit de la différence entre les créations et les destructions d'emplois. Cette précision n'est pas fortuite, elle suggère que, probablement, ce solde négatif traduirait l'effet combiné entre, d'un côté, une amélioration de la productivité, et, de l'autre côté, la dégradation bien connue de la conjoncture internationale. Sur le premier point, c'est certain, la productivité apparente du travail s'est beaucoup améliorée, sans toutefois atteindre les niveaux observés dans les autres pays émergents ou concurrents du Maroc. Mais cet élément paraît insuffisant pour expliquer l'ampleur des pertes d'emplois que connaît le secteur industriel ces dernières années. Les retombées de la crise économique internationale semblent être le facteur le plus décisif à ce niveau. Cela apparaît clairement dans certaines grandeurs macroéconomiques. Ainsi, par exemple, la contribution du secteur industriel (hors énergie et mines) à la croissance du PIB, après une phase ascendante qui va en gros de 2000 à 2004, a, depuis, entamé un mouvement de ralentissement (même si elle reste la plus importante par rapport aux autres secteurs). Idem pour le taux d'exportation (valeur des exportations rapportée à la production) et le taux de valeur ajoutée (valeur ajoutée par rapport à la production) qui, tous deux, ont plus ou moins fléchi sur la période considérée. L'évolution de l'indice de production, pour sa part, confirme cette tendance au fléchissement du secteur industriel : de 5,2% en 2006, l'indice retombe à 1,5% en 2012, soit une variation moyenne de 2,9% par an entre les deux dates, au lieu de 4,1% entre 2000 et 2005. Last but not least, la part des produits manufacturiers dans les exportations de biens a baissé de 1 point entre les périodes 2000-2005 et 2006-2012. Il en résulte que le poids de l'industrie dans la valeur ajoutée totale (c'est-à-dire pratiquement dans le PIB) a reculé de plus de 1point entre les deux périodes considérées. De 16,9% en moyenne entre 2000 et 2005, la part de l'industrie dans la valeur ajoutée globale recule à 15,4% entre 2005 et 2011 (les comptes nationaux désagrégés de 2012 n'étant pas encore disponibles). Dans ces conditions, les pertes d'emplois enregistrées ces dernières années dans le secteur industriel trouvent au moins une explication.