En pointe maximale, la demande atteint 5 580 MW pour une puissance installée de 6900 MW. Les fortes hausses de la puissance appelée des 8 et 9 juillet sont dues à la demande domestique. Entre 15 et 20% de l'énergie nette appelée est importée. Paradoxe, la hausse de la consommation ne profite pas à l'ONEE. Le record de puissance électrique appelée a été battu cette année à deux reprises et coup sur coup, le lundi 8 juillet à 5 410 MW, puis le lendemain 9 juillet à 5 580 MW. Dans les deux cas, cela s'est passé à 21 h, et à cette heure-ci ce ne sont pas les usines mais les climatiseurs qui tournent à plein régime. Avec les baisses de prix de ces appareils au cours des dernières années, les Marocains, ceux des villes principalement, y recourent assez massivement pour se rafraîchir et, dans une moindre mesure, pour se chauffer en période de grand froid. Pour les opérateurs, une demande élevée est toujours la bienvenue. Mais en l'occurrence, cela dépend de quel opérateur il s'agit : pour les distributeurs, privés notamment, oui c'est l'occasion de faire du chiffre comme on dit, mais pas forcément pour le producteur/distributeur qu'est l'Office national de l'électricité et de l'eau potable(ONEE). Celui-ci vend l'électricité à perte, par conséquent toute demande supplémentaire ne fait que creuser ses déficits. C'est une situation tout à fait paradoxale, voire inédite, pour un opérateur de voir la demande progresser et, dans le même temps, sombrer dans une crise financière. Depuis 2002, en effet, la consommation d'électricité augmente à un rythme annuel moyen de l'ordre de 7%. Malgré cette évolution, l'office accumule des déficits et aujourd'hui il n'arrive plus à payer ses fournisseurs. C'est que l'ONEE joue le rôle d'une caisse de compensation, en prenant en charge le différentiel entre le prix de revient et le prix de vente du kwh. Et le fait que l'Etat accorde une subvention sur le fioul, que l'ONE utilise dans certaines de ses centrales de production, n'y change rien, tellement le déséquilibre est profond. Ce n'est pas le seul problème que pose cette demande en croissance régulière : l'offre d'électricité, autrement dit la capacité installée est aujourd'hui presque "limite", en période de pointe bien entendue. Cette capacité est actuellement de 6 900 MW pour une demande en pointe maximale de 5 580 MW. Les professionnels du secteur parleront eux d'une marge de réserve qui se réduit. Et cet écart pourrait se réduire de manière plus importante lorsque la conjoncture économique sera redevenue plus favorable. Car, en ce moment, les activités hors agricoles sont en fort ralentissement, comme le montre la croissance du PIB de ce secteur, limitée à 1,9% sur le premier trimestre, selon les indicateurs publiés récemment par le Haut commissariat au plan (HCP). Les achats d'électricité ajoutent à la dégradation des finances extérieures Et si malgré tout nous n'assistons plus aux délestages comme ceux qui se pratiquaient dans les années 90, c'est grâce à la fois aux nouvelles installations mises en place (mais toujours insuffisantes) et aux achats d'électricité chez les voisins, en particulier chez les Espagnols via l'interconnexion. Ces dernières années, entre 15% et 20% de l'énergie nette appelée est importée. Certes, l'ONEE, ces dernières années, achète de l'électricité sur le marché spot espagnol par choix économique. Autrement dit, le kwh acheté revient moins cher que celui produit localement. Il n'empêche que, dans une conjoncture marquée par une baisse continue des réserves de devises, induisant une détérioration des finances extérieures, le recours à l'importation de l'électricité ajoute aux déséquilibres macroéconomiques qui préoccupent présentement les pouvoirs publics. Car, si le Maroc n'a pas d'autres choix pour l'instant que d'importer le pétrole, il n'est pas condamné en revanche à acheter de l'électricité, puisque celle-ci, contrairement au pétrole, peut être produite localement. A quel prix ? C'est une autre question. Sur les cinq premiers mois de 2013, et malgré une quasi-stagnation de la consommation, l'ONEE a acheté pour près de 1 milliard de DH d'électricité (-7,3% par rapport à mai 2012). Sur l'ensemble de l'année 2012, les achats d'électricité se montaient à 2,8 milliards de DH. La politique d'importation de l'électricité peut être intéressante en période d'excédents financiers externes, à condition toutefois que le parc national soit en mesure de se passer de l'importation pour satisfaire à tout moment la demande qui s'exprime. Car il peut arriver que les fournisseurs étrangers n'aient pas d'excédents à vendre (période de grand froid en Europe, par exemple) et dans ce cas les centrales locales doivent pouvoir prendre le relais. C'est la raison pour laquelle, dans la stratégie énergétique du Maroc, il est prévu de renforcer le parc électrique existant avec une capacité additionnelle de 5 200 MW entre 2012 et 2016 (voir encadré).