Pour sa troisième édition, l'escale littéraire du Sofitel Mogador d'Essaouira a reçu Tahar Ben Jelloun pour bavarder autour de son dernier roman, «Le Bonheur conjugal». Quand André Azoulay parle de Ben Jelloun, c'est avec toute l'éloquence qu'on lui connaît qu'il déclare : «Par la densité de son œuvre et par la capacité qu'il a eu d'intéresser des millions de lecteurs, Tahar a porté très loin le Maroc. Pas forcément pour l'aimer, mais au moins pour le respecter et le faire connaître». Evidemment, on ne présente pas Tahar Ben Jelloun. Néanmoins, on souligne quand on le peut que c'est un sacré personnage. Homme simple, souriant et accessible et, par moments, totalement évasif et détaché au point de l'indifférence. Comme perdu dans des pensées mystérieuses qu'on ne connaîtra jamais. C'est dans toute la romance d'un coucher de soleil souiri que je le rencontre à l'occasion de la troisième escale littéraire du tout beau, tout nouveau Sofitel d'Essaouira. Là, je me dois d'ouvrir une parenthèse qui n'a rien de littéraire : le lieu est simplement somptueux, magique et envoûtant. Aucunement pompeux et glacial façon hôtel de luxe. Simple, luxueux dans toute son élégance ! Comme l'exprime si bien son directeur, Daniel Karbownik : «L'hôtel n'est plus un lieu pour dormir et manger seulement, c'est un lieu de vie». Parenthèse fermée. Revenons donc à Tahar Ben Jelloun boudant Essaouira pendant quelque trente années, il plaide : «Ce n'est que le hasard de mes déplacements, c'est une ville merveilleuse et authentique qu'il faut absolument protéger et maintenir». Une œuvre où la femme est omniprésente Pour l'occasion, il présentait face à un parterre d'amoureux d'Essaouira, de son œuvre ou d'arts en général, son dernier roman Le Bonheur conjugal. Loin d'être un mode d'emploi technique, l'œuvre n'est qu'«un cas parmi d'autres !», une histoire d'amour un peu comme les autres qui sous la plume de Tahar Ben Jelloun devient un scalpel social et amoureux définissant les défis d'un couple, où l'homme, peintre excentrique, devient paraplégique et qui livre pendant une bonne partie du roman ses ressentis face à cette femme qui le malmène. Ce n'est qu'aux derniers chapitres qu'on découvre la force de caractère de cette épouse qui prend enfin la parole pour défendre ses droits. Une œuvre où la femme est omniprésente, à la fois témoin et accusée, soumise et dominante. De quoi nous faire perdre la raison : Ben Jelloun, un féministe défendant les droits de la femme traditionnelle ou un misogyne de la femme moderne et indépendante ? Peut-être les deux ! En tout cas, s'il n'a pas trouvé le secret du bonheur conjugal, il semble bien avoir trouvé une fontaine de jouvence dans son jardin. Autant de romans, un Goncourt, et pas une ride. Un secret ? «L'inspiration n'existe pas, moi je crois au travail».