Marrakech et Tanger affichent des baisses allant de 20% à 45% par rapport à il ya quelques années. Casablanca et Rabat ne sont pas épargnées, malgré un déficit en logements important. Le marché locatif est en nette régression dans de nombreuses villes du Maroc. Après que les prix à l'acquisition ont accusé un recul dans les principales villes touristiques, notamment Marrakech et Tanger, les loyers ont suivi la même tendance, quoique l'ampleur de la baisse diffère d'une ville à une autre. Même dans des les capitales administrative et économique du Royaume, qui affichent pourtant une demande importante, les loyers sont orientés à la baisse. A Fès, par contre, les prix sont restés plutôt stables, en raison du caractère spécifique de ce marché. Marrakech illustre très bien la tendance baissière du marché du locatif. D'abord, les prix à l'achat ont connu des contractions de 20% à 30% depuis l'avènement de la crise internationale. Ceci n'a pas manqué d'affecter le locatif, qui constitue une source de revenus très prisée par les propriétaires des biens immobiliers dans un contexte de mévente. Et pour cause, une offre qui dépasse largement la demande, justement à cause du stock de logements invendus réorientés vers la location. Par exemple, un appartement comprenant 2 chambres et un salon au quartier de Guéliz, qui se louait en 2008 entre 7 000 DH et 8 000 DH, se négocie actuellement à 4 500 DH ou 5 000 DH au mieux, ce qui représente un repli de 28% à 43%. Le même niveau de baisse a touché le quartier de l'hivernage où des appartements qui valaient il y a cinq ans 20 000 DH à la location sont proposés aujourd'hui à 12 000 DH. Le propriétaire d'une agence immobilière à Marrakech explique : «Il est clair que la tendance du locatif est baissière depuis 2008, sauf qu'on remarque depuis une année une certaine stabilisation des prix». Il faut dire que la flambée des prix qu'a connue cette ville au début des années 2000 a été impulsée par l'arrivée en masse des investisseurs étrangers en quête de bonnes affaires dans l'immobilier. Parallèlement, l'activité touristique, étrangère surtout, a propulsé les prix de l'immobilier à la hausse. Sauf qu'avec la crise de 2008, la demande sur l'immobilier s'est contractée, tirant ainsi à la baisse tant les prix de vente que ceux de la location. En revanche, précise notre source, «les prix de la location pour une courte durée, soit de quelques jours, n'ont pas subi la baisse relevée dans la location des biens immobiliers pour une longue période. Ils demeurent stables sur un niveau de 600 DH à 800 DH par jour dans ces principaux quartiers». Tanger affiche elle aussi des loyers en baisse. Après avoir connu une augmentation remarquable, stimulée essentiellement par la demande occasionnée par les projets Tanger Med et l'usine Renault, les prix se sont inscrits en repli dans certains quartiers centraux de la ville. Ils ont accusé une baisse de 20% en moyenne. Un agent immobilier tangérois précise que ce recul s'est accentué depuis mai dernier après une stagnation en début d'année. Et pour cause, une offre d'appartements qui ne trouve pas de contrepartie, vu que la demande s'estompe progressivement. A titre d'exemple, un appartement de moyen standing dans le quartier de Val Fleuri composé de deux chambres et un salon est proposé actuellement à 6 000 DH alors qu'il se louait au début de cette année à près de 8 000 DH. «Il est des cas où des appartements ont perdu presque la moitié de leur valeur à la location comme cet appartement en centre ville qui est passé de 10 000 DH à 5 500 DH au bout de deux années», illustre cet agent. Pour sa part, la location de courte durée garde le même niveau de prix, à savoir 500 à 700 DH par jour, mais a toutefois tendance à disparaître dans cette ville, car elle est largement concurrencée par les offres des hôtels. A contrario, les appartements économiques trouvent preneur rapidement et les prix demeurent stables sur ce segment. A Casablanca et Rabat également, les prix proposés à la location ont baissé de quelques points. Même si le déficit en logements est important dans ces deux villes et que la demande soit supérieure à la production, les prix commencent à se réguler car, il faut le dire, ils avaient atteint un niveau très élevé. Un agent immobilier à Casablanca a mis en location un appartement de 140 m2 au quartier Racine à Casablanca à un loyer mensuel de 12 000 DH récemment, alors que le prix se situait aux alentours de 14 000 DH en 2008 et 2009, soit une baisse de 14,2%. Les prix à la location à Fès n'ont pas vraiment changé Même constat à Rabat où un appartement de 120 m2 à Agdal est mis à la disposition d'un locataire à près de 10 000 DH alors qu'il se négociait un prix mensuel de 12 000 DH, voire 13 000 DH il y a quatre ans. Par contre, les prix à la location à Fès n'ont pas enregistré grand changement. Bien que les transactions ne connaissent pas une euphorie dans cette ville, en raison d'une demande qui s'essouffle, les loyers demeurent stables depuis quelques années. Ainsi, le prix à la location d'un appartement neuf sur la route de Sefrou de catégorie moyenne composée de deux chambres et d'un salon peut atteindre 7 000 DH contre 5 000 DH pour un ancien. Il faut noter que l'immobilier sur cette ville reste cantonné dans un marché domestique, où les prix n'obéissent pas forcément à une logique spéculative. Ceci a de ce fait contribué à préserver les prix à leur niveau initial. En tout cas, les professionnels du marché jugent ces niveaux de prix satisfaisants. Selon eux, le marché de la location est en train de s'orienter vers une moyenne raisonnable qui contribuera à redynamiser les transactions et équilibrer l'offre et la demande.