On glisse insidieusement vers une islamisation forcée, vers une restriction des libertés individuelles et surtout vers une scission au sein de la société, porteuse de haine. Sont-ce là les promesses électorales du PJD ? Personne ou presque ne veut en parler publiquement. On chuchote, on s'indigne, mais on se tait. Le leitmotiv : «On ne peut pas publiquement être contre. Nous sommes un pays musulman !». La cause de ces chuchotis qui ne s'assument pas : la proposition de loi faite par des députés PJD visant à interdire la publicité sur les boissons alcoolisées. Que dit ce texte ? Que «cette publicité porte atteinte aux fondements de l'Etat» (rien que ça !), «qu'il est interdit de faire de la publicité directe ou indirecte», qu'il est interdit d'exposer dans les vitrines, tribunes et foires, qu'il est interdit de faire connaître, promouvoir, les boissons alcoolisées. Où est le problème ? Il est dans le fait de se prévaloir, de manière basique et populaire, d'un statut de pays musulman pour prétendre apporter un début de solution à un problème complexe. Le Maroc est un pays où la production et la vente de boissons alcoolisées font partie de l'économie. Chaque jour, 1 million de bouteilles de bières, 120 000 bouteilles de vin, 10 400 whiskies, 4 500 vodkas, 1 500 gins, 1 800 mahias et 1 000 bouteilles de champagne sont consommés par des Marocains. Chaque jour, ce sont aussi des milliers d'employés qui vivent de la fabrication et distribution de ces produits dûment autorisés par l'Etat, qui paient leurs impôts et leurs charges. Chaque jour aussi rien qu'en TIC et en TVA les recettes provenant du secteur des alcools se chiffreront en 2012 à 6 MDH qui serviront entre autres à payer les salaires de ministres et -justement- honorables députés. Il convient alors de faire preuve de cohérence. Le Maroc n'a jamais eu de problèmes avec l'alcool dont la distribution est sévèrement réglementée. A suivre ce que dit le texte de loi, un producteur viticole ne pourra plus organiser une dégustation pour un client étranger. Un débit de boisson ne devrait avoir aucune bouteille sur son comptoir, un journal étranger se verrait interdit d'entrée sur le territoire pour raison de publicité pour l'alcool, un simple cendrier publicitaire, comme il en existe des milliers, vous expose à la prison… Plus concrètement, on attendait le PJD sur un autre registre, celui de ses promesses électorales, celui d'une société de l'égalité des chances, de la lutte contre la rente et la corruption, de la bonne gouvernance, de l'administration au service des citoyens. Au lieu de cela, on glisse insidieusement vers une islamisation forcée, alors que nous sommes déjà musulmans, vers une restriction des libertés individuelles sous couvert de morale et surtout vers une scission au sein de la société, porteuse de haine. Messieurs, nous n'avons pas voté pour ça. Il y a dol.