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Quand les syndicats deviennent une arme aux mains des partis
Publié dans La Vie éco le 25 - 05 - 2012

L'USFP vient de se réconcilier avec la CDT par FDT interposée. Le PJD fait appel à l'UNTM pour faire pression sur ses adversaires. Le PAM et le RNI lorgnent l'UMT.
Premier mai 2012, les syndicats offrent un spectacle pour le moins inédit. L'estrade montée par l'UMT, pour célébrer la Fête du travail, a réuni l'éventail politique dans sa diversité. Miloudi Moukharik, le secrétaire général de la centrale, est entouré de Salaheddine Mezouar, le président du RNI, Hassan Benaddi, l'ancien secrétaire général et ancien président du conseil national du PAM, Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS et deux ministres de son parti. Non loin, le meeting organisé par la FDT a rassemblé une grande partie de la direction de l'USFP, mais également le SG du Parti travailliste, Abdekarim Benatiq, entre autres. La manifestation organisée par l'UNTM, toujours à Casablanca, a vu la participation du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. L'ancien Premier ministre, Abbas El Fassi, secrétaire général de l'Istiqlal, a fait, lui, le déplacement à Fès pour participer au meeting de l'UGTM. C'est dire que le politique n'a jamais été aussi présent, du moins durant ces dernières années, dans cette manifestation purement syndicale.
Bien sûr, d'autres signaux ont suivi cette présence manifeste. Le lendemain, la presse de l'USFP consacre une couverture tout aussi inédite aux manifestations de la CDT. Une première, depuis que les deux organisations, l'USFP et la CDT, ont rompu les liens en 2001. Ce qui n'était qu'un signal s'est transformé, un peu plus de deux semaines plus tard, en un accord historique de coordination entre la CDT et la FDT, centrale affidée à l'USFP. «Ce n'est pas une initiative conjoncturelle, c'est un accord stratégique entre les deux syndicats. Et la première initiative des deux centrales (NDLR : une marche nationale commune le 27 mai à Casablanca) ne sera pas la seule, elle sera suivie par bien d'autres», affirme Abdeslam Khairate, secrétaire général adjoint de la FDT. En ce sens, les dirigeants des deux syndicats, Noubir Amaoui et Abderrahmane Azzouzi, ont même parlé, mardi 22 mai lors d'une conférence de presse, de l'éventualité, à terme, d'une réunification, cela va de soi, sous l'œil bienveillant de l'USFP.
Bien que la FDT continue à clamer son «indépendance», il s'agit, à ne pas s'y méprendre, d'un accord entre l'USFP et la CDT. Les deux y trouvent d'ailleurs leur compte : la CDT peut de nouveau s'appuyer sur un grand parti, quoique traversant actuellement des moments difficiles, et l'USFP est, depuis qu'elle a rejoint l'opposition, à la recherche d'un puissant relais syndical à même de réconcilier le parti avec sa base populaire. Qu'en est-il des autres centrales syndicales et formations politiques ?
L'UMT séduit l'opposition et la majorité
L'UMT est devenue l'objet de convoitises d'au moins trois formations politiques, le RNI, le PAM pour l'opposition et le PPS pour la majorité. Ce qui rend sa situation quelque peu délicate. Là encore, les multiples signaux qui émanent de part et d'autre ces derniers mois sont éloquents. Début février, la direction de l'UMT a tenu à être présente à la cérémonie d'ouverture du congrès du PAM à Bouznika. Elle a fait de même, moins de deux mois plus tard, en se rendant au congrès du RNI, fin avril dernier, au complexe Moulay Abdellah à Rabat. Cet échange d'amabilité entre les deux camps explique-il la décision du syndicat de mettre fin à la tentative de radicalisation de l'intérieur entamée par les militants d'Annahj (extrême gauche) depuis le dernier congrès de la centrale ? Difficile de l'affirmer ou de le confirmer. N'empêche, l'UMT a décidé de dissoudre la fédération régionale de Rabat et de radier trois membres du secrétariat national, Abdelhamid Amine, Khadija El Ghamiri et Abderrazak El Idrissi, également membres dirigeants d'Annahj. «Il faut rappeler, explique Mohamed Hakech, secrétaire général de la Fédération nationale de l'agriculture, FNA-UMT, que vers fin 2010, on a même parlé d'un rapprochement stratégique entre le PAM et l'UMT. Il ne faut pas non plus oublier que l'UMT et le PPS étaient très proches. Ils ont même mis au point une feuille de route pour leurs actions à venir».
Par contre, entre le PAM et l'UMT les choses n'ont pas dépassé le stade des intentions. Mais ce parti n'a jamais, pour autant, renoncé à se doter d'un prolongement syndical. L'éphémère alliance du G8 dans laquelle il côtoyait le Parti socialiste, et par conséquent son bras syndical l'ODT, devait lui en offrir l'occasion. Aujourd'hui, explique Mustapha Merizak, membre du conseil national du parti et secrétaire régional de Meknès, «le projet de doter le parti d'un prolongement syndical est toujours d'actualité. Sauf que le conseil national est partagé sur ce point. Une tendance est pour un rapprochement avec un syndicat déjà existant, l'UMT par exemple, une autre est pour la mise en place d'une nouvelle centrale. Mais rien n'est encore décidé. Une commission du conseil national devrait plancher sur la question dans les jours à venir». Le RNI caresse, à peu de choses près, le même projet.
Or, il ne faut pas oublier une réalité, affirme le politologue Mohamed Darif, «l'UMT a toujours veillé à rester loin des partis politiques. Il n'est donc pas évident qu'un parti cherche à se renforcer en se rapprochant de cette centrale. Cela d'autant que le syndicat a déjà vécu une expérience en ce sens avec l'UC. A une certaine époque, feu Mahjoub Benseddik, alors puissant patron du syndicat, demandait à ses militants de voter pour l'UC. (Ndlr : l'actuel secrétaire général de l'UC, Mohamed Abied était, lui-même un haut cadre de l'UMT). Mais l'expérience a tourné court. Il semble peu probable que le RNI ou le PAM puissent réussir là où l'UC a échoué». Les deux formations, qui ont toutes les deux opté pour la démocratie sociale comme idéologie politique, peuvent toutefois, reconnaît-il, bénéficier du soutien de la centrale de Miloudi Moukharik. L'inverse est tout aussi vrai. L'UMT, ne disposant pas, pour le moment, de groupe parlementaire à la deuxième Chambre a besoin d'un canal partisan pour appuyer des positions quand le gouvernement se décidera, ce dont il a l'intention, de présenter les projets de loi sur la grève, les syndicats et la retraite.
Schématiquement, abstraction faite du cas du PPS dont les militants évoluent également au sein de la FDT, trois des cinq centrales les plus représentatives, la CDT, la FDT et, dans une certaine mesure l'UMT, peuvent être considérées comme proches des partis de l'opposition. L'USFP, le PAM et le RNI en l'occurrence. Qu'en est-il du gouvernement ? Les liens entre partis et syndicats ne sont plus à démontrer. Mohamed Yatime, secrétaire général de l'UNTM, est également membre du secrétariat national du PJD et député du même parti à la première Chambre. De même pour Hamid Chabat, secrétaire général de l'UGTM, qui est à la fois député et membre du comité exécutif de l'Istiqlal. L'UGTM étant considérée depuis toujours comme organe parallèle de l'Istiqlal alors que l'UNTM et le PJD ont signé il y a quelques années un accord stratégique qui définit leurs rapports. Ceci d'une part. D'autre part, les deux centrales, l'UGTM et l'UNTM, ont conclu en juin 2010 un accord de coopération, «vu le rapprochement de leur référentiel et leurs objectifs ainsi que leur vision et leur analyse de la situation», précisent-ils dans ce document. «Cet accord a été dépassé plus tard, explique Abdelilah Hallouti, secrétaire général adjoint de l'UNTM, avec la conclusion d'une entente entre trois centrales, l'UNTM, l'UGTM et la FDT». Mais rien n'empêche sa remise à jour vu que le troisième partenaire, la FDT, se trouve désormais dans le camp adverse.
Les élections, la loi sur la grève… vont chauffer l'atmosphère
Naturellement, aucune des deux centrales, l'UNTM et l'UGTM, n'a intérêt à accorder un soutien inconditionnel au gouvernement, observe le politologue Mohamed Darif. «Nous avons tenu à garder une distance respectable avec le gouvernement. Nous allons le soutenir quand il y a un intérêt. Autrement, c'est selon les intérêts de nos militants», confirme Abdelilah Hallouti. Il avance d'ailleurs certains dossiers, comme la loi sur la grève, la loi organique des syndicats et la loi relative à la retraite sur laquelle son syndicat ne partage pas forcément la vision du gouvernement.
Globalement, si les partis ont besoin des syndicats pour assurer une présence auprès de la classe ouvrière et des couches populaires, les syndicats peuvent également bénéficier de l'appui de ces mêmes partis pour défendre leurs intérêts aussi bien au Parlement qu'auprès du gouvernement. La conjoncture actuelle accentue un peu plus cette donne.
La FDT, mais aussi l'UNTM, nous offrent encore une fois l'exemple de cette corrélation. Le syndicat affidé à l'USFP a proposé un amendement portant création d'un impôt sur la fortune lors du débat, dans la deuxième Chambre, de la Loi de finances. L'USFP saute sur l'occasion et critique sévèrement le gouvernement qui s'oppose à cette mesure. La majorité a pu, via le groupe istiqlalien, sauver la mise à l'Exécutif à la dernière minute en proposant un contre-amendement.
Autre exemple de ces accointances politico-syndicales, le PJD qui n'a toujours pas digéré le fait que des responsables des deux télévisions nationales se soient exprimés contre les cahiers des charges du ministère de la communication vient de rendre la monnaie aux responsables de la SNRT. Son antenne syndicale fraîchement créée au sein de la SNRT vient d'organiser, le 20 mai dernier, une rencontre dédiée aux conditions de travail dans le pôle public. Les différents intervenants ont dressé une situation pour le moins catastrophique de travail au sein de la SNRT. Autre exemple, qui date, lui, de l'ancien gouvernement : en 2008, la CDT avait décrété une grève générale le 21 mars alors que l'UGTM a appelé à en faire une journée nationale du travail. Ne parlons pas de l'implication récente du syndicat UGTM dans un procès qui concerne le fils de son patron.
Bref, la promulgation de la nouvelle Constitution avec les attributions expresses qu'elle accorde aux syndicats a encouragé ce rapprochement entre partis politiques et syndicats. L'accès du PJD au gouvernement a, par la suite, agi comme catalyseur pour le concrétiser. L'approche des élections n'est pas, non plus, étrangère à ce remue-ménage. Les élections professionnelles d'abord, qui donnent accès à la deuxième Chambre dans laquelle le PJD est faiblement représenté, et les élections locales et régionales, ensuite, où le tandem parti-syndicat pourrait jouer un rôle décisif surtout pour l'opposition.


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