C'est à nos confrères de Madar21 que le Chef de gouvernement a accordé l'exclusivité d'une interview au lendemain du remaniement ministériel. Verbatim. Suivez La Vie éco sur Telegram Au cours d'un entretien filmé d'environ 30 minutes, Aziz Akhannouch a expliqué la logique ayant prévalu pour cette recomposition de l'équipe gouvernementale, tout en réagissant aux questions d'actualité. Morceaux choisis de thématiques. Remaniement ministériel «Ce remaniement intervient après trois années de stabilité du gouvernement durant lesquelles tous les ministres ont travaillé avec sérieux et abnégation. Pendant cette période, nous étions dans une démarche consistant à élaborer des plans d'action et à les mettre en œuvre. Maintenant, à moins de deux années des échéances législatives, il nous faut accélérer la cadence pour la réalisation des programmes royaux, dont les chantiers sociaux qui sont d'une importance majeure, de même que pour les chantiers économiques, ainsi que les réformes qui doivent être mises en œuvre dans les meilleures conditions.» «Au moment où nous avons établi le bilan de mi-mandat, en faisant le constat de grandes réalisations engrangées, nous avons estimé nécessaire de revoir la physionomie du gouvernement en vue de donner un nouveau souffle à l'action de l'Exécutif, avec un rythme plus soutenu.» «Il s'agit d'un remaniement assez conséquent avec pas moins de 14 ministres, qui sont des figures politiques d'envergure occupant des rôles de premier plan dans leurs structures partisanes. Ou encore d'autres qui ont des responsabilités dans les fédérations relevant de leur secteur d'activité. Donc, des profils capables de porter le message de l'Exécutif et de l'action qu'il mène auprès des citoyens.» «Pour certains nouveaux visages, notamment appartenant au RNI, il s'agit d'un ensemble de messages à l'endroit des jeunes avec Lahcen Saâdi, des Marocains du monde avec Karim Zidane, ou encore le monde des affaires avec Mohamed Saad Berrada. Trois profils dont chacun a son vécu, son expertise et qui peuvent apporter beaucoup à l'action gouvernementale.» «Contrairement à ce qui se dit, le gouvernement n'a jamais manqué de compétences. Pour preuve, la vitesse avec laquelle nous avons pu mettre en œuvre les grands chantiers de la généralisation de la couverture médicale, l'opérationnalisation de l'aide directe ou encore l'entrée en vigueur du soutien au logement, la réforme de la Santé, celle de l'Education nationale, les écoles pionnières. Si ces chantiers sont menés, c'est grâce aux cadres qui étaient en mesure de les piloter dans les plus brefs délais. Et nous allons continuer avec la même détermination pour parachever ces chantiers.» Pouvoir d'achat «Pour ce qui est du pouvoir d'achat, il ne faut pas oublier que nous avons subi deux années sous le signe d'une inflation galopante, dont le taux oscillait entre 6 et 10%. Pourtant, à la faveur de l'action du gouvernement, nous avons pu la circonscrire. Et nous en sommes actuellement à un taux de 1,2%, soit moins que ce qui a été enregistré avant 2019. Et ce, malgré les contraintes objectives, dont le stress hydrique qui a un impact direct sur la production agricole et l'état du cheptel. Malgré ces problématiques, nous avons lancé des programmes porteurs, dont la levée des droits de douane sur l'importation des viandes rouges. Nous avons acté des mesures d'accompagnement des éleveurs pour reconstituer leur cheptel. Avec davantage de précipitations, tout ira pour le mieux, que ce soit pour l'agriculture, les prix des produits alimentaires, etc.» La création d'emplois «Pour la question de l'emploi, considéré comme une priorité pour cette seconde moitié du mandat, la désignation d'un secrétaire d'Etat pour ce département est un signal fort. De même que nous avons un programme dédié de 14 milliards de dirhams qui seront consacrés à l'accompagnement des jeunes, notamment en relation avec l'apprentissage. Il y a également des programmes d'investissement induits par la Charte de l'investissement. Ce qui sera de nature à créer davantage d'opportunités de postes de travail.» «Il y a aujourd'hui une dynamique économique prometteuse qu'il va falloir non seulement préserver, mais consolider en vue de combler le déficit en matière d'emploi.» Facultés de médecine «S'agissant de la crise dans les facultés de médecine, la porte du dialogue reste ouverte et les deux nouveaux ministres de l'Enseignement supérieur et de la Santé sont prêts à recevoir les étudiants pour les écouter. Mais, l'écoute doit être des deux côtés. J'ai bien peur que ce ne soit la dernière chance, parce qu'à un moment donné l'Etat devra prendre des décisions. J'espère que les étudiants saisissent cette dernière opportunité pour sortir de ce tunnel. Je reste optimiste quant à l'issue de cette crise.» Loi sur la grève «Pour la loi sur la grève, il s'agit d'une garantie aussi pour la promotion de l'investissement créateur d'emploi. Alors que ce texte s'est éternisé pendant 15 ans au Parlement, et après les réunions qu'a eues le ministre de tutelle avec les centrales, des amendements y ont été apportés. Maintenant, l'espoir est qu'il y aura, au niveau du Parlement, des débats constructifs autour d'une loi qui n'est pas censée protéger l'employeur, mais toutes les parties prenantes, en particulier les employés. Les syndicats vont y trouver leur compte. Et il est nécessaire, malgré certains tiraillements, de parvenir à un accord dans les plus brefs délais. Parce qu'il y va de l'intérêt de l'entreprise, de l'employé et, au-delà, de l'économie nationale.» Le dossier des retraites «La réforme des régimes de retraite concerne tout le monde, syndicats, employeurs, employés, fonctionnaires et l'Etat. Si on ne fait rien, on va droit dans le mur. Il faut une réforme radicale, consensuelle avec les partenaires. L'objectif est que l'on puisse préserver le système de retraite. L'espoir est que, une fois qu'on aura réglé le dossier de la loi sur la grève, on puisse ouvrir le chantier de la réforme de la retraite.»