La réforme prônée par le département de l'Enseignement relative à la formation médicale porte en elle des leviers d'amélioration. Pourtant, les étudiants protestataires campent sur leurs « positions de principe ». Celles du « rejet ». Les éclairages du doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie d'Oujda. Suivez La Vie éco sur Telegram Tout porte à croire que le «niet» opposé à toutes les propositions du ministère de l'Enseignement supérieur pour sortir de la crise que traversent les facultés de médecine est l'unique réponse que les étudiants brandissent à chaque fois. Toujours est-il que malgré cette situation d'impasse, «les chances de dénouer cette situation sont toujours là», nous dit, sur un ton optimiste, le professeur Khalid Serraj El Andaloussi, doyen de la faculté de médecine d'Oujda. Notamment, sur fond de la médiation menée, depuis quelque temps, par le Médiateur du Royaume. Pour le doyen, au-delà de «la logique du vainqueur-vaincu» pour laquelle les étudiants ayant pris les devants ont opté, «on n'est pas dans une confrontation», mais dans «une démarche de convaincant-convaincu». Or, souligne-t-il, «si les deux parties arrivent à se convaincre mutuellement, tout le monde en aura pour son compte et, in fine, le pays en sortira gagnant au-delà de ces vicissitudes.» Il n'en demeure pas moins qu'il y a encore des efforts d'explication, à l'adresse de l'opinion publique notamment, à faire en vue d'expliciter les tenants et les aboutissants de la réforme et la plus-value qu'elle apporte pour la formation médicale. D'autant plus que cette réforme répond à plusieurs impératifs. D'abord, celui de l'augmentation du nombre de médecins en vue de répondre aux besoins grandissants de la population, sur fond de généralisation de la couverture sanitaire. Mais, loin de ce qui circule dans les médias ou encore sur les réseaux sociaux, la réduction de la durée de la formation ne vise pas essentiellement cet objectif, tient à préciser Serraj El Andaloussi. Sachant que l'augmentation du nombre de lauréats, «qui sera menée de manière réfléchie», a fait l'objet d'un contrat-programme entre le département de tutelle et les facultés de médecine, avec des moyens conséquents pour réussir le pari. Aussi, la réforme prônée vise l'élargissement des terrains des stages, avec une feuille de route claire au niveau des établissements facultaires et hospitaliers. Dans cette même dynamique, on ne peut pas ne pas parler de la réhabilitation totale, autant quantitativement que qualitativement, de ces établissements en vue de relever le défi. De même qu'il fallait s'attaquer à un certain nombre de dysfonctionnements pédagogiques. À commencer par la formation elle-même, qui était essentiellement basée sur l'apprentissage. Pour y remédier, la réforme, tout en gardant l'apprentissage, vise un cursus raisonné basé sur la compréhension, l'assimilation, la simulation médicale, ainsi que la mise en situation, explique le doyen. L'objectif étant, on l'aurait saisi, de permettre à l'étudiant futur médecin d'être mieux armé pour la prise en charge des patients. L'autre dysfonctionnement auquel la réforme s'est attaquée, c'est la suppression de la 7e année que Serraj El Andaloussi assimile à «une année perdue», voire «un danger pédagogique» qui fait perdre à l'étudiant tous les acquis qu'il aurait cumulés durant les six premières années de sa formation. Il est à noter, en outre, que cette suppression sera comblée à travers le renforcement de la 6e année de telle sorte qu'elle soit plus consistante sans que cela se traduise par une surcharge excessive du cursus. L'autre souci qu'évoque notre interlocuteur est celui relatif à l'absence d'enseignements transversaux, notamment en matière de soft skills ou encore des langues. Chose à laquelle la réforme répond en faisant des parties intégrantes du cursus. Il faut relever, par ailleurs, que s'agissant de «la 7e année de la discorde» sur laquelle les étudiants font une fixation, le doyen expose la proposition de solution qu'il qualifie de «simple et pragmatique», qui consiste à ce que cette 7e année soit sous forme de stages volontaires de trois mois renouvelables quatre fois et dans différents services. Avec, en prime, une rémunération et une reconnaissance par l'établissement. Il incombera dès lors à l'étudiant de choisir lui-même entre 6 et 7 ans ! Il y a donc là deux options qui restent au choix de l'étudiant. Surtout, relève Pr Serraj El Andaloussi, que tous les étudiants ne sont pas contre la nouvelle configuration. À moins que la surenchère ne soit une fin en soi, ces pistes devraient être considérées porteuses d'un plus pour améliorer la formation.