Mes managers sont en plein dans l'opérationnel, et ce, en permanence. J'aimerais qu'ils jouent pleinement leur rôle de manager qui consiste justement à se dégager de l'opérationnel pour pouvoir prendre du recul et donner une dimension d'anticipation et de stratégie à leurs fonctions. Lorsque je leur fais la remarque, ils me répondent qu'ils n'ont pas le choix, qu'il y a trop de travail, que leurs équipes sont débordées ou qu'elles ne sont pas compétentes. Mais c'est à eux d'organiser le travail de manière à ce qu'ils soient plus en retrait ! Et si vos managers avaient raison ? Il y a en effet une grande différence entre «savoir» et «pouvoir». En effet, vos managers sont peut-être capables de prendre du recul et d'entamer une réflexion stratégique sur leurs départements mais ils ne peuvent pas le faire car ils n'en ont tout simplement pas le temps. Et, effectivement, cela peut venir d'une charge de travail trop importante ou d'une équipe pas assez performante. Si vous n'écoutez pas leurs arguments et que vous les ignorez en maintenant vos positions, vous risquez tout simplement d'avoir à affronter un rejet massif ! Ainsi, le directeur commercial de cette entreprise peut en témoigner : «J'avais des objectifs hallucinants et une pression très difficile à gérer. Mais quand j'examinais les chiffres à atteindre et le niveau de mon équipe, je savais que la partie était perdue d'avance. En effet, la direction générale ne dégageait pas des budgets suffisants pour recruter de véritables commerciaux aussi, comme disent les Américains, if you pay peanuts you get monkeyê (jeu de mots : Si vous payez peu, vous obtenez encore moins). Aussi, j'ai été obligé de me retrousser les manches et de passer ma vie sur le terrain. Lorsque mon supérieur m'en a fait le reproche sans vouloir écouter mes arguments, j'ai ressenti une telle frustration que j'ai fini par quitter l'entreprise». Gain de temps Commencez d'abord par vous remettre en question et examinez le fait que vous pourriez bien vous aussi être à l'origine du problème. D'abord, par rapport aux objectifs que vous leur fixez. Je sais bien que la «règle en entreprise» est de toujours vouloir «voler plus haut», mais il faut être réaliste : l'êtes-vous ? Enfin, multipliez-vous les réunions…le vendredi…à 19h ? Avez-vous tendance durant ces réunions à «dépasser» le timing ou à évoquer des sujets qui n'étaient pas à l'ordre du jour ? Si c'est le cas, rappelez-vous que chaque minute superflue dépensée en réunion aurait certainement pu être dédiée plus efficacement par vos managers. Et les reportings ? Avez-vous tendance à leur demander de remplir une demi-douzaine de «fichier Excel» sans réel intérêt si ce n'est leur niveau de consommation de temps ? Votre rôle est celui d'un facilitateur/orientateur, ne le perdez pas de vue, aussi assurez-vous que vous ne représentez pas pour eux le «voleur de temps n°1» ! Coachez les coachs Si vous êtes certains que c'est une véritable problématique «managériale» et que la quantité de travail est «raisonnable», alors à vous d'aider vos managers à mieux répartir et déléguer le travail. Maintenant, il existe aussi le profil du manager qui ne sait pas prendre du recul. Mais c'est la plupart du temps, parce que 100% de son expérience passée consistait à exécuter et non à orienter. Aussi, ne vous étonnez pas que certains de vos managers se réfugient (même inconsciemment) dans leur zone de confort, c'est-à-dire l'opérationnel. Dans ce cas, c'est à vous d'entrer en scène. Car si vous vous contentez à longueur de journée de leur demander de «prendre du recul», vous occultez une part nodale qui est le «comment». A vous donc de les amener à réfléchir différemment, avec plus d'anticipation mais aussi de projection dans l'avenir. Vous pourriez par exemple mener un exercice de visionning avec eux pour les aider à structurer leurs réflexions à ce sujet. Commencez par travailler à la vision de l'entreprise dans sa globalité puis déclinez cette vision par direction. Cela vous permettra peut-être de «juger» vos managers différemment et de vous apercevoir qu'ils savent prendre du recul, peut-être mieux que vous…