Selon la Fédération des matériaux de construction, la relance du logement social n'a pas encore produit les effets escomptés. Poussée par l'auto-construction, la consommation de sable et de ciment s'est redressée. Reprise plus molle des ventes de briques, d'acier et de céramique sur un marché perturbé par la surabondance de l'offre. Longtemps attendue pour déclencher la reprise sur le marché des matériaux de construction, la relance du logement social sur les premiers mois de l'année n'a que partiellement tenu ses promesses. «La reprise sur ce segment n'a profité qu'à certaines filières», indique David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC). Pour comprendre le caractère déterminant des projets de logements pour les ventes de matériaux de construction il y a lieu de préciser qu'ils consomment 70% de ces matériaux quand les chantiers étatiques n'en absorbent que 30%, d'après les chiffres de la fédération. 50% des opérateurs dans le secteur du sable sont dans l'informel Le ciment enregistre les progressions d'activité les plus marquantes. Ce matériau voit ses volumes de ventes croître de 7,5% à fin avril, d'après les dernières statistiques de l'Association des professionnels du ciment (APC). «La progression est notable par rapport à 2010, où l'on observait à la même période une baisse nette de la consommation», relève Ahmed Bouhaouli, directeur délégué de l'APC. «Le volume mensuel moyen tourne depuis le début de l'année en cours autour de 1,5 million de tonnes, ce qui marque un record depuis octobre 2009», insiste M. Bouhaouli. Mais plus que la reprise du logement social, les professionnels du ciment attribuent cette redynamisation de l'activité aux déblocages des autorisations pour les auto-constructions (constructions par les particuliers de leur propre logement) depuis le début de l'année. Toutefois, anticipe M.Bouhaouli, «l'effet de la reprise du logement social devrait être plus manifeste à compter de juin et, combiné à la reprise de l'auto-construction, il devrait entraîner une croissance plus affirmée des ventes». Fortement corrélé aux écoulements de ciment, le sable voit lui aussi ses ventes progresser d'un peu plus de 7 %, selon Hassan Jaï, président de l'Association des professionnels du sable, «bien qu'il soit difficile de se prononcer sur l'ensemble du secteur en raison du fait que 50 % de ses opérateurs exercent dans l'informel», tempère-t-il. Pour ce matériau, la redynamisation du logement social justifie quasi exclusivement l'embellie constatée, qui a commencé à se manifester depuis octobre dernier, selon les professionnels du secteur. En outre, les fournisseurs de sable disposent d'une plus large marge de manœuvre pour négocier leurs achats. Ceux-ci s'opéraient, jusqu'à très récemment, essentiellement au forfait, mais grâce à l'entrée en vigueur du nouveau code de la route (qui impose au transporteur de préciser le tonnage transporté sur le bon de livraison), l'achat au mètre cube se généralise peu à peu. Le prix du mètre cube de sable se négocie actuellement entre 200 et 250 DH, transport et marge d'intermédiaire compris. La reprise de l'activité est en revanche plus molle pour le secteur de la briqueterie. Le problème pour cette filière est que «de nouveaux arrivants sont venus élargir l'offre sur les derniers mois, alors qu'en même temps la demande est pratiquement à l'arrêt depuis 18 mois», explique M. Toledano. Ce à quoi s'ajoutent d'importants investissements réalisés par les opérateurs installés pour augmenter les capacités de production. Résultat: le prix de la brique continue de chuter. Son prix à l'unité s'établit actuellement à 1,20 DH, transport compris, selon M. Toledano, alors qu'on en était à 1,80 DH début 2010. Le secteur de l'acier est confronté à la même problématique avec l'arrivée de plusieurs aciéries ces derniers mois, à ceci près que la demande ne reprend pas encore franchement le chemin de la hausse. Selon les professionnels, l'activité s'est bien comportée en janvier, avant de rechuter en février pour se reprendre légèrement en mars. Les ventes de marbre stagnent sur fond de maux structurels S'agissant de la céramique, «le marché reprend, surtout pour ce qui est du moyen de gamme», informe M. Toledano. Cependant, il ne pourra pas tout absorber, surtout que les importations se sont remises à tourner à plein régime avec la levée, fin 2010, des mesures de sauvegarde (quotas et droits de douane additionnels sur les importations). A ce titre, depuis l'entame de 2011 jusqu'au 23 février dernier, les importateurs de carreaux en céramique ont déclaré leur intention d'importer 8 millions de mètres carrés, d'après les chiffres communiqués par le ministère du commerce extérieur, soit quatre fois plus le volume importé à la même période de l'année passée. Une chose est sûre dans ce contexte : les prix pour la production nationale devraient rester inchangés, la filière locale étant énergivore (l'énergie pèse en effet 40% du coût de production selon les professionnels). Pour le marbre, les ventes stagnent sur les premiers mois de l'année par rapport à 2010, selon David Toledano. C'est une situation qui devrait persister en 2011 avec une consommation de l'ordre de 600 000 tonnes, dont 200 000 tonnes produites localement. Le plus inquiétant dans tout cela est que la qualité fait défaut. «Le produit d'importation qui inonde le marché local est rarement de premier choix», affirme le président de la FMC. En réaction, la fédération œuvre pour une montée en régime de la filière locale. Dans ce sillage, un partenariat vient d'être signé entre le Centre technique des matériaux de construction (Cetemco) et son homologue espagnol pour favoriser la R&D au niveau de la filière locale du marbre. Restera à pallier la désorganisation qui continue de grever le secteur en raison notamment du retard de la mise en place de la loi sur l'exploitation de carrières.