Après une année 2009 catastrophique et la stagnation de 2010, les recrutements reprennent. La crise n'a cependant pas affecté les salaires qui restent élevés sous la pression de la pénurie. Après une année d'accalmie, le secteur des technologies de l'information et des communications semble renouer avec la dynamique. «L'année 2010 a été plus ou moins morose, mais on est loin de 2009 qui a été catastrophique pour beaucoup d'entreprises», souligne Hicham Lakhmiri, Dg du portail de recrutement Amaljob. Le secteur, qui a subi la crise durant ces deux dernières années, semble reprendre rapidement. Le Dg d'Amaljob tient à rappeler toutefois que «les annonces de recrutement opérées par les éditeurs et SSII ne signifient pas nécessairement des créations nettes d'emplois. Elles peuvent couvrir, particulièrement en ce moment d'ailleurs, un besoin de répondre à une élévation du taux de turn-over». Pour Abdelali Fahim, Dg du cabinet Intelligia, une autre tendance est également à constater. «Durant ces deux dernières années, nous avons pu constater une réelle concurrence de la part des groupes offshore étrangers sur lesquels beaucoup de candidats se sont rués. Ce qui est nouveau, c'est que ces mêmes candidats reviennent pour travailler dans des SSII marocaines. Le principal motif est que les PME leur ouvrent de nouveaux horizons qu'ils n'ont pas pu trouver ailleurs», dit-il. L'effet de mode a fait son effet en quelque sorte. Pour l'année 2011, la recherche est toujours accentuée sur les profils pointus et expérimentés. Si la demande concerne principalement les ingénieurs informaticiens et les ingénieurs télécoms, il n'en demeure pas moins que d'autres profils plus pointus intéressent les entreprises. On peut citer notamment les experts en sécurité des SI, les architectes de systèmes d'information, urbanistes des SI ainsi que les développeurs Dot Net et Java. «Les ingénieurs commerciaux et ingénieurs avant-vente sont des profils actuellement bien recherchés par les entreprises. Mettre la main sur un ingénieur d'affaires venu d'une société concurrente leur permet d'obtenir un portefeuille de clients clés en main et de gagner à la fois en temps et en business», souligne également M. Lakhmiri. De manière générale, les profils de type Bac+5 en informatique avec 3 ans d'expérience minimum n'ont aucune raison de s'inquiéter sur les possibilités de recrutement. Un chef de projet senior peut coûter jusqu'à 30 000 DH Si la conjoncture est nettement plus favorable pour certains, le marché de l'emploi y reste tendu notamment pour les jeunes diplômés. Pour Abdelali Fahim, «on reçoit toujours une masse de candidatures de jeunes fraîchement diplômés qui s'avèrent malheureusement peu opérationnels. Beaucoup de candidats manquent de qualités comportementales». Les entreprises sont également confrontées à un phénomène de CV «biaisés». Les jeunes candidats essaient de mettre en valeur dans leurs cv des références liées à des technologies en vogue et très prisées tels que le Java/J2EE et Oracle 10g. Or, lors des entretiens, il s'avère que leurs connaissances sont basiques avec un niveau débutant. Question salaire, la surenchère est toujours d'actualité surtout pour les profils pointus. Selon le Dg d'Amaljob, il n'y a pas de baisse. «Malgré l'accalmie de 2009 et 2010, les salaires continuent d'être importants. On voit des candidats se faire recruter aux mêmes salaires qu'ils touchaient auparavant», fait-il remarquer. Ainsi, il faut compter un salaire de 15 000 DH nets pour un ingénieur expérimenté (trois ans minimum). Un chef de projet senior peut coûter jusqu'à 30 000 DH. Ce problème de surenchère se pose surtout pour les PME, selon Abdelali Fahim, qui ne peuvent s'aligner sur ces salaires. Selon lui, elles se contentent pour l'essentiel des titulaires d'un diplôme équivalent à un Bac+2.