Chaque marocain est censé détenir 8780 DH en liquide. La demande pour les coupures de 100 DH et 200 DH est animée par d'autres motifs que ceux transactionnels. Suivez La Vie éco sur Telegram Les marocains ont un lien fort avec le cash. La demande de l'argent liquide connait toujours un dynamisme soutenu. En effet, la croissance annuelle moyenne de la monnaie fiduciaire, durant les deux dernières décennies est de 8%, soit le double du taux de croissance moyen du PIB sur cette même période. C'est ce que révèlent des chercheurs de Bank Al-Maghrib, dans une récente étude intitulée: «Estimation du cash non transactionnel». Comme dans le reste du monde, l'incertitude liée à la crise du covid-19 a été à l'origine d'une hausse spectaculaire et brusque de la demande de cash (+20% en 2020), même si les possibilités d'utiliser le cash dans le cadre de transactions courantes aient été drastiquement réduites par les mois de confinements et de restrictions multiples. Autrement dit, le Maroc représente un des pays où le poids de la circulation fiduciaire dans le PIB est parmi les plus élevés du monde. Cette dernière a représenté 27% en 2021. Ce qui correspond à une situation où chaque habitant marocain est censé être en possession d'un montant cash de 8780 DH. Il faut dire que par coupure, la demande pour la plus large, soit 200 DH a fortement progressé durant les dernières. En effet, le billet de 200 DH représente 75% du total de la fiduciaire en 2022, contre seulement 47% en 2000. En fait, les chercheurs qui se basent sur des méthodes empiriques pour estimer le cash caché et celui utilisé précisent que l'intuition de ces méthodes repose sur l'idée que les petites coupures sont essentiellement utilisées pour motif de transaction, alors que les grandes sont détenues pour d'autres motifs, par exemple de précaution ou de spéculation. D'ailleurs, une corrélation intéressante existe entre les taux d'intérêt et la demande sur le cash. Dans le document, l'on constate que la hausse du taux d'intérêt créditeur a un effet négatif et fortement significatif sur la demande pour les grandes coupures, contrairement aux petites coupures. Ainsi, une hausse de 1% des taux d'intérêt créditeurs se traduit par une baisse de la demande pour les larges coupures de l'ordre de 0,3% alors qu'elle n'aurait pas d'effet sur la demande pour les coupures de transaction. Ce qui conforte l'idée d'une demande pour les coupures de 100 DH et 200 DH animée par d'autres motifs que ceux transactionnels. Par ailleurs, «la part des billets de 100 et de 200 DH détenue pour des motifs non transactionnels aurait progressé fortement depuis le début du millénaire et fluctuerait entre 60% et 80% de leur valeur en 2021 ». En plus clair, 60 à 80% du cash détenu par les marocains, composé essentiellement des grandes coupures, n'est pas utilisé dans les transactions quotidiennes.