Après coup de Mr Et-Tayeb Houdaifa. Je l'ai vu, de mes propres yeux vu ; vous-mêmes l'aviez sûrement remarqué, tant il ne passait pas inaperçu. Mais de qui s'agit-il ? De Bensalem Himmich, notre peu visible ministre de la culture. Il était là, lors de l'ouverture du Festival international du film de Marrakech, rayonnant, jubilant, avenant. Les photographes, qui n'en croyaient pas leurs yeux de le voir en chair et en os, le mitraillaient à merci ; les journalistes, un instant surpris, recueillaient avec ferveur ses lumières sur l'invention des Frères Lumière. Brillant, le ministre de la culture, sans malice, faisait de l'ombre, ce soir-là, à Khalid Naciri, ministre de la communication et dépositaire du cinéma au Maroc. Sa présence, un tantinet voyante, était d'autant plus stupéfiante que Bensalem Himmich, jusque-là, brillait par son absence aux rendez-vous culturels. Au point de rendre nostalgique de sa prédécesseuse, Touria Jabrane, qui, elle, se faisait un devoir de ne manquer aucune exposition, aucun spectacle, aucune manifestation. Bref, elle occupait la scène, ce qui est le propre d'une comédienne au long cours. Encore plus impensable, si l'on ajoute foi aux griefs de ses proches collaborateurs, le ministre se plaît à jouer à l'homme invisible en son propre sanctuaire. Alors qu'y fait-il ? En philosophe qui se respecte, l'auteur de «Méditations…» médite. Sur tout et sur rien. On peut espérer que ses cogitations, pour l'heure vaines, le conduiront à cette vérité : le devoir d'un serviteur de l'Etat n'est pas se prendre pour Aristote, mais d'agir. Tout simplement.