La filiale du groupe Société Générale Maroc a mené une étude sur les impacts que pourrait générer la coorganisation de la Coupe du Monde 2030 par le Maroc. Elle essaie de quantifier l'effort d'investissement nécessaire ainsi que ses retombées sur le financement de l'Etat et sur les secteurs cotés à la Bourse de Casablanca. Les détails. Suivez La Vie éco sur Telegram Combien coûtera au Maroc l'organisation de la Coupe du monde 2030 et quelles seront les retombées sur l'économie ? C'est à cette question que tentent de répondre les équipes de Sogécapital Gestion dans une étude. Ces derniers rappellent que la candidature du Maroc en 2018 pour l'organisation de l'édition 2026 prévoyait d'importants développements : construction de grands stades ultra-modernes et stades modulaires, rénovation et construction de nouveaux centres d'entrainement ainsi que le développement et la modernisation du réseau des transports et autres infrastructures. «Le coût de ces projets a été intégré en partie dans les programmes d'investissement de l'Etat pour ses budgets annuels», précisent les auteurs de l'étude. A côté de ces investissements publics, des partenariats public-privé étaient également prévus, tel que le développement de la capacité hôtelière du Royaume. Pour quantifier l'enveloppe budgétaire que le Royaume devra mobiliser pour l'édition de 2030, Sogécapital Gestion s'est appuyée sur un certain nombre d'hypothèses, notamment celles relatives à la modernisation des normes de construction, aux effets de l'inflation, et aux attentes plus importantes en terme de budget suite à l'édition de Qatar 2022. Ainsi, tenant compte de la moyenne du coût d'organisation d'une Coupe du monde, ce dernier pourrait se situer entre 15 et 20 milliards de dollars pour le trio Maroc-Espagne-Portugal. La part du Maroc dans ce budget d'organisation devrait se situer aux alentours de 52 milliards de dirhams. Ce montant est réparti de la manière suivante : 17 milliards de dirhams pour la construction et la rénovation des stades, 8 milliards pour les coûts relatifs aux centres d'entrainement, 17 milliards pour les transports et les infrastructures, et enfin 10 milliards de dirhams pour les coûts d'organisation généraux. Financement : 25 milliards du budget de l'Etat Selon l'étude, le coût total de construction des stades et centres d'entrainement devrait être supporté intégralement par l'Etat dans son budget sur l'horizon 2024-2030, pour un montant de 25 milliards de dirhams. Les entreprises publiques devraient elles contribuer à hauteur de 17 milliards de dirhams. D'après les auteurs de l'étude, le financement des projets relatifs à l'infrastructure et au réseau de transport devrait être supporté par les SEGMA à travers des crédits bancaires et/ou recours au marché de la dette privée. Des prêts concessionnels extérieurs et des dons/aides d'autres pays pourraient avoir lieu afin de financer les autres coûts inhérents à l'organisation, pour un montant de 10 milliards de dirhams. Concernant les impacts macro de ces financements, Sogécapital Gestion estime que le financement devrait se faire sans pressions haussières sur les taux sur l'horizon 2024-2030. Le compte courant devrait néanmoins se creuser sur l'horizon 2030 en lien avec l'augmentation des importations de produits finis et semi-finis (aux alentours de 25 milliards de dirhams, soit 1,5% du PIB). L'impact sur le crédit sera par ailleurs profitable pour le secteur bancaire, à travers le financement de projets de construction et d'infrastructures. Impact positif sur les banques, le BTP, le tourisme et les télécoms Le BTP serait l'un des principaux bénéficiaires de ces investissements. L'étude estime que le secteur serait drivé pendant plusieurs mois, voire des années, par les projets d'envergure (stades, infrastructures, routes, etc.) renforçant ainsi le taux d'utilisation des opérateurs. Une grande partie du coût d'organisation, soit près de 20 MMDH, devrait se diriger vers le secteur du BTP. Par ailleurs, les capacités installées pour la production de ciment (22 MT contre 14 MT de consommation actuelle) et fer à béton seraient suffisantes quant à la demande. En outre, les différents projets devraient accroître le carnet de commandes des sociétés du BTP cotées en bourse. Le secteur bancaire devrait aussi profiter de l'organisation de cette Coupe du monde à travers notamment la hausse de l'encours des financements bancaires dédiés aux projets d'infrastructure (construction des hôtels et autres infrastructures). L'étude évoque aussi l'augmentation de l'utilisation des services bancaires : opérations de change, retraits, paiements électroniques, etc. L'organisation de cette Coupe du monde devrait impacter tout aussi positivement le secteur touristique marocain sur le court et moyen terme grâce à un flux de touristes significatif pour l'année de l'organisation de la compétition et les années qui suivront. Une amélioration de l'offre hôtelière nationale pour atteindre les objectifs du secteur touristique à moyen et long terme est également attendue. Selon l'étude, plus de 100.000 lits supplémentaires sont à fournir pour répondre à la demande dans les villes hôtes. De plus, les recettes touristiques pourraient atteindre 120 MMDH sur l'année 2030. Enfin, pour ce qui est des télécoms, le secteur devrait bénéficier de l'organisation de cette Coupe du monde à travers la hausse du trafic voix et data, ainsi qu'une amélioration des taux de pénétration au niveau national. L'étude évoque aussi des investissements pour l'extension et l'amélioration des infrastructures réseau du pays ainsi que l'accélération de la mise en place de la 5G.