40 villes ont été déclarées «sans bidonvilles» sur les 85 concernées par le programme depuis 2004. 38 villes sont en cours de traitement dont 16 seront déclarées «sans bidonvilles» avant fin 2010. De gros blocages pour Rabat, Témara, Casablanca, Mohammédia et Kénitra. 23 907 logements destinés au relogement sont vacants. Toufiq Hejira, ministre de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace, a encore du pain sur la planche. Sur les 85 villes ciblées lors du démarrage du programme Villes sans bidonvilles (VSB) en 2004, 45 ne sont toujours pas définitivement débarrassées de ce fléau. Au total, 163 000 baraques ont été détruites à ce jour et 813 000 habitants ont pu bénéficier des aides de l'Etat pour avoir accès à un logement décent. Actuellement, 37 000 unités sont en cours de réalisation. Et il reste encore beaucoup à faire, d'autant que l'objectif initial est de recaser 298 000 ménages, soit 1,5 million d'habitants. Bien que l'échéance de 2012 approche, la division de l'habitat social et des affaires foncières du ministère de l'habitat semble confiante. «Le bilan de VSB est positif. À juin 2010, 70% des mises en chantier prévues sont effectives, c'est-à-dire déjà achevées ou en cours de réalisation», explique El Mostapha Kahlaoui, directeur adjoint au service de l'habitat social et des affaires foncières. «Sur les 45 villes restantes, nous estimons que 38 sont à notre portée. D'ailleurs, 16 d'entre elles devraient normalement être déclarées sans bidonvilles d'ici la fin de l'année», annonce-t-il (voir tableau), avant de préciser que ce sont finalement 7 villes qui posent véritablement problème et pour lesquelles la mise en œuvre du plan d'action s'avère plus difficile. Il s'agit de Kénitra, Khémisset, Larache, Rabat, Témara, Mohammédia et, bien sûr, Casablanca. Deux problèmes essentiellement perturbent la bonne exécution du plan VSB. D'abord, la rareté du foncier public. «Il arrive que ce foncier soit disponible mais non couvert par un document d'urbanisme ou bien, que son emplacement ne permet pas d'y construire des habitations à caractère social», souligne M. Kahlaoui. L'augmentation incontrôlée du nombre de ménages habitant dans les baraques, favorisée de surcroît par les retards dans la mise en œuvre des programmes de relogement, est l'autre grande problématique constatée par le ministère de l'habitat qui planche activement depuis le début du mois sur ces questions. A Al Omrane Casablanca, qui officie pour le compte de l'Etat dans le programme à travers la réalisation de lotissements et de travaux de mise à niveau urbaine, Nabil Kerdoudi, membre du directoire, va plus loin en pointant du doigt une stratégie trouvée par les bidonvillois afin de prétendre à des superficies plus grandes. «Les ménages ont trouvé la parade en créant une densification à l'intérieur même des baraques. Les parents hébergent leurs enfants, mais également leurs conjoints et leurs progénitures. De fait, lorsque nous leur proposons un lot de terrain ou un appartement destiné à un ménage moyen, ils refusent et attendent une opportunité plus intéressante en termes de superficie. Malgré le travail d'accompagnement social prévu par le ministère qui a pour objectif de les convaincre d'accepter un relogement, nous nous sommes trouvés contraints, récemment, de recourir à la justice pour des cas de bénéficiaires qui refusaient l'habitation proposée», explique M. Kerdoudi. A Casablanca, les besoins portent sur 500 ha Pour résoudre le problème du foncier, une commission tripartite -regroupant les ministères de l'intérieur, des finances et de l'habitat- est actuellement en tournée dans le pays. Son objectif est de cibler et recenser les terrains publics potentiellement disponibles pour l'accueil de projets sociaux. «Rien qu'à Casablanca, nous avons besoin de 500 hectares actuellement», indique M. Kerdoudi. «Dans le cadre de cette commission, l'ensemble des intervenants a été mis à contribution pour que chacun mette sur la table ses réserves foncières exploitables. Les plans d'aménagement n'étant pas encore sortis à Casablanca, la plupart des terrains dont dispose Al Omrane ne sont pas concernés par le SDAU. A côté de nous les communes, les agences urbaines et même Idmaj Sakane ont été sollicités» , précise-t-il. Cette dernière, d'ailleurs, qui était censée, au départ, n'avoir qu'un rôle de facilitateur dans la mise en action du plan VSB auprès des autorités concernées, se trouve aujourd'hui aux côtés d'Al Omrane dans la réalisation des opérations immobilières, vu l'urgence et les impératifs de la situation. Et à côté de cela 23 907 unités sont déjà produites, mais sont toujours vacantes à l'heure actuelle. Qu'est-ce qui bloque ? «L'exécution du programme VSB ne dépend pas uniquement de notre ministère, il est le fruit d'un partenariat avec les autorités locales et les communes concernées», précise M. Kahlaoui. Sur le terrain, il arrive fréquemment, en effet, que des réticences et des lenteurs freinent et bloquent l'application des procédures de relogement.