Des acteurs de la société civile viennent de déclencher un débat public. Pour eux, la dépénalisation de la consommation du cannabis aurait des effets positifs, notamment en réduisant le marché illégal tout en générant des recettes fiscales pour la collectivité. Ils sont plus d'une dizaine d'acteurs de la société civile, dont Chakib Al Khayari, coordinateur du Collectif marocain pour l'usage médical et industriel du kif, qui viennent de lancer, ce 14 juin, un appel pour l'ouverture d'un débat national sur l'usage du cannabis pour usage récréatif. Pour eux, le dépassement de l'approche prohibitive pourrait générer des recettes fiscales conséquentes, induire des investissements, créer de l'emploi, réduire l'étendue du marché illégal et partant, ferait perdre des plumes aux réseaux des trafiquants de drogues et du crime organisé, tout en amoindrissant les opérations de blanchiment d'argent. L'exemple nord-américain Basé sur les expériences à l'international, notamment dans les pays qui ont légalisé l'usage récréatif du cannabis, les signataires de l'appel indiquent que plusieurs retombées positives devraient être enregistrées. En effet, arguent-ils, les cas du Canada, de l'Uruguay et de la Californie (Etats-Unis) invitent à réfléchir. A titre indicatif, le marché de l'illégal dans ces trois pays s'est rétréci, respectivement, à 40%, 50% et 75%. Or, c'est justement pour les effets positifs relevés dans les pays où le commerce du cannabis récréatif est formel qu'un débat serait porteur. Ils citent, à ce propos, des études au Canada, effectuées en 2019, soit une année après la légalisation, qui ont démontré que cela a induit la réduction du recours au marché noir, ainsi que les effets dangereux qui s'y greffent, sans pour autant que cela n'ait participé à augmenter la consommation. Par ailleurs, des enquêtes menées aux USA ont mis en avant que la légalisation, intervenue au début des années 2000, a constitué un levier important générant des fonds, sous forme de recettes fiscales, qui sont réinjectés dans le financement de projets et de services gouvernementaux vitaux pour la collectivité. Plus encore, une étude consacrée, en 2023, à l'Australie a abouti à la conclusion qu'il y a une relation de cause à effet entre la légalisation de la consommation du cannabis à usage récréatif et le blanchiment d'argent. C'est que l'interdiction débouche, inéluctablement, sur l'accroissement des fonds blanchis. En outre, nombreuses sont les études qui démontrent que la dépénalisation est aussi de nature à minimiser les dangers sur la santé publique que représente le marché informel qui, lui, échappe à tout contrôle.