Le Royaume-Uni sera à l'honneur lors de la 15e édition du SIAM. Un programme spécial a été concocté par les Britanniques au profit des agriculteurs marocains, l'objectif étant de partager avec eux leur savoir-faire et les dernières innovations dans le domaine agricole. Les relations entre le Maroc et le Royaume-Uni se sont renforcées après le Brexit dans plusieurs domaines, notamment agricole. Près de la moitié des tomates consommées par les Britanniques proviennent du Maroc. Le SIAM sera l'opportunité de développer davantage ces liens. Le point avec Tom Hill, Consul général du Royaume-Uni au Maroc et directeur du département du Commerce international au Maroc.
Le Royaume-Uni est l'invité d'honneur de la 15e édition du SIAM. Une consécration du dynamisme des relations entre les deux pays, notamment dans le domaine agricole ? Effectivement, il s'agit d'un cheminement naturel du renforcement des relations bilatérales que nous observons depuis le Brexit. Notre forte participation au SIAM et le choix du Royaume-Uni comme invité d'honneur font suite au succès du deuxième conseil d'association annuel, organisé en février de cette année, dans le cadre de l'Accord d'association entre le Royaume-Uni et le Maroc. Lors de cette rencontre, le ministre d'Etat chargé des Affaires et du commerce, Nigel Huddleston, et le ministre de l'Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, se sont engagés à développer les relations commerciales actuelles, qui s'élèvent à plus de 36 milliards de dirhams. Je rappelle que l'accord fournit un cadre de collaboration dans des domaines tels que l'agriculture, les soins de santé, les infrastructures et l'éducation, qui sont des moteurs essentiels de la croissance dans nos deux pays. Il ouvre également la voie à une coopération accrue dans des domaines tels que les énergies renouvelables et la technologie, où nos deux royaumes ont une grande expertise à partager. Le Royaume-Uni et le Maroc ont convenu d'étudier les possibilités d'approfondir les relations économiques et d'accroître le commerce et les investissements bilatéraux, notamment en veillant à ce que l'accord d'association soit mis en œuvre aussi efficacement que possible et en s'attaquant aux obstacles rencontrés par les entreprises britanniques et marocaines lorsqu'elles accèdent aux marchés de l'autre pays.
Quel programme avez-vous prévu pour le SIAM ? Nous sommes fiers de présenter le meilleur de l'innovation britannique dans les domaines de l'agro-technologie, de la R&D, du développement durable, de l'horticulture et de la logistique. Notre programme donnera aux entreprises, aux fournisseurs et aux détaillants l'occasion d'interagir avec des entreprises britanniques et de s'informer auprès d'elles, ainsi qu'auprès de responsables sectoriels et de spécialistes du gouvernement britannique. Nous allons organiser une conférence le 4 mai qui comprendra six panels au cours desquels 30 entreprises britanniques partageront leur expertise avec les participants. En effet, le SIAM accueillera une trentaine d'entreprises britanniques spécialisées dans l'agro-technique, les machines, le développement durable, l'horticulture et la logistique. Elles participeront aux panels des journées de conférences britanniques ainsi qu'aux rencontres B2B.
Votre forte participation au SIAM entend-elle passer à un autre palier de croissance dans le domaine agricole ? Tout à fait, notre ambition est de hisser ces échanges dans un esprit de collaboration win-win. Les exportations de fruits et légumes du Maroc vers le Royaume-Uni ont augmenté de 15% l'année dernière, représentant près de 5 milliards de dirhams, principalement grâce à la hausse des exportations de tomates, qui font désormais du Maroc le premier fournisseur du Royaume-Uni. Au cours des deux premiers mois de cette année, le Maroc a expédié environ 30.000 tonnes de tomates vers le Royaume-Uni, ce qui représente environ 45% de toutes les tomates importées au Royaume-Uni au cours de cette période.
Vous avez également initié plusieurs programmes destinés au développement de l'amont agricole au Maroc... Nous disposons de plusieurs projets financés par le Royaume-Uni, notamment ceux financés par l'initiative Darwin, par l'intermédiaire de la Global Diversity Foundation et du département de l'Environnement, de l'alimentation et des affaires rurales. Ces projets concernent la viabilité socio-écologique des paysages culturels du Haut Atlas et la conservation de sa biodiversité agricole pour améliorer les moyens de subsistance des Amazighs au Maroc. Je rappelle, par ailleurs, que l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) a participé à une visite au Royaume-Uni concernant la décarbonisation «fiscale» de l'agriculture et a reçu deux experts britanniques pour une formation dans ce domaine, peu après la COP26. Nous avons également initié les programmes CASA (Commercial Agriculture for Smallholders and Agribusiness) et Growth Gateway, pour l'amélioration de la durabilité et le soutien aux petits producteurs de tomates marocains.
Pourriez-vous nous en dire plus sur ce programme dédié à la tomate marocaine ? Les tomates constituent le plus grand secteur d'exportation agricole du Maroc avec près de 900 millions de dollars au total. Le secteur s'est développé rapidement grâce à une politique agricole volontariste et à d'importants investissements du secteur privé lancés il y a 20 ans. La croissance a été stimulée par le développement du secteur agricole commercial, mais la dépendance à l'égard de quelques grands acteurs commerciaux et la forte volatilité ont engendré un risque de disponibilité de l'offre pour le marché local, comme cela a été démontré au cours des deux derniers mois. Dans le même temps, l'augmentation des coûts a fait que les petits exploitants ont plus de mal à être rentables. En outre, nous observons une pression de plus en plus forte sur les ressources en eau et un stress environnemental croissant. Partant, l'étude menée par l'équipe CASA a évalué les différentes opportunités stratégiques permettant de stimuler une croissance inclusive et durable dans le secteur. Il s'agit notamment de mettre en place des politiques permettant de mieux protéger les petits exploitants à mesure que le secteur de l'exportation continue de croître, de diversifier la production en s'éloignant des calibres supérieurs afin de réduire les écarts et la concurrence pour les producteurs de plein champ, et enfin de mettre en relation les exploitations agricoles marocaines avec des entreprises agro-technologiques britanniques sélectionnées qui peuvent les aider à relever certains des défis auxquels elles sont confrontées.
Vous avez également lancé un programme de recherche avec le groupe OCP. De quoi s'agit-il précisément ? L'Université polytechnique MohammedVI (UM6P), en collaboration avec Rothamsted Research et l'Université de Cranfield au Royaume-Uni, a lancé une nouvelle initiative visant à développer la prochaine génération de scientifiques et d'ingénieurs marocains. La phase initiale du partenariat se concentrera sur la réalisation de sept projets de recherche agricole et la création d'un centre de formation doctorale, et sera justement soutenue par le groupe OCP, l'un des plus grands exportateurs d'engrais phosphatés au monde. Jusqu'à 20 chercheurs en début de carrière dans le secteur agricole bénéficieront d'un soutien au Maroc et au Royaume-Uni dans le cadre de ce partenariat.