Ce jugement est, selon des acteurs de la société civile, l'un des verdicts les plus sévères et, sans doute, des plus justes pour une affaire de viol de ces dernières années. Le verdict est tombé tard dans la nuit du jeudi au vendredi. La Cour d'appel de Rabat a été, cette fois-ci, moins clémente puisque les peines prononcées à l'encontre des trois auteurs du viol collectif de la petite fille de Tiflet sont plus lourdes : 20 ans de réclusion ferme et un dédommagement de 60.000 dirhams pour l'accusé principal et 10 ans de prison ferme avec le paiement de 40.000 dirhams de réparation pour les deux autres accusés. Les milieux associatifs et les réseaux sociaux ont réagi favorablement à cette sentence, considérée comme un rattrapage du jugement en première instance. La petite fille de douze ans avait été victime, rappelons-le, d'un viol collectif et est tombée enceinte. Le jugement de la Chambre criminelle est à la hauteur du choc et de l'émoi suscités par le jugement en première instance : deux ans et dix-huit mois d'emprisonnement. Les faits ont été qualifiés de délits et les accusés ont eu droit à des circonstances atténuantes. Rendu à huis clos, la nuit dernière, ce jugement est, selon des acteurs de la société civile, l'un des verdicts les plus sévères pour une affaire de viol de ces dernières années. Ce verdict a valeur d'exemple et dissuaderait de potentiels violeurs. Selon une étude menée en 2020 par le collectif Masaktach, sur le traitement judiciaire des affaires de violences sexuelles, il apparaît que sur 1.169 procès en novembre 2019, la durée moyenne de la peine est de 3 ans et 1 mois pour les 44 agresseurs condamnés pour viol sur mineurs. Et 80 % des prévenus condamnés pour viol ont écopé de peines moins lourdes que celles prévues par l'article 486 du Code pénal condamnant le viol sur mineur d'une peine de réclusion de 10 à 20 ans. Selon Meriem Othmani, présidente de l'association INSAF, qui a pris en charge la victime du viol et son bébé, «la gravité d'un viol doit être comprise par tout le corps judiciaire». Ce qui rend nécessaire et urgente la révision du Code pénal et même la promulgation d'un Code de l'enfant qui garantirait une meilleure protection des enfants et en particulier des mineurs victimes de violences sexuelles. Une revendication des associations dont la forte mobilisation a été, il faut le reconnaître, payante dans cette affaire !