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Vidéo. Métiers de l'aéronautique : Un institut de haute volée
Publié dans La Vie éco le 23 - 01 - 2023

Le centre de formation basé à Nouaceur est l'une des clés de la réussite de l'industrie aéronautique nationale. Visite au cœur de cette fabrique à talents.
Pôle aéronautique de Nouaceur, à quelques encablures de l'aéroport Mohammed V. En cette matinée de janvier, l'ambiance est studieuse au sein de l'Institut des métiers de l'aéronautique (IMA). Répartis dans les nombreuses salles de cours ou dans les ateliers, des centaines de jeunes stagiaires, hommes et femmes, suivent religieusement les formations qui leur sont dispensées. Dans l'amphithéâtre «Touria Chaoui», baptisé ainsi en hommage à la première femme pilote marocaine, une vingtaine d'entre eux assiste à une formation de l'entreprise industrielle basée au Maroc, Sabca. «Ce sont des jeunes qui ont été sélectionnés à la fois par l'IMA et par Sabca Maroc. Ils sont en cours de formation transverse sur la métrologie», nous souffle Patrick Menager, directeur général de l'IMA depuis 2015 et ancien haut cadre de l'entreprise Safran Maroc où il a passé 20 ans.
Dans les coursives de l'Institut, résonne le son des machines sur lesquelles un autre groupe de stagiaires s'exerce. L'IMA est en effet doté de moyens industriels sur plus de 2 hectares, avec deux ateliers organisés en îlots de production, correspondant aux métiers préparés dans l'Institut. Plieuses, rouleuses, presse caoutchouc, fraiseuses... tout l'outillage spécifique aux métiers de l'aéronautique est disponible, dans une configuration qui reproduit les conditions de travail réelles dans les usines.
Non loin de là, devant un espace vert soigneusement entretenu, se dresse une salle de restauration moderne, et même un internat. Les jeunes en provenance des quatre coins du Royaume peuvent y loger pour quelques jours, notamment durant les phases de sélection. Il faut dire que l'IMA est aux petits soins : les futurs locataires sont également transportés gratuitement et touchent, dans le cas où ils sont sélectionnés, une bourse de la société qui les emploiera.
ASCENSEUR SOCIAL
Pour les stagiaires qui figurent dans la liste des heureux élus, l'IMA est la voie royale pour accéder aux métiers exigeants de l'aéronautique et s'y épanouir, assure Hamid Benbrahim El Andaloussi, figure emblématique et incontournable du secteur au Maroc et président de l'IMA : «A compétence égale, l'aéronautique offre de meilleurs salaires et de meilleures perspectives que les autres secteurs. On peut rentrer ici avec un bac+2, réussir le concours, être accepté par l'entreprise et après 8 ou 10 ans, devenir directeur. Il n'y a pas de limites. Quand l'ancien Bombardier, aujourd'hui Spirit, a démarré ici il y a onze ans, c'était avec une équipe de 13 expatriés. Aujourd'hui, cette équipe ne compte plus qu'un seul étranger, et la plupart des postes de responsabilités de cette entreprise sont occupés par des ressources sorties de l'IMA». Concrètement, question salaire, un jeune peut démarrer à 3.300 dirhams et se retrouver, après quelques années, avec un salaire de 15.000 dirhams, et même au-delà, nous explique-t-on. Et pour la majorité de ces stagiaires, au-delà de la rémunération, travailler dans l'aéronautique a un impact considérable sur leur vie et leur famille. «C'est l'ascenseur du développement», résume, enthousiaste, Benbrahim El Andaloussi. «Les étudiants qui sortent d'ici avec un diplôme de technicien auront demain des enfants qui seront ingénieurs ou professeurs», pronostique celui qui est également président d'honneur du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS).
Grâce aux talents !
Le succès de l'IMA, qui lui a valu d'être cité en exemple dans le rapport sur le Nouveau modèle de développement, est intimement lié à la relation d'exception qui existe entre l'Institut et les industriels. Une relation qu'ElAndaloussi qualifie «d'ombilicale». «Nous ne sommes pas un centre de formation classique. Nous sommes une usine de qualification, un sas entre le marché du travail et les entreprises. Nous travaillons en étroite collaboration avec les entreprises qui viennent nous demander les profils qu'elles recherchent, et de notre côté, nous faisons en sorte de trouver sur le marché les candidats qui répondent à leurs besoins. Nous les formons, avec l'industriel, en alternance : une partie du temps à l'IMA et une autre en entreprise. L'acceptation du jeune tient compte des résultats des deux côtés», explique-t-il.
La relation IMA-entreprises se poursuit tout au long de la vie du salarié, via un processus de formation continue dont l'objectif est de lui permettre de rester à jour et d'améliorer ses connaissances. L'Institut adapte continuellement ses programmes de formation, faisant preuve d'une grande souplesse, à mesure que les besoins en compétences de l'entreprise augmentent. «Nous sommes des tailleurs sur mesure», résume notre source. En d'autres termes, l'IMA ne fonctionne pas selon un cycle scolaire classique, mais les formations démarrent en fonction du planning de l'industriel, à n'importe quelle période de l'année.
Cette proximité entre l'IMA et les industriels est également géographique. Devant l'entrée de l'Institut, Hamid Benbrahim ElAndaloussi qui nous fait visiter les lieux, désigne du doigt, de l'autre côté de la route, la zone Midparc, la plateforme industrielle intégrée de Nouaceur, où les plus grands groupes du secteur ont élu domicile ces dernières années : Thalès, Hexcel, Stelia, Eaton, etc. A quelques mètres de là, se dresse aussi le siège du GIMAS. «Tout ceci n'existait pas il y a onze ans. C'était un terrain vague. Aujourd'hui, c'est le cœur de l'aéronautique au Maroc. Midparc c'est 128ha, une vingtaine de sociétés, 3.500 personnes qui y travaillent», énumère notre hôte. «Ce que nous avons voulu faire, ajoute-t-il, c'est créer un espace pour des industriels étrangers porteurs de technologies et d'innovations, et qui ont besoin de se développer. Lorsqu'ils viennent au Maroc, ils ont à la fois la capacité de s'implanter très rapidement à Midparc et d'avoir des ressources et des talents à proximité. C'est là le cœur de la réussite».
Et notre interlocuteur de préciser : «Nous ne sommes pas dans une logique du low-cost. Nous sommes dans une logique de hautes technologies, de savoir-faire, de capacité d'intégration, de valeur ajoutée... Et cela repose avant tout sur les talents», conclut-il avec une pointe d'humilité.
Pour attirer ces talents justement, les équipes de l'IMA prospectent régulièrement dans les différentes régions du Royaume à la recherche des profils les plus prometteurs. «Nous faisons des campagnes d'information, de communication et de sélection dans les régions, pour aller chercher les meilleurs un peu partout. Et la sélection définitive se fait avec l'entreprise», confie Patrick Menager, DG de l'IMA et véritable cheville ouvrière de l'établissement. Le point fort de ce dispositif est que les entreprises observent les stagiaires pendant tout le cycle de formation et, par conséquent, connaissent parfaitement leurs aptitudes avant de les embaucher.
Au-delà de l'enseignement et de sa dimension purement technique, l'IMA met un point d'honneur à inculquer à ses stagiaires une certaine culture d'entreprise propre à l'aéronautique, en travaillant sur les mentalités, pour faire de ses recrues de véritables professionnels. En d'autres termes, il ne s'agit pas seulement de savoir-faire, mais aussi, voire surtout, de savoir-être. «C'est capital, car c'est un secteur qui est exigeant d'un point de vue de la qualité, et où la sécurité est partout. Le soft est aussi capital que le hard».
Comme les Lions de l'Atlas...
Dans cette histoire, les formateurs jouent un rôle fondamental. Ils justifient tous d'une expérience industrielle de plusieurs années. C'est le cas de Ezzhar Daoud, qui a longtemps exercé dans la maintenance aéronautique et dans la production, à Casablanca. «Avec l'âge, j'ai eu de plus en plus l'envie de transmettre mes compétences aux jeunes et l'IMA m'a donné cette opportunité», se réjouit-il. Son credo dans la formation ? Il se résume en trois leviers, qu'il n'est pas peu fier de réciter : «Savoir, savoir-faire et savoir-être».
Dans la grande salle de réunion baptisée «salle général Mohamed Kabbaj», en l'honneur de l'un des pilotes les plus brillants de l'histoire du Maroc, des affiches et images à l'effigie des Lions de l'Atlas, reprenant le désormais fameux slogan «Niyya», tapissent les murs. Une manière, pour le maître des lieux, de surfer sur la vague du succès des Lions de l'Atlas durant la Coupe du monde, et de faire le parallèle entre son propre parcours et celui de l'équipe nationale: «Il fallait y croire. Il fallait être convaincu que les Marocains étaient capables d'y arriver. L'aéronautique, pendant des années, on me disait que ce n'était pas pour nous... Mais si on parvient à éduquer, à donner des valeurs, on y arrive», affirme le président de l'IMA. Et les chiffres semblent lui donner raison: l'industrie aéronautique au Maroc, il y a vingt ans, était pour ainsi dire inexistante. En 2022, les exportations du secteur vont dépasser les 20 milliards de dirhams, battant le record de 2019, avec une croissance annuelle de 15% et un taux d'intégration «remarquable» de 40%.
Plus de 2.000 stagiaires formés en 2022, un record !
A l'image de la production industrielle du secteur aéronautique, l'IMA est montée en capacité au cours de la dernière décennie. Inauguré en mai 2011 par le Roi Mohammed VI, l'Insitut était au départ calibré pour former autour de 500 stagiaires par an. Face aux besoins grandissants des industriels locaux en ressources humaines de qualité, dans un marché de l'aviation en plein essor, l'établissement a bénéficié d'une extension en 2017, portant sa capacité de formation à plus de 1.000 stagiaires. En 2019, plus de 1.800 stagiaires y ont été formés, signant un nouveau record. Après une petite baisse de régime pendant la crise sanitaire, l'activité du centre a remis les réacteurs en marche, avec plus de 2.000 stagiaires formés en 2022. Un record qui ne devrait pas tenir longtemps, puisque 2023 s'annonce déjà très prometteuse. Au total, depuis la création de l'IMA, ce sont plus de 13.000 jeunes qui y ont été formés, avec un taux d'employabilité de 98%.


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