Les bons du Trésor ont enregistré, toutes maturités confondues, une hausse remarquable surtout à partir du second semestre. En face, le marché actions a absorbé chaque mauvaise nouvelle économique et financière. Les OPCVM ne se portent pas mieux, sauf les monétaires. Les produits de taux trônent à la tête du palmarès des produits de placement les plus rentables. En effet, le MASI a réalisé une contre-performance de 18% au 28 décembre. Après avoir entamé l'année sur une tendance favorable, dans la continuité des réalisations de 2021, l'indice de toutes les valeurs a inversé sa tendance à partir de juin pour annuler tous les gains cumulés une année auparavant. Il a été brisé par plusieurs coups d'ordre macroéconomique, dont la sécheresse qui a miné le moral des investisseurs, puis la guerre qui a éclaté entre la Russie et l'Ukraine, avec toutes les conséquences qu'elles ont eues en termes de renchérissement des matières de base alimentaires et énergétiques, de difficultés d'approvisionnement, de rareté de certains produits... En fait, les conséquences de cette crise entre ces deux pays n'étaient pas prises au sérieux, puisque le marché s'est montré résilient au début. Un léger mouvement haussier brisé par les craintes Une fois que l'inflation a commencé à se faire sentir et que la machine d'exploitation des entreprises avait du mal à tourner, les investisseurs ont commencé à se retirer de la bourse, petit à petit, faisant tomber l'indice à un plus bas de 22,5%. Le marché actions était alors frileux, car tous les boursicoteurs cherchaient à sortir du marché et limiter la casse de leur portefeuille de placement, plutôt que de subir davantage de contrecoups, surtout que les perspectives économiques du pays ne présageaient rien de bon avec une croissance économique prévue en recul et une inflation qui atteint des sommets. En face, ce sont les institutionnels qui étaient acheteurs. C'est normal. Leur stratégie n'est pas spéculative ou court-termiste, bien au contraire, elle s'appuie sur une politique de placement de long terme. Les titres du Trésor plus que jamais en forme Le marché actions a campé sur sa position négative, jusqu'au moment où le pays a connu les premières précipitations, signal qu'un retour à une croissance économique n'est pas exclu, surtout si elles s'inscrivent dans la régularité. Un minime mouvement à la hausse a été alors constaté avec des performances quotidiennes de 1% en moyenne. Les analystes n'ont pas écarté la poursuite de cette hausse, sur des volumes très faible, notons-le, pour qu'au final le marché clôture l'année sur une évolution variant entre -12 et -15%. Ce brin d'espoir a été rapidement réduit en miettes, puisque le marché a repris son trend baissier. Ceci a inévitablement enfoncé les OPCVM actions, constitués à plus de 80% des valeurs de sociétés cotées. Depuis le début de l'année, l'actif net ressort en chute de 19,5%. En fait, les boursicoteurs ont besoin d'éléments tangibles pour signer leur retour sur le marché. Ce n'est pas encore le cas, car même les résultats semestriels n'ont pas montré une amélioration de la situation financière des sociétés, si ce n'est que quelques-unes qui ont bénéficié d'un effet prix pour redresser leurs revenus. Et quand bien même il n'y aurait pas une corrélation totale et complète entre le marché actions et celui des taux, le relèvement du taux directeur a eu, bien avant sa production, un effet d'éviction vers ce marché des taux qui offre des rendements plus intéressants. Un rapport de force s'était installé entre les investisseurs et le Trésor, qui le pressaient pour augmenter ses taux, surtout sur la partie moyenne et longue de la courbe. La rémunération des comptes sur carnet se redresse «Des séances ont même été marquées par l'absence totale du Trésor sur le marché des adjudications. Aucune levée n'était réalisée, puisque l'argentier du Royaume refusait de suivre les caprices des investisseurs», explique un analyste. Et même si les taux étaient déjà élevés, ils ont fini par augmenter davantage au 1er relèvement du taux directeur de 50 points de base. Les professionnels du marché prévoient une hausse supplémentaire des taux sur le marché primaire, suite à cette seconde augmentation du taux opérée par Bank Al-Maghrib. A la dernière séance d'adjudication de l'année, les taux ont traité, sur le marché secondaire, à 3,20% pour le 26 semaines, 2,94% pour le 5 ans et 3,19% pour le 10 ans, soit des hausses de 165 pbs, 95 pbs et 119 pbs, respectivement depuis début 2022 . Cette situation s'est traduite par des moins-values sur les OPCVM obligataires, puisqu'il faut un contexte de taux bas pour qu'ils prennent de la valeur. Le stock de placements obligataires a donc été affecté par ces hausses, plaçant les variations à -34% pour les fonds de court terme et à -19,7% pour ceux de moyen et long terme. En revanche, les fonds monétaires ont gagné plus de 23%. Si la hausse des taux des bons du Trésor a exercé un effet négatif sur les OPCVM obligataires, elle a été bénéfique pour le rendement des comptes sur carnet. Compte tenu du calcul de la rémunération de ces dépôts, qui est indexée sur les taux de bons de Trésor sur 52 semaines, observé le semestre précédent, diminué de 50 points de base, le taux a été fixé au cours du second semestre à 1,24%, alors qu'il oscillait autour de 1,04% pendant les deux semestres antérieurs, soit 20 points de base de plus. Plus les taux augmenteront, plus la rémunération sera attractive. En attente du réveil du marché actions Les perspectives d'évolution du rendement des produits financiers restent illisibles pour les professionnels des marchés. Les investisseurs dans le marché actions devraient rester attentistes à une éventuelle bonne nouvelle : poursuite de la pluviométrie, retour à la croissance des résultats des sociétés cotées au titre de l'exercice 2022, meilleure visibilité quant à la croissance économique... En tout cas, le marché devrait poursuivre cette tendance au moins jusqu'à fin mars 2023. Les taux, eux, devraient se stabiliser sur ce niveau de rendement, du moins pendant le 1er trimestre. En revanche, la rémunération des comptes sur carnet devrait augmenter à partir du 1er janvier, puisqu'elle devra intégrer l'impact des deux hausses consécutives du taux directeur sur la courbe du 52 semaines.