8,65 milliards de DH levés à fin novembre, moins que 2008, mais le double de ce qui a été fait en 2007. Les établissements bancaires restent les principaux émetteurs avec des emprunts subordonnés, leur permettant de renforcer leurs fonds propres. Les taux d'intérêt proposés vont jusqu'à 5,60%. Les obligations ont vraisemblablement la cote ces derniers temps auprès des émetteurs et des investisseurs. Alors qu'aucune introduction en Bourse n'est venue cette année alimenter en papier neuf le compartiment actions de la Bourse de Casablanca, les émissions obligataires se sont multipliées pour offrir au marché une alternative sérieuse aux titres de capital. A fin novembre 2009, ce sont sept emprunts obligataires qui ont été lancés depuis le début de l'année, pour un montant levé de 8,65 milliards de DH. Ce niveau est certes inférieur aux performances de l'année 2008, qui s'était achevée par neuf opérations et 10,5 milliards de DH de volume levé. Mais il n'en demeure pas moins que les 8,6 milliards de DH de cette année représentent plus que le double des montants empruntés en 2007 et 2006. La tendance est donc claire. Selon une banque d'affaires de la place, «de plus en plus de grands groupes, cotés en Bourse ou non, recourent au marché de la dette privée, et de plus en plus d'investisseurs répondent favorablement, par manque d'opportunités de placement sur d'autres marchés mais aussi par intérêt, les taux de rémunération des titres émis étant de plus en plus attrayants». Les établissements bancaires continuent d'être les principaux émetteurs sur ce compartiment. Ils ont en effet émis pour 5,4 milliards de DH d'obligation, soit 62% du volume global. Cet engouement est à lier au besoin des banques de renforcer leurs fonds propres pour se conformer aux règles prudentielles de Bank Al-Maghrib (le ratio de solvabilité passe de 8 à 10% cette année et de 10 à 12% en 2010) et pour poursuivre leurs plans d'investissement (extension des réseaux d'agences et développement à l'international). Pour preuve, la majeure partie de ces 5,4 milliards est constituée d'obligations dites «subordonnées». Une technique utile car la clause de subordination permet d'assimiler les emprunts à des fonds propres qui ne seront remboursés en cas de liquidation de l'émetteur qu'après désintéressement de tous les créanciers chirographaires. Ainsi, Attijariwafa bank a émis cette année un emprunt subordonné d'un montant de 1 milliard de DH, dont une tranche est cotée à la Bourse de Casablanca, sur une maturité de 10 ans. La BCP a pour sa part levé 1,5 milliard, dont également une tranche cotée en Bourse, sur une durée de 7 ans. La Société Générale, elle, a émis pour près de 2 milliards de DH d'obligations subordonnées sur 10 ans. Quant à BMCE Bank, elle a procédé au lancement de son deuxième emprunt perpétuel, c'est-à-dire sans durée de remboursement déterminée, pour un montant de 1 milliard de DH. Outre les banques, d'autres opérateurs économiques publics et privés ont également levé des fonds sur le compartiment obligataire. En effet, Autoroutes du Maroc a émis pour 1,5 milliard de DH d'obligations, cette fois-ci ordinaires, sur deux maturités, 10 ans et 20 ans. La SNI, dans l'objectif d'accompagner la croissance de son opérateur téléphonique Wana, a également levé 1,5 milliard sur une maturité de 10 ans. Enfin, la Compagnie minière de Touissit (CMT) a lancé un emprunt obligataire convertible en actions d'une maturité de 5 ans pour un montant de 250 MDH. Toutes ces opérations ont été bouclées avec succès. Les investisseurs ont manifesté un grand intérêt pour les titres émis et les souscriptions ont dépassé l'offre dans la plupart des cas. Il faut dire que pour un risque quasi nul, les taux d'intérêt offerts avaient de quoi séduire. Ils ont varié entre 4,38% et 5,60%, incluant des primes de risque allant jusqu'à 125 points de base. En définitive, le marché des obligations privées a l'air de bien se porter et profite de l'atonie du marché des actions. L'agence internationale de notation Fitch Ratings n'a d'ailleurs pas manqué de le souligner dans un récent rapport consacré à la région du Maghreb, en précisant que le marché obligataire marocain est le plus liquide d'Afrique du Nord. Cela dit, ce compartiment a encore un long chemin à parcourir pour atteindre une certaine maturité. L'agence de notation note à ce titre que son encours reste assez faible, représentant à peine 1,3% du PIB contre 65% pour la dette bancaire, et qu'il reste dominé par les grandes entreprises avec un nombre peu élevé d'opérations.