L'Amith fournit de nouveaux indicateurs chiffrés. A fin mars, la demande sur le marché européen a augmenté de +3,5%. Les entreprises marocaines, tunisiennes et turques n'en ont pas profité. L'Egypte et les pays asiatiques reprennent leurs positions. Les pronostics semblent donner raison aux industriels du textile. En effet, au mois de mai, au moment où les pouvoirs publics, notamment le ministère des finances et celui de l'industrie et du commerce, signalaient, certes avec beaucoup de prudence, un semblant de reprise, les opérateurs, eux, n'y croyaient pas trop. Certains d'entre eux prévoyaient même une aggravation de la baisse des exportations pour les mois de mai et juin. Aujourd'hui, tout porte à croire que la reprise ne sera pas au rendez-vous à la fin du mois de juin. Selon un sondage sur les perspectives pour le deuxième trimestre 2009, réalisé par la cellule de veille et monitoring mis en place par l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (Amith), seules 10% des entreprises interrogées disent avoir une «bonne visibilité» sur l'activité au-delà de 12 semaines. Pour 40% d'entre elles, la visibilité est «mauvaise» au-delà de 3 semaines et 87% pensent qu'elle est «mauvaise à moyenne» au-delà de 8 semaines. Les prévisions des industriels sont basées sur les derniers indicateurs d'activité communiquées par la cellule de veille. Ceux-ci révèlent qu'en dépit du rebond enregistré en avril et qui a ramené la baisse cumulée, depuis le début de l'année 2009, à 2,3% contre 12,9% à fin mars, en mai, les ventes ont replongé. Résultat, pour les cinq premiers mois de l'année, la baisse est de 6,4% par rapport à la même période en 2008. Parallèlement, le nombre de jours travaillés et les effectifs du secteur sont en baisse de 10% en mai par rapport au même mois de l'année précédente. Les importations de matières premières, autre indicateur pouvant renseigner sur le comportement de l'activité du secteur textile et habillement, ont enregistré un recul de 15% en avril par rapport à la même période de 2008. Ce qui traduit une baisse d'activité. Au-delà des indicateurs chiffrés, la remontée d'information au sujet de la tendance sur les principaux marchés n'est pas non plus rassurante. Plusieurs opérateurs qui ont assisté, début juin, à des salons de textile à l'étranger, notamment en France et en Tunisie, en sont revenus, affirme des sources à l'Amith, avec de plus grandes incertitudes. Ils pensent qu'une reprise vigoureuse n'aura pas lieu avant la fin 2010. Cela est d'autant plus inquiétant que les contre-performances de l'industrie marocaine n'est pas forcément due à un recul de la demande en Europe. En effet, et toujours selon l'Amith, la consommation des articles textile ne s'est pas réellement effondrée dans l'Union européenne. Les importations y ont même progressé de 3,5% à fin mars par rapport à la même période de 2008. Mais cette progression n'a vraisemblablement pas profité aux pays de la zone Euromed comme la Turquie, la Tunisie et le Maroc qui ont enregistré des baisses respectives de leurs exportations vers l'UE de 14,8%, 14,6% et 12,9% à fin mars comparativement à la même période de 2008. En revanche, toujours à fin mars, l'Egypte a marqué une progression de 2,8%. Sri Lanka, Inde et Indonésie se réveillent Le recul des exportations des pays de la zone Euromed revient, selon l'Amith, au changement de stratégie d'approvisionnement des enseignes d'habillement qui privilégient de plus en plus les pays à bas prix. «La généralisation des périodes de soldes flottants qui fait la part belle aux approvisionnements à bas prix à partir de l'Asie en est la meilleure illustration», dit-on à l'Amith. D'où la remontée de nouveaux fournisseurs asiatiques comme le Sri Lanka, dont les exportations textiles ont augmenté de 14%, l'Inde de 7%, l'Indonésie de 6% et le Pakistan de 9%. Sans parler des autres pays de la région qui ont, depuis le début de l'année actuelle, profité de la conjoncture de crise. On cite notamment la Chine et le Bangladesh, dont les exportations ont progressé respectivement de 19% et 23%, toujours au terme du premier trimestre par rapport à la même période de 2008. En attendant des jours meilleurs, les textiliens ne baissent pas les bras et «poursuivent leurs efforts, d'une part, pour maintenir leurs unités en activité, et, d'autre part, pour pouvoir s'adapter au contexte actuel de crise», fait on savoir auprès de l'Amith.