Objectif : réduire le taux de mortalité maternelle de 227 à 50 cas pour 100 000 d'ici 2012. D'importants moyens mobilisés : services d'aide médicale urgente, kits pour césarienne gratuits, lits supplémentaires… Un nouveau pas vient d'être franchi pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. Depuis un mois, en effet, le ministère de la santé a instauré la gratuité des accouchements dans toutes les structures sanitaires publiques du pays que sont les hôpitaux provinciaux et préfectoraux ainsi que les maisons d'accouchement. Tous les actes liés à l'accouchement, que ce soit par voie basse ou par césarienne, sont inclus dans cette gratuité. Il est à rappeler que les tarifs appliqués jusqu'alors dans le secteur public étaient de 500DH pour un accouchement normal et 1 200 DH pour une césarienne. Ces prix peuvent être considérés comme modiques. Mais pour un large pan de la population, la charge est telle que beaucoup de femmes choisissaient l'accouchement à domicile en faisant appel, dans le meilleur des cas, à une sage-femme. Un fonds de compensation de 68 MDH a été mis en place par le ministère de la santé pour le financement, au titre de l'année 2009, de cette mesure dont le lancement, qui n'a pas nécessité de phase-test et va inévitablement augmenter l'activité des maternités. Selon le ministère de la santé, les établissements de santé publique effectuent chaque année environ 400 000 accouchements sur les 650 000 qui ont lieu. Près de deux femmes sur trois accouchent en fait dans les hôpitaux publics. Pour accompagner la gratuité de l'accouchement, le ministère a parallèlement agi sur les conditions d'accès aux services de santé. Les déficits structurels et organisationnels dont souffrent certaines maternités hospitalières et maisons d'accouchement ont nécessité la mise en place d'un programme de mise à niveau de ces structures. L'accent sera mis sur les maternités en milieu rural et dans les régions enclavées. Ainsi, pour renforcer les kits d'accouchement déjà disponibles dans les structures sanitaires, le ministère procédera à la distribution de trousses complètes de césarienne. Par ailleurs, il s'attaquera à un autre aspect problématique de la prise en charge des femmes enceintes en milieu rural : le transport qui les empêche très souvent d'accéder aux hôpitaux. Des services d'aide médicale urgente (SAMU) obstétricaux seront mis en place pour assurer le transport des mamans et des nouveaux-nés en difficulté vers les hôpitaux. Ce projet qui est en cours de finalisation nécessitera un investissement de l'ordre de 60 MDH. Des formations pour les médecins et les sages-femmes Toujours pour élargir la couverture médicale, 66 communes urbaines et rurales se verront doter de nouvelles infrastructures d'accouchement équipées pour accueillir les femmes enceintes ainsi que les nouveaux-nés. Les travaux de construction ont été annoncés par la ministre de la santé, début mars. Ils seront entamés incessamment dans les villes de M'rirt, Demnate, Tamesna, Tamansourt, Laâyoune et Imintanoute. Les unités compteront 45 lits chacune. D'autres établissements ouvriront leurs portes dans les prochains jours à Berrechid, Guercif, Oulad Taïma et à Khemis Zemamra. Au ministère, on rappelle que 95 établissements d'accouchement ont ouvert leurs portes en 2008. Ils ont été dotés de cadres médicaux et paramédicaux nécessaires. Il est précisé, par ailleurs, que «pour 2009, la majorité des postes budgétaires sera réservée aux régions qui connaissent un manque de cadres». L'ensemble de ces investissements visent une amélioration de la couverture médicale afin que le taux de femmes enceintes, aussi bien en milieu rural que dans les villes, bénéficiant d'une consultation prénatale et d'un accouchement en milieu surveillé passe de 80% en 2009 à 90% en 2012. Une performance qui est tout à fait envisageable dans la mesure où, aujourd'hui, tous les centres de santé sont équipés pour réaliser les tests de dépistage systématique des trois premières causes de complication des grossesses que sont l'anémie, l'hypertension artérielle et le diabète. L'objectif du ministère de la santé est de ramener le taux de mortalité maternelle de 227 décès pour 100 000 naissances à 50 pour 100 000 en 2012, et de baisser le taux de mortalité infantile de 40 décès pour 1 000 à 15 pour 1 000, à la même échéance. Cela passera, certes, par une amélioration des équipements et infrastructures, mais également et surtout par l'encadrement des gynécologues et des sages-femmes. C'est pourquoi il est prévu une formation en résidanat des médecins en gynéco-obstétrique et en anesthésie réanimation. Les sages-femmes des maisons d'accouchement, quant à elles, suivront un stage annuel d'une semaine dans un hôpital. Le ministère prévoit, enfin, des audits annuels de toutes les maternités hospitalières et maisons d'accouchement afin de corriger les éventuelles défaillances.