L'objectif est de disposer de nouveaux diplômés opérationnels et répondant aux besoins spécifiques de l'entreprise. La formation est assurée par les enseignants universitaires et les cadres des sociétés concernées et les immersions en entreprise sont obligatoires. Les étudiants ont la garantie d'être embauchés dès l'obtention de leur diplôme. Depuis quelques années, de plus en plus de grandes entreprises organisent des cursus diplômants, en collaboration avec des universités ou des écoles de commerce. Ce n'est évidemment pas par simple altruisme. L'objectif est clair : trouver des nouveaux diplômés immédiatement opérationnels. Une telle approche permet de remédier à l'inadéquation formation/emploi à l'origine d'un taux de chômage élevé, chez les lauréats des universités en particulier. Ainsi, le groupe Veolia Environnement Maroc a lancé en 2005 une licence professionnelle en assainissement en milieu urbain, en partenariat avec les universités de Limoges, Cadi Ayyad de Marrakech, Abdelmalek Essaâdi de Tanger/Tétouan et Hassan II de Mohammedia. Ce cursus a pour premier objectif de former des professionnels aux métiers de l'environnement, et, plus précisément, à l'assainissement en milieu urbain. «L'assainissement est un métier encore nouveau. On trouve rarement des candidats qui maîtrisent ce domaine», explique Salim Ennaji, DRH de Veolia Environnement Maroc. Lydec, l'autre distributeur d'eau et d'électricité, s'est également rapprochée des universités, mais en finançant des travaux de doctorat sur des thèmes relatifs à son domaine d'activité. Récemment, c'est Attijariwafa bank qui a monté, en partenariat avec la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l'université Hassan II de Casablanca et des partenaires espagnols, Banco Santander et l'université Cantabria, un master «banques et marchés financiers». Le plus ancien de ces programmes spécifiques est sans doute le master «droit des assurances», lancé par cette même faculté en partenariat avec la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et réassurances (FMSAR) . «Le master existe depuis 1996 et il a toujours le même succès. Chaque promotion est assurée de décrocher un CDI avant même la fin des stages», se réjouit Ahmed Essalmi El Idrissi, doyen de la faculté. A un niveau un peu moins élevé – il s'agit du programme Taehil -, Maghreb Steel vient d'intégrer 140 jeunes formés par l'Ecole nationale supérieure d'électricité et de mécanique (Ensem) dans le cadre d'un partenariat avec l'Agence nationale pour la promotion de l'emploi et des compétences (Anapec). Difficile parfois d'assurer la continuité de ces formations Concrètement, les entreprises s'impliquent dans l'élaboration des programmes pédagogiques, participent aux recrutements des étudiants et aux décisions stratégiques et mettent leurs cadres à la disposition de l'université pour l'enseignement d'un certain nombre de disciplines. Ces cadres viennent compléter la formation académique ou théorique par leur expertise sur le terrain, participant ainsi à la réduction de l'écart entre les exigences du monde du travail et les disciplines enseignées. Outre le volet académique et pratique, les entreprises travaillent sur le comportemental, un aspect important pour lequel l'université n'est pas outillée. Bien évidemment, ces formations sont complétées par des stages obligatoires en entreprise. Il est clair que, pour les étudiants qui ont accès à ces cursus, l'accès à un emploi dès l'obtention du diplôme est garanti. La réussite dépend cependant du suivi. «Souvent, de tels projets peinent à durer parce que le suivi des stages n'est pas fait avec sérieux», déplore un responsable RH. De plus, au niveau des universités, le nombre parfois dérisoire des participants ne permet pas d'assurer la continuité de telles formations. Pour autant, ce type de partenariat est appelé à se multiplier tant les entreprises, dont certaines ont directement ouvert leur propre académie, se montrent décidées à réduire le déficit en ressources humaines compétentes auquel elles sont confrontées.