La mosquée Hassan II n'est pas seulement un lieu de culte, de prières ou un monument patrimonial. C'est tout un univers de culture et d'arts traditionnels. Zellij, taille de la pierre, plâtre, tissage traditionnel... Une académie est consacrée justement à ces arts ancestraux. Peu de gens savent que parmi les dépendances de la Mosquée se trouve un centre de formation dans les métiers traditionnels marocains. Un haut lieu de la promotion de l'économie sociale et de la sauvegarde d'un patrimoine ancestral. L'Académie des arts traditionnels est une institution unique en son genre sur le plan national rarement égalée au niveau international. Créée le 31 octobre 2012, c'est d'abord un espace académique qui remplit les conditions artistiques et scientifiques permettant aux grands maîtres-artisans de transmettre aux nouvelles générations, avec fidélité et probité, les métiers et les habiletés qu'ils ont hérités de leurs ancêtres. Il est aussi un lieu où se côtoient la dextérité manuelle des métiers et les connaissances scientifiques, technologiques et historiques. C'est aussi un haut lieu de recherche scientifique dans le domaine des arts traditionnels à travers l'exploration et l'archivage des spécificités artistiques de l'art traditionnel et sa conservation contre toute altération. Ensuite, l'académie se veut un établissement formant de nouvelles générations d'artisans ayant les qualités requises pour innover dans le domaine sans porter atteinte aux traits caractéristiques profonds de l'artisanat marocain. Aussi, est-elle une institution de référence dans le domaine de la recherche et de l'expertise et élément moteur de communication avec les secteurs actifs en matière des arts traditionnels et ce, en termes de production, d'habilitation, de recherche et de promotion des produits. Enfin, et à travers la formation qui y est dispensée, l'Académie des arts traditionnels est appelée à contribuer à l'enrichissement et à la valorisation du secteur de l'artisanat national, ce qui fera d'elle un chaînon capital dans le réseau des acteurs nationaux et internationaux concernés par les arts traditionnels et les activités connexes. Son rôle franchira les limites de l'économique pour s'étendre au culturel, sachant qu'elle contribuera à la sauvegarde, à la préservation et à la promotion des aspects artistiques et culturels propres à l'identité marocaine. Ceci est clair dans les missions dont elle est investie dont notamment celle d'assurer la formation des maîtres artisans et cadres de haut niveau, à travers l'acquisition de savoir-faire professionnel et pratique dans les divers métiers d'artisanat, notamment les métiers liés aux domaines des arts de bâtiment traditionnel, du bois, des métaux, du cuir et du tissage, ainsi que dans le domaine de la calligraphie. La formation continue des artisans dans les domaines précités et l'assistance technique et le conseil en matière de qualité en faveur des entreprises d'artisanat. L'académie est aussi chargée de mener des travaux de recherche dans le domaine des arts traditionnels en vue de promouvoir la créativité et l'innovation, d'effectuer des travaux d'expertise et d'études à la demande des organismes publics ou privés, de préserver les métiers et le savoir-faire traditionnels et de développer des relations de coopération, de partenariat et d'échange d'expertise avec tout organisme public ou privé, national ou étranger, dans le domaine des arts traditionnels. Des cursus et des filières Une action qui se traduit par un savoir-faire dispensé sous forme de formation théorique et pratique dans les cursus des filières qui sont aujourd'hui au nombre de 10. La filière «Plâtre», la filière «Zellij» où la formation est basée sur cet art ancestral qui est l'un des éléments essentiels de l'architecture marocaine. La filière «Pierre taillée» dont la contribution dans les arts de l'architecture traditionnelle au niveau local, national et international demeure exceptionnelle, d'où cette formation académique de haut niveau qui vise à former des artisans-cadres qui auront la noble mission de préserver ce métier enraciné dans le patrimoine artisanal national. A cela s'ajoute la filière «Maroquinerie» qui est l'un des piliers de l'artisanat marocain et constitue un vrai héritage qui nécessite des efforts considérables pour le conserver. C'est dans cette perspective que l'académie a donné naissance à une formation en art du cuir, dans le but de former des jeunes cadres-artisans ayant les compétences nécessaires pour conserver l'originalité des produits marocains reconnus dans le secteur de la maroquinerie et leur permettre aussi de découvrir le secteur de tannerie traditionnelle marocaine. La filière «Tissage traditionnel», un art traditionnel et ancestral marocain qui utilise notamment des produits de soie, de laine et de coton. Le tapis marocain, pour sa part, se caractérise par sa beauté, sa diversité, la vivacité de ses couleurs et par la laine comme matière première. Cette laine filée à la main qui, par sa finesse, donne tout le charme au tapis marocain. Ainsi que cinq autres filières notamment les filières, «Bijouterie», «Ferronnerie», «Bois peint», «Bois sculpté» et enfin «Calligraphie» dont la formation s'étale sur deux années qui se répartissent en 4 semestres. Cette formation est sanctionnée par une «attestation de fin de formation en calligraphie à l'Académie des arts traditionnels» avec l'une des deux options, à savoir «Calligraphie arabe» et «Art décoratif ou ornement». zoom Des hammams dans la pure tradition Contrairement à ce que beaucoup pensent aujourd'hui encore, les hammams de la mosquée ne sont pas privés. Il s'agit de hammams traditionnels ouverts au grand public et dont les prix d'accès varient en fonction des services souhaités. Réalisés dans le respect des normes et standards internationaux et ancrés dans la tradition arabo- musulmane, deux hammams pour femmes et pour hommes sont en service. Ils occupent une superficie de 3000m2 chacun. Un site unique en son genre, chacun des deux hammams dispose de bains maures traditionnels et de bains de santé en eau de mer chaude et d'une tisanerie. Les volumes principaux d'exploitation dans chaque hammam s'agencent en un grand hall de réception intégrant une tisanerie et une boutique, une zone de bains maures et ses 8 salles espaces de gommage et une zone de bains de santé en eau de mer chaude. Focus Un musée qui en dit long sur le patrimoine Inauguré en octobre 2012 par le Roi, le Musée de la Mosquée Hassan II remonte au lancement des travaux de construction de la mosquée lorsque les maîtres artisans présentaient au monarque défunt les échantillons qu'ils concevaient pour chaque art traditionnel (bois zouaqy et sculpté, zellij, marbre, cuivre, plâtre, etc.). Ces échantillons de matériaux utilisés lors de la construction de la mosquée ont été stockés pour constituer une collection de trésors artisanaux conçus par des maîtres artisans marocains de renom. Sur une superficie de 3160 m2, le musée, où sont exposés ces échantillons, fait office de préambule à la visite de la mosquée et donne une idée des étapes de la genèse de cet édifice qui allie tradition et modernité.