Le gouvernement persiste et signe. La concertation sociale, une expression tellement galvaudée par les politiciens qu'elle en a perdu tout sens. L'Exécutif est visiblement décidé à en faire véritablement un mode opératoire. Sa marque de fabrique. On se rappelle ainsi comment au lendemain de sa prise de fonction, le ministre de l'éducation nationale avait réservé les premiers rendez-vous de son agenda aux représentants des syndicats au sein de son département. C'était là un acte refondateur d'un nouvel état d'esprit qui s'est d'ailleurs confirmé au fil des semaines et des mois. Il s'en est suivi un accord avec lesdits syndicats, qui balisait la route pour un travail collectif dans l'intérêt général et celui de la réforme de l'enseignement. Quelques jours plus tard, une autre action de concertation fut initiée dans le même état d'esprit, cette fois-ci dans la santé publique. Ce secteur, comme celui de l'éducation, est prioritaire au plus haut niveau et le gouvernement l'avait placé en haut de liste de son programme. Avoir l'assentiment et l'adhésion des partenaires sociaux est donc décisif pour la suite. Puis, aux mois de février, mars et avril, la concertation avec les syndicats prit toute son ampleur, le gouvernement ayant décidé de donner au dialogue social un contenu concret. Là où d'autres se contentaient d'en faire un slogan saisonnier. Le résultat, on l'a vu : à la veille du 1er Mai fut dévoilé l'accord conclu entre le gouvernement et les syndicats les plus représentatifs et qui comportait une batterie de mesures fortes. Plus encore, et en marge du contenu de l'accord, une feuille de route fut pour la première fois établie pour que le process de concertations avec les partenaires sociaux soit véritablement institutionnalisé avec un agenda de rencontres préétabli et un cadre formel matérialisé par une autre première de l'histoire du Maroc, à savoir l'année sociale qui s'étendra désormais du 1er mai au 30 avril. La preuve que toute cette démarche dénote un réel état d'esprit inscrit dans la durée est la dernière initiative du gouvernement au sujet du projet de loi-cadre sur la santé. Ce texte a été à peine adopté et validé en conseil des ministres qu'une mouture a été remise en premier aux partenaires sociaux. Cette méga réforme, décisive, profonde, ne saurait être menée à bon port sans une concertation réelle et sincère avec toutes les parties prenantes. L'adhésion de toutes et tous est la seule voie viable vers la réussite d'un tel chantier.