Une extraction dentaire ou une circoncision, banales pour le commun des mortels, sont un casse-tête et un calvaire pour le malade atteint d'hémophilie. Une extraction dentaire, une circoncision ou un petit traumatisme au genou sont généralement des situations que l'on peut parfaitement vivre et dépasser sans séquelles. Elles se transforment cependant en calvaire pour tout malade souffrant d'hémophilie, une maladie hémorragique héréditaire due au déficit d'une protéine de coagulation, habituellement présente dans le plasma. Cette maladie se transmet de façon héréditaire de père en fille et de mère en fils. Son incidence est de 1 à 2 pour 10 000 naissances mâles. La personne hémophile manque d'un élément qui participe à la formation d'un caillot solide dans le processus de coagulation. Il peut s'agir du facteur VIII pour l'hémophilie A ou du facteur IX pour l'hémophilie B. On ne saigne pas plus qu'un autre mais plus longtemps car l'hémostase (processus physiologique qui arrête tout saignement) n'est pas complète. Selon la localisation de l'hémorragie, externe, interne, intramusculaire profonde ou intra articulaire, l'hémostase doit être assistée par l'injection d'une dose suffisante de médicament antihémophilique, aussi longtemps que la cicatrisation n'est pas assurée durablement. La Journée mondiale de l'hémophilie, célébrée le 17 avril de chaque année, est une occasion pour faire connaître cette maladie génétique du sang, rare et grave. Selon le Dr. Asma Quessar, hématologue au centre hospitalier Ibn Rochd de Casablanca, l'Association marocaine des hémophiles a recensé, en décembre 2006, 492 cas d'hémophilie (A 90% et B 10%). Ces chiffres sont certainement en deçà de la réalité. Le diagnostic de l'hémophilie peut être fait entre 6 mois et 6 ans. A condition que la famille ou le médecin traitant, devant une hémorragie persistante, pensent à cette pathologie. Les hémophiles, s'ils ne reçoivent pas les facteurs anti-hémophiliques, particulièrement durant l'enfance, après une chute ou suite à de petits traumatismes, développeront de nombreuses séquelles, notamment des arthroses. Le Ve Congrès maghrébin d'hématologie permettra de mener un travail de sensibilisation aux réalités d'une maladie peu connue, afin de mobiliser ministères de tutelle (santé, solidarité et handicapés), multinationales pharmaceutiques, ONG et corps médical. Dans notre contexte musulman, pour qu'un garçon puisse bénéficier d'une circoncision, il doit recevoir les facteurs anti-hémophiliques avant, pendant et après l'acte chirurgical, afin de parer à un risque hémorragique qui peut être mortel. Le montant peut atteindre 20 millions de centimes. Il existe aujourd'hui des traitements de plus en plus sophistiqués, assurant une amélioration des conditions de vie. Mais cela au prix de fortes contraintes, dont le coût exorbitant des médicaments.