Les Marocains ont demandé 18 milliards de DH de moins en produits finis de consommation importés : 95 milliards en 2020 contre 113 milliards en 2019 ! Contexte oblige, la structure du commerce extérieur a changé de visage en 2020. Sous l'effet de la crise sanitaire, l'année 2020 étant marquée par un ralentissement de l'activité économique aussi bien au niveau national qu'au niveau international, les principaux indicateurs des échanges extérieurs du Maroc ont affiché des résultats contrastés. De façon générale, tant les importations que les exportations de marchandises ont enregistré, en glissement annuel (comparaison entre janvier-décembre 2020 et janvier-décembre 2019), des baisses respectives de 14,1% et de 7,5%. Plus particulièrement, la baisse des importations de biens s'explique par le recul des importations de la quasi-totalité des groupes de produits, en l'occurrence des produits énergétiques (-26,5 MMDH), des produits finis de consommation (-17,9MMDH), des biens d'équipement (-17,2MMDH), des demi produits (-11,4 MMDH) et des produits bruts (-3,1MMDH). En revanche, les achats des produits alimentaires augmentent de 7,5 MMDH. La facture énergétique s'est établie à 49832MDH à fin décembre 2020 contre 76,3 MMDH à fin décembre 2019, soit -26,5MMDH. Le recul de la facture énergétique (-34,7%) est dû principalement à la baisse des approvisionnements en gas-oils et fueloils (-15,5 MMDH). Cette évolution s'explique par la baisse des prix de 33,5% (3 742 DH/T en 2020 contre 5626DH/T un an auparavant), conjuguée à la baisse des quantités importées (-9,8%) : 6 220 MT en 2020 contre 6 892 MT en 2019. S'agissant des importations des produits alimentaires, celles-ci se situent à 55,3 MMDH en 2020 contre 47,8 MMDH l'année précédente, soit une augmentation de 15,7%. Cette hausse se justifie de façon principale par l'accroissement des achats de blé (+4,2 MMDH) et ceux de l'orge (+1,5 MMDH) sur fond d'une mauvaise campagne agricole. Un grand potentiel de substitution des importations Plus en détail, et en se basant sur la liste des produits remarquables de l'Office des changes à fin 2020, les Marocains ont importé moins qu'en 2019 sur toutes les classes de produits confondus. Ainsi, les produits d'origine animale et végétale ont vu leur montant baisser de 12,5 milliards de DH à moins de 12,3 milliards. Idem pour les énergies et lubrifiants dont les importations ont dévissé lourdement de 76,3 à 49,8 milliards de DH. Les produits d'origine minérale n'ont pas dérogé à la règle : leurs importations ont reculé de 9,6 milliards de DH à 6,6 milliards. Signe de l'attentisme qui règne chez les patrons du privé et du public, les importations des produits finis d'équipement industriel ont baissé de 125 milliards de DH à 108 milliards à peine. La même tendance est observée au volet des produits finis de consommation. Selon le traitement des données des tableaux des produits remarquables de l'OC, la baisse a concerné tous les produits : ameublement (-500 MDH), voitures (-8 MMDH), téléviseurs et récepteurs (-100 MDH), réfrigérateurs et articles domestiques (-90 MDH), produits de beauté et parfumerie (-120 MDH), vêtements et chaussures (-732 MDH), jouets, jeux et articles de divertissement (143 MDH)..et d'autres rubriques. Dans la nouvelle stratégie de relance industrielle, le Maroc aspire désormais à substituer près de 83 milliards de DH d'importations, au lieu des 34 milliards annoncés initialement en septembre dernier par le ministre de l'industrie, Moulay Hafid Elalamy. 8 filières stratégiques, qui concentrent 92% des 34 milliards, sont déjà identifiés : textile (10,6 milliards), transports (5,1 milliards), industries mécaniques et métallurgiques (5 milliards), plasturgie (3,3 milliards), électrique-électronique (2,1 milliards), agroalimentaire (2 milliards), parachimie (2 milliards) et cuir (1,1 milliard). La révision à la hausse de la production locale en substitution aux importations est due essentiellement aux bons résultats affichés jusqu'ici par la banque de projets, un des piliers de la stratégie de relance industrielle post-Covid-19. Rappelons que dans le cadre de cette initiative lancée par le ministère de l'industrie, 100 projets d'investissement ont été mis en ligne, avec un objectif d'atteindre 500 d'ici le 4e trimestre 2021pour couvrir les 34 milliards de DH ciblés dans un premier temps. Cette initiative a pour objectif d'encourager l'entrepreneuriat industriel et le made in Morocco afin de satisfaire les besoins du marché local dans le cadre du plan de relance industrielle 2021-2023. Après le lancement, le 25 septembre dernier, de la banque de projets en ligne, le ministère a mis en place «la war-room», cellule chargée d'accompagner les porteurs de projets. Cette cellule a été contactée par 524 porteurs de projets dont elle a retenu 238, représentant un potentiel de substitution de 15,1 milliards de DH sur les 34 milliards fixés comme premier objectif. Pour les responsables du ministère du commerce et de l'industrie, ces résultats démontrent la mobilisation du secteur industriel marocain dans un contexte marqué par la crise sanitaire. À souligner que la stratégie de relance industrielle 2021-2023 ne vise pas la promotion du made in Morocco pour le marché local uniquement. Cette stratégie, déclinée en 5 axes et 3 chantiers prioritaires, devra permettre un impact brut sur la balance commerciale de 51 milliards de DH dans un premier temps : 34 milliards de DH par la substitution aux importations et 17 milliards via la concrétisation du potentiel additionnel à l'export. Allègement remarquable du déficit commercial en 2020 Le déficit commercial du Maroc s'est allégé de manière importante en 2020 selon l'Office des changes (-23%). Cet allègement s'explique par les baisses respectives des importations et des exportations de marchandises respectivement de 15,9% à 378 MMDH et de 8,4% à 239,22 MMDH, précise l'office dans son bulletin sur les indicateurs des échanges extérieurs, notant que le taux de couverture a enregistré une amélioration de 4,5 points à 62,4%. En glissement trimestriel, les exportations ont affiché une hausse de 29,3%, supérieure à celle des importations (+6,7%). Le repli des importations de biens s'explique par le recul des importations de la quasi-totalité des groupes de produits, en l'occurrence des produits énergétiques (-24,92 MMDH), des produits finis de consommation (-19,99 MMDH), des biens d'équipement (-19,02 MMDH), des demi-produits (-11,22 MMDH) et des produits bruts (-2,75 MMDH). En revanche, les achats des produits alimentaires ont augmenté de 7,15 MMDH. S'agissant des exportations, leur baisse fait suite à la diminution des ventes des secteurs de l'automobile (-10,8% à 66,29 MMDH), du textile et cuir (-18% à 28,6 MMDH), de l'aéronautique (-30,1% à 11,05 MMDH), des autres extractions minières (-21,7% à 2,88 MMDH), de l'électronique et l'électricité (-1,1% à 9,21 MMDH) et des autres industries (-12,8% à 19,15 MMDH). Ce recul est atténué, toutefois, par la hausse des ventes des secteurs de l'agriculture et agroalimentaire (+1% à 56,84 MMDH) et des phosphates et dérivés (+0,3% à 45,53 MMDH). Au titre des onze premiers mois de l'année dernière, la balance des échanges de services a affiché un excédent en baisse de 35,7% à 53,54 MMDH, indique l'office, ajoutant que les exportations ont reculé de 32,5% à 115,47 MMDH et les importations de 29,6% à 61,93 MMDH.