Constituée à 80% de PME, l'industrie solaire locale arrive à mettre divers produits technologiques sur le marché. La production nationale privée fait face à une concurrence rude de la part des produits importés, essentiellement de Chine. Hors appels d'offres publics, dont les opérateurs nationaux sont exclus de fait, l'industrie locale, composée à 80% de PME et TPME, arrive à lancer des projets qui leur permettent de survivre. En premier lieu, les produits de pompage solaire et ceux issus des projets en autoconsommation sont les plus importants. Selon Khalid Semmaoui, président de l'Association marocaine des industries solaires et éoliennes (Amisole), ces produits font tout de même face à une concurrence rude de la part des produits importés. La Chine, le plus grand producteur mondial, inonde les marchés mondiaux, dont le marché local, de produits à bas prix, bénéficiant de l'économie d'échelle. Au Maroc, les opérateurs n'arrivent conséquemment pas à battre ces prix, d'où, dit le président de l'Amisole, «la nécessité d'appliquer la préférence nationale». D'un autre côté, certaines dispositions locales, dont celles inclues dans la loi 13-09 (voir www.lavieeco.com), n'ont pas encore atteint le bout du tunnel juridique. Ces dispositions empêchent plusieurs projets de voir le jour. «Eu égard tous ces éléments, il faut trouver un moyen de favoriser la production nationale privée. Déjà, elle ne bénéficie ni de subventions ni des grands projets nationaux», poursuit M. Semmaoui. Dans le domaine de la recherche, c'est une autre paire de manches. Un grand nombre de projets réalisés par les centres de recherches et les universités nationales doit relever le défi de la commercialisation. C'est ce qui leur permettrait d'enrichir l'offre nationale privée, hors grands projets. Sur le terrain, l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen) a financé une soixante de projets en collaboration avec les universités nationales. Dans les plateformes d'innovation de l'Iresen, d'autres projets, dont ceux financés par la Commission européenne, voient le jour régulièrement. «Nous arrivons à réaliser des prototypes, mais il faut maintenant passer à la phase de commercialisation», souligne Badr Ikken, directeur général de l'Iresen. Plusieurs projets issus de la recherche nationale sont déjà implémentés. L'utilisation de la technologie solaire thermique dans l'industrie en est un exemple. Elle a permis à l'Iresen d'opérer un upscaling des process utilisant le fuel pour les remplacer avec le solaire à concentration thermique chez une grande entreprise publique nationale. Le photovoltaïque sert également à produire la chaleur chez les industriels marocains, au même titre que des solutions de traitement de l'eau sont matures et peuvent intégrer le marché national. «Nous menons actuellement un projet avec l'Université Internationale de Rabat. Il consiste à permettre le maintien en choc du bitume. Ce projet est prêt à être transféré à l'industrie nationale», précise Badr Ikken. Quid des technologies propres ? En ce qui concerne les technologies propres, il y a plusieurs produits créés par les plateformes d'innovation qui sont commercialisables. Cela va du chauffe-eau solaire à bas coût, développé par l'Iresen en collaboration avec l'Université de Fès, à la borne de recharge des véhicules électriques, fabriquée au Green Park Energy de Benguerir, en passant par des batteries fabriquées avec de l'énergie renouvelable. Les exemples sont nombreux. «Tous les projets sont prêts à être mis sur le marché», confirme le directeur général de l'Iresen. Cela dit, il reste ce lien à faire avec le marché. C'est la tâche à laquelle s'attelle l'Iresen actuellement. Aussi, au niveau de la commission «économie verte» de la CGEM, un sous-groupe s'occupe des écosystèmes industriels verts. Cette mission s'accorde parfaitement avec sa spécialité.