C'est parti pour l'amorce financière des projets destinés à la recherche appliquée dans le secteur des énergies renouvelables (EnR). L'Institut de recherche en énergie solaire et en énergies nouvelles (IRESEN) vient de passer à l'acte, et débloque simultanément deux de ses premiers appels à projets pour 2012. «InnoTherm I» et «InnoTherm II», dotés d'un montant de 20 MDH chacun, auront ainsi pour principal objectif de soutenir des projets de recherche appliquée et de développement dans les domaines des énergies renouvelables. L'idée est de «coordonner et de renforcer l'efficience de la recherche, développer l'innovation et encourager le réseautage tout en s'alignant sur la stratégie énergétique nationale», explique Badr Ikken, l'ingénieur à la tête de l'IRESEN. L'institut mènera ainsi la mise en œuvre de ces fonds d'appui, censés contribuer au développement de l'expertise et à la création de savoir-faire ainsi que de nouveaux métiers à forte valeur ajoutée dans le secteur des énergies renouvelables. «L'objectif, à terme, est d'instaurer un environnement favorable à l'innovation», complète le directeur de l'IRESEN. Dans le détail, ces appels à projets s'articulent autour de deux grandes thématiques. «InnoTherm I» est ainsi consacré à la filière particulière du «solaire thermique». Les projets qui seront potentiellement appuyés devront de ce fait toucher à la «simulation, la modélisation, l'architecture et système». Quant à InnoTherm II, ce sont les «technologies Support» du secteur solaire qui sont concernées (composants, stockage, réseau, etc.), mais aussi les «applications du solaire thermique» (dessalement, froid, vapeur, four solaire, etc.). «la programmation de ces thématiques a été effectuée suite à des consultations des membres fondateurs, des acteurs nationaux concernés, des chercheurs et des industriels ainsi qu'aux recommandations du Conseil scientifique de l'IRESEN», complète Ikken. Deux fonds, plusieurs thématiques D'une pierre deux coups, InnoTherm I et InnoTherm II visent également à consolider les liens entre les universités marocaines, instituts de recherche et industriels marocains afin de favoriser le transfert de technologie et garantir une transposition rapide des résultats de la recherche en produits innovateurs. En bref, ce sont les chaînons manquants qui viennent d'être ajoutés à la chaîne de développement et de promotion des énergies renouvelables. Les responsables de l'IRESEN sont, en tout cas, convaincus que l'accompagnement des grands projets énergétiques nationaux ainsi que la création de savoir-faire technologique, devraient impacter positivement le développement d'une industrie locale du green, ainsi que le marché du travail. Sur ce dernier aspect, il faut savoir qu'une récente étude commandée par le ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, a permis d'identifier les besoins en compétences des différentes filières de production d'énergie renouvelable en développement sur le marché local. Le secteur éolien, pour ne citer que cet exemple, projette, dans le scénario d'une intégration industrielle minimale, la création de 2.023 emplois supplémentaires (982 liés aux installations annuelles et 1.041 autres liés à l'exploitation), à l'horizon 2025. Les prochaines étapes... L'IRESEN voit grand. En 2013, les appels à projets de l'Institut devraient porter sur les mêmes thématiques qu'en 2012, et seront complétés par le photovoltaïque et l'éolien. En 2014, il y aura une continuité des thématiques des première et deuxième années et l'annonce des thèmes des quatrième et cinquième années après évaluation des trois premières années. Sur un point de vue beaucoup plus global, c'est quelque 250 MDH du Fonds de développement énergétique que la tutelle a décidé d'allouer au financement de la recherche appliquée et technologique dans le secteur des énergies nouvelles, particulièrement dans le solaire. Ce fonds est ainsi placé sous la gestion de l'IRESEN et devrait être réparti sur 10 appels à projets entre 2012 et 2016. À terme, le programme compte appuyer financièrement une vingtaine de grands projets de recherche et de développement dans le secteur des énergies renouvelables. L'idée est par ailleurs de contribuer à la promotion de la création de clusters d'innovation dans le domaine. Pour rappel, la candidature au financement de ce fonds sera ouverte aux institutions de recherche et aux entreprises locales et étrangères qui souhaiteraient opérer des activités R&D sur le territoire national -exclusivement- dans les filières précitées. Par ailleurs, les consortiums soumissionnaires devraient être composés d'au moins une institution de recherche marocaine et au moins une entreprise marocaine, pour être éligibles au fonds. Expertise en promo Les premières interventions de l'IRESEN ne seront pas uniquement d'aspect financier. L'Institut de recherche travaille également sur plusieurs autres initiatives. L'une des principales concerne les projets «ATLAcôtes», déjà en cours de réalisation, pour une finalisation prévue en juin 2012. L'objectif de ces projets est de développer un logiciel sur la base d ́un modèle d ́évaluation d ́images satellitaires pour cartographier le gisement éolien des zones côtières marocaines (onshore et offshore). Ce système devrait également permettre une classification des zones côtières marocaines, ainsi que le développement de l ́expertise dans l ́évaluation des images satellitaires pour la modélisation des cartes du vent. À cela devrait aussi s'ajouter, dans le courant du mois, la création d'un laboratoire photovoltaïque (PV) de couche mince à multiples jonctions en silicium. L'objectif ici est de promouvoir le développement d'une certaine expertise dans le domaine de la photovoltaïque couche mince, le soutien au développement d ́une industrie PV couche mince sur le marché local et sur toute la chaîne de valeur. L'Agence du développement des énergies renouvelables, de l'efficacité énergétique et la KOICA, l'agence coréenne de coopération internationale, sont parmi les principaux partenaires de ces projets.