Le résultat d'exploitation du marché progresse de 7,1 % et le chiffre d'affaires s'améliore de 6 %. Grâce à des éléments exceptionnels, le résultat net bondit de 21,5 % et la marge nette gagne 1,1 point. Assurance, énergie et agroalimentaire surperforment le marché. Les prévisions se sont finalement avérées être trop pessimistes. Les réalisations des sociétés cotées au bout du premier semestre 2003 auront été meilleures que celles anticipées par les analystes. Globalement, le résultat net du marché a progressé de 21,5 %, alors que l'on disait qu'au mieux, il serait stagnant par rapport à la même période de l'année dernière. Il est vrai que la hausse est quelque peu dopée par des éléments non courants, mais il n'empêche que le résultat d'exploitation, baromètre de l'évolution de l'activité courante des sociétés cotées, progresse de 7,2 %, ce qui est loin d'être négligeable. Il passe en effet de 7,1 à 7,6 milliards de dirhams. De même, le chiffre d'affaires agrégé s'améliore de 6 %, marquant ainsi le dynamisme commercial des représentants de l'économie marocaine à la Bourse casablancaise. Au terme du premier semestre de l'exercice en cours, ces derniers ont «vendu» pour 48,2 milliards de dirhams contre 45,5 milliards deux semestres plus tôt. Dans la foulée, la marge nette (résultat net sur chiffre d'affaires) s'est appréciée d'un 1,1 précieux point, passant de 7,9 à 9,0 % d'un semestre à l'autre. Enfin, la marge opérationnelle (résultat d'exploitation sur chiffre d'affaires) fait du surplace. Normal, le résultat d'exploitation agrégé du marché a évolué dans les mêmes proportions que le chiffre d'affaires. La marge opérationnelle reste toutefois à un niveau très satisfaisant de 15,8 %, au terme du semestre passé. La lecture globale des chiffres ne donne cependant pas une idée claire sur l'évolution réelle des différents secteurs et encore moins sur celle des entreprises cotées. La performance agrégée du marché cache en réalité des évolutions contrastées, marquées par des exploits remarquables comme des affaissements inquiétants. Des exploits remarquables et des affaissements inquiétants Le secteur qui affiche la plus forte croissance en termes de résultat net est, de loin, celui des assurances. Mais cela s'explique quasi exclusivement par le sursaut du résultat de Wafa Assurance qui passe de 45,5 à 522 millions de dirhams. Un bond qui se justifie lui-même par l'amélioration du résultat opérationnel, mais surtout par une plus-value de 477 millions de dirhams, réalisée suite à la participation à l'Offre publique d'échange lancée par la BCM sur Wafabank. Autrement, le résultat ne se situerait qu'à 57 MDH, ce qui marque tout de même une hausse de 25,4 % par rapport au premier semestre 2003. Si l'on poursuit le classement, mais en se fondant sur le résultat d'exploitation (REx), c'est le secteur «énergie et mines» qui arrache la deuxième position. Davantage l'énergie que les mines, en réalité. Puisque la croissance du REx de ce secteur (+14,5%) est la moyenne pondérée d'une performance de 112,3 % du premier sous-secteur représenté par Samir et Afriquia Gaz et d'une baisse de 72,5 % du deuxième, représenté à la cote par Managem et SMI. Le REx de Samir passe en effet de 42 à 120,3 millions de dirhams. Ce n'est pas étonnant, compte tenu du caractère exceptionnel des réalisations du premier semestre 2003, marquées par les incendies de novembre 2002 qui avaient occasionné des dommages aux installations techniques de la raffinerie de Mohammédia. Signalons au passage que les coûts de remplacement et de réparation de ces dommages seront couverts par les compagnies d'assurances. Les dépenses y afférentes engagées au cours de cet exercice seront, peut-on lire dans l'attestation des commissaires aux comptes de Samir, poursuivies au cours du deuxième semestre 2004 et de l'exercice 2005, et seront remboursées au fur et à mesure de leur réalisation. Le secteur agroalimentaire, avec une croissance de 13 % de son résultat d'exploitation, arrive en troisième position. Il est essentiellement tiré par Lesieur, Brasseries du Maroc et Branoma qui voient leur REx progresser respectivement de 36,6, 36,4 et 20,1 %. A une exception près (Oulmès), toutes les sociétés cotées du secteur affichent des évolutions positives et ce, tant au niveau de l'exploitation qu'à celui du résultat net. In fine, ce secteur – dont le chiffre d'affaires agrégé progresse de 4,2 % par rapport au premier semestre 2003, à 6,4 milliards de dirhams et le résultat net de 6 %, à 540 millions de dirhams – surperforme le marché. Autre secteur phare, les holdings qui, sans pour autant surperformer le marché, réalisent une évolution positive de 2,1 % en termes de REx et de… 27,1% en termes de résultat net. Sur ce deuxième critère, ils sont largement meilleurs que le marché dans sa globalité. A l'origine se trouve la bonne prestation d'ONA et SNI, principaux représentants de ce secteur à la cote. La traversée du désert se poursuit pour le crédit à la consommation Au chapitre des baisses, ce sont les sociétés de financement qui accusent le plus fortement le coup. Mais nuançons, si le crédit à la consommation affiche un recul de 7 % du REx et de… 120% du résultat net, le leasing, lui, réalise des performances diamétralement opposées. Son REx progresse de 33 %, alors que son résultat net est multiplié par trois. C'est Maroc Leasing qui est à l'origine de la bonne nouvelle. Son adossement à la CDG, ponctué par un plan de restructuration, lui a permis de renouer avec les bénéfices (+8,36 MDH contre –6 MDH un an auparavant) et d'améliorer considérablement son PNB (+73% à 36,8 MDH). Une performance d'autant plus louable qu'elle s'accompagne de la poursuite de l'effort d'assainissement du bilan avec des provisions pour créances en souffrance en hausse. Maghrebail, quant à elle, et malgré la croissance appréciable de ses encours de 7,8 % à 2,55 milliards de dirhams, se résigne à céder son fauteuil de leader à Sogelease. Hormis ce point symbolique, les indicateurs de la filiale du groupe Benjelloun, sont loin d'être décevants avec un PNB en croissance de 3,5 % à 48,8 MDH, une évolution du RBE en phase et un bénéfice en progression de 1,5 % à 14,2 MDH qui ne fait pas d'entorse à la politique historique de saine croissance, au regard d'un taux de contentieux d'à peine 6,64 %. Le crédit à la consommation, on le sait, peine à restaurer la qualité de ses actifs et solder les stigmates d'un passé proche. C'est clairement visible sur les comptes. Avec une marge d'intérêt en recul de 1,4 % en moyenne et un résultat des opérations de crédit-bail qui n'arrive toujours pas à contribuer significativement aux revenus d'exploitation, son produit net bancaire (PNB) fait du surplace, à l'image du leader Eqdom, dont le PNB a régressé de 1 % à 229,5 MDH. Mais, là aussi, la quasi-stagnation générale masque des évolutions individuelles assez contrastées. C'est ainsi que, de Diac Equipement, dont le PNB a carrément viré au rouge à -1,1 MDH à Taslif, qui enregistre un bond de 83 % à 12,6 MDH (grâce essentiellement à des produits de propriétés et non aux intérêts sur créances), les performances sont assez disparates. Outre les contre-performances non surprenantes de Diac Salaf et Sofac, le redressement notoire d'Acred (+11% à 34,4 MDH) atteste que des restructurations heureuses sont aussi possibles. Conjugué à une légère hausse des frais généraux (+2% en moyenne) et à une croissance de 18 % des provisions pour créances en souffrance, le résultat net ne pouvait que décliner chez la majorité des représentants du secteur. Pis encore, le résultat cumulé des sept sociétés cotées ressort déficitaire à –8,01 MDH et ce principalement à cause des pertes colossales (-59,7 MDH) dégagées par Crédor, qui subit le même nettoyage en profondeur que celui réservé à Wafabank et à ses filiales dans l'optique de l'émergence d'Atijariwafabank et des déficits persistants de Sofac (–24,8 MDH contre –28,8 MDH à fin juin 2003). D'ici à la fin de l'année, date butoir de mise en conformité totale avec les nouvelles normes de provisionnement édictées par Bank Al Maghrib, le marché restera donc focalisé sur les prémices des plans de restructuration dont dépend la survie des éclopés du secteur. Les banques, elles, marquent une régression de leur résultat brut d'exploitation de -3,6 %, alors que leurs résultats nets sont en hausse de 34 % en moyenne ( voir encadré). Les analystes notent cependant les performances assez mitigées réalisées par la BCP, nouvelle recrue de la cote. En effet, si au niveau du PNB la satisfaction est de mise avec une progression de 8,4 % à 391,9 MDH qui provient essentiellement du bon comportement des opérations de change (+41%) et non de la marge d'intérêt, la suite des résultats suscite nettement moins d'enthousiasme, surtout au niveau du résultat des immobilisations financières qui vire à –111 MDH, contre +77,93 MDH un an auparavant. La dépréciation des titres CIH n'est sans doute pas étrangère à cette situation. Autre motif d'inquiétude, celui de la croissance exponentielle des créances en souffrance qui se hissent à 106,2 MDH (contre 11,9 MDH à fin juin 2003), mais son impact reste limité sachant que les créances sur la clientèle ne représentent que 7,5 % du total bilan (malgré leur croissance de 35 % à 4,7 milliards de DH). Enfin, les reprises des provisions pour risques et charges suite au règlement du litige fiscal et une politique fiscale qui a permis d'économiser près de 100 MDH en IS transmuent une chute de 36 % du RBE en une quasi-stagnation (+0,5%) du résultat net à 246,14 MDH. Les adeptes des croissances harmonieuses et lisibles de l'alpha à l'oméga du CPC resteront donc sur leur faim. Enfin, la branche des matériaux de construction (cf. La Vie éco du 24 septembre) fait aussi partie des secteurs qui déçoivent. Avec un REx en stagnation, le résultat net s'inscrit, lui, en retrait de 8,2 % Les valeurs BTP considérées comme un placement relativement sûr, il y a à peine un an, accusent le coup. Evolution des sociétés et des secteurs, sur la base des résultats d'exploitation.