Une décision de la Commission de la pharmacopée octroie le monopole de 1 935 dispositifs médicaux (DM) stériles aux pharmaciens. Les professionnels des dispositifs médicaux ont plus de marge que les pharmaciens. C'est une décision qui semblait être au diapason des attentes des pharmaciens, mais ce n'est pas le cas. Le 24 septembre, la Commission nationale de la pharmacopée, présidée par Jamal Taoufik, directeur des médicaments et de la pharmacie (DMP) du ministère de la santé, a arrêté une liste de 1 935 dispositifs médicaux stériles sur 80 000 références. Ces produits «doivent être vendus au public exclusivement par les pharmaciens». Du côté de ces derniers, on estime que ce n'est pas assez. Selon Hamza Guédira, président de l'Ordre des pharmaciens, «non seulement il faut étoffer cette liste et rapatrier d'autres catégories, comme les compléments alimentaires et les produits dermo-cosmétiques, dans le monopole des pharmacies, mais il faut également mettre à jour l'arsenal juridique actuel, qui est caduc». Or, ni le DMP ni l'Association marocaine des professionnels des dispositifs médicaux (AMPDM) ne partagent cet avis. D'un côté, il faut chercher des explications de la position des officines dans les difficultés que connaît le secteur pharmaceutique, estime M. Taoufik (voir "Avis"). Des difficultés qui poussent ce secteur à chercher d'autres débouchés. «D'un autre côté, l'arsenal juridique régissant les dispositifs médicaux (DM), constitué de la loi 17-04 et de la loi 84-12, est complet et ses dispositions sont claires», poursuit le DMP. Cette position, Anouar Yadini, président de l'AMPDM, la corrobore. «Les lois en vigueur sont suffisantes pour encadrer le secteur. Le secteur des DM est même plus réglementé qu'en UE. Les 2000 acteurs de ce secteur disposent de l'autorisation du ministère de la santé. Aussi, tous les produits mis sur le marché sont également enregistrés. Le problème à mon sens n'est pas d'ordre législatif. Le problème est que le secteur pharmaceutique est en difficulté et qu'il cherche à avoir plus de monopole», a-t-il souligné. Les professionnels des DM ont plus de marge En dehors de la liste des 1935 produits, les professionnels des DM ne jouissent pas d'un monopole sur la vente de ces produits. Les pharmacies peuvent les commercialiser aussi. Par contre, c'est dans la marge que se joue la concurrence entre les deux. Grâce à une chaîne de distribution réduite, les premiers disposent de plus de marge (20% en moyenne). En face, les pharmacies sont handicapées par un circuit de distribution plus lourd. «Ce qui fait que les DM vendus dans les pharmacies sont plus chers. Donc, si plus de monopole est accordé à celles-ci, le consommateur paiera plus cher pour acheter ces produits. Un cas concret s'est produit dernièrement : l'anesthésie dentaire se vend exclusivement dans les officines, suite à une décision ministérielle. Et, en une année, les prix ont doublé», précise M. Yadini. En termes de volume, les deux marchés ne sont pas semblables. Si le marché des dispositifs médicaux est d'environ 3 milliards, celui des médicaments répresente entre 12 et 13 milliards de dirhams, selon une étude réalisée par Business France en 2018. Pour le président de l'Ordre des pharmaciens, le marché pharmaceutique reste limité. «Les baisses substantielles des prix des médicaments ont pratiquement mis à genoux le secteur, car il n'y a pas eu d'étude d'impact préalable à cette baisse, ni d'anticipation ni de mesures d'accompagnement», a-t-il conclu. Anouar Yadini, Président de l'Association marocaine des professionnels des dispositifs médicaux (AMPDM)
Jamal Taoufik, Directeur des médicaments et de la pharmacie au ministère de la santé