A l'ancienne porte 17 de la plage Ain Diab de Casablanca, nous avons rencontré Ahmed El Mansour, un jeune Casablancais qui a fait de sa passion, le temps d'un été, son travail : maître nageur-sauveteur. Portrait. Ahmed El Mansour n'a que 20 ans. Malgré l'opposition de sa maman, qu'il a réussi finalement à convaincre, ce jeune homme a fait le choix de vivre une expérience qui lui tenait à coeur depuis fort longtemps : être maître nageur-sauveteur. C'est à l'ancienne porte 17 de la plage Ain Diab que nous l'avons rencontré. Casquette vissée sur la tête, cet aîné de sa petite famille garde les yeux, depuis le poste de contrôle, rivés sur les baigneurs. Contrairement à ces derniers, il n'est pas là pour piquer une tête ou prendre un bain de soleil, mais pour assumer une lourde responsabilité. Celle de sauver des vies. Le rapport à la mer "Je fréquente la mer depuis l'âge de 5 ans, été comme hiver, grâce à mon oncle", nous dit-il sourire aux lèvres, comme pour exprimer un sentiment de fierté. Dès l'enfance, Ahmed a partagé la passion de son oncle : la pêche à la canne. Avant de se prendre de passion pour le surf. Avril 2019, à l'approche de la saison estivale 2019, il s'était rendu à la caserne de la protection civile à Casablanca, pour déposer sa candidature . "Cette fois-ci ça a marché. Car, avant, je n'avais pas l'âge requis pour postuler", nous dit-il. Parce que la passion, à elle seule, ne suffit pas pour devenir maître nageur-sauveteur, les prétendants doivent passer, outre la visite médicale, un test physique. Cet étudiant en deuxième année, option comptabilité, à l'OFPPT, nous restitue les étapes à franchir : "D'abord, il faut nager 50 mètres, en moins de 40 secondes, dans un bassin de la protection civile. Puis, être capable de parcourir une distance de 25 mètres, sous l'eau. Ensuite, secourir un mannequin de 90 kg". Il a réussi ce test physique ainsi que le visite médicale, pour bénéficier ensuite d'une formation dans le secourisme, avant d'être affecté à la porte 17 de la plage Casablancaise, avec trois autres collègues, en mai 2019. Que fait-il de sa journée ? Ahmed se souvient de son premier jour à la mer, en tant que maître nageur-sauveteur. "C'était au Ramadan. Pendant ce mois, j'ai aidé à secourir 2 personnes, qui ont failli perdre la vie", raconte-t-il. L'activité ne s'est intensifiée qu'après Ramadan. Depuis qu'il a été affecté, Ahmed a une journée type qu'il nous résume ainsi : "j'arrive chaque jour à 8H pour quitter à 20H. J'ai une journée de repos par semaine. Le matin, je m'échauffe, pour être prêt à intervenir à tout moment. Un petit footing, quelques pompes avec les collègues, et voilà que nous sommes prêts à démarrer une longue journée". Son travail ne se résume pas uniquement à la surveillance et au secourisme des gens en difficulté en plein mer. Il les oriente en permanence. "Quand j'arrive le matin, je repère les endroits où je dois conduire les baigneurs. Je les éloigne des fonds d'eau", nous dit-il. Selon lui, certains comprennent et suivent ses conseils, d'autres n'en font qu'à leur tête. Il nous explique que les zones où il y a des fossés sont dangereuses, puisque le courant peut facilement les tirer vers l'intérieur. Depuis mai, Ahmed nous a dit qu'il a secouru des dizaines de personnes. Quand nous lui avons posé la question sur les difficultés de ce travail, sa réponse a été simple : "je ne trouve aucune difficulté. J'ai toujours voulu faire ce travail". Pour lui, "il est inconcevable de voir quelqu'un en danger, qui risque de se noyer, et de ne pas lui apporter de l'aide". En faisant ce travail, Ahmed gagne 2500 DH par mois. C'est aussi dans cet univers qu'il veut, à terme, créer son projet : "une école de surf", nous dit il, les yeux rivés sur la mer, pendant quatre mois.