Près d'un million d'élèves poursuivaient leurs études dans des écoles privées, soit un élève sur sept. Que retenir du mouvement de protestation mené depuis quelque temps par les étudiants en médecine issus de l'enseignement public ? Le sujet est complexe. Mais s'il y a un slogan qui s'est distingué pendant ces manifestations, c'est bien celui relatif à la privatisation de l'enseignement décriée à cor et à cri par les grévistes. En dehors de la filière de la médecine qui jouit d'un bon niveau de formation, la véritable question qui se pose est la suivante: Quelle est la place de l'enseignement public et quelle qualité veut-on bien lui attribuer ? Voyons tout d'abord quelques chiffres : pour l'année scolaire 2017-2018, près d'un million d'élèves poursuivaient leurs études dans des écoles privées, soit un élève sur sept; durant cette même année scolaire, un tiers des établissements scolaires au Maroc relevait du privé, selon les données communiquées par Said Amzazi en juillet dernier. C'est dire que l'enseignement privé est devenu une réalité qu'on ne peut occulter, au moins jusqu'au Bac. Il évite à l'Etat d'investir dans la formation. Il la supplée en quelque sorte. Le problème c'est qu'il introduit des inégalités : celui qui a les moyens peut avoir accès à une formation de haut niveau. Celui qui n'en a pas n'a de choix que de se contenter de ce que peut bien lui offrir aujourd'hui l'école publique. Et c'est ça le fond du problème. Nous ne pouvons vivre sereinement cette «privatisation» de l'enseignement que dans un seul cas : lorsqu'on aura en face un enseignement public de qualité. Pour cela, l'Etat doit investir en dehors de toute idéologie: un enseignement bilingue, trilingue... Or, une partie non négligeable de la réforme n'est toujours pas appliquée. La loi-cadre est toujours bloquée. Et au final, privatisation ou pas, c'est la qualité de l'enseignement public qui est au cœur du débat. Instrument de cohésion et de promotion sociale, l'école publique ne peut se permettre de disparaître. Bien au contraire, elle se doit de s'améliorer, se réinventer. Et ça c'est une revendication légitime. Car dans l'enseignement tout comme dans la santé, on ne peut pas se passer d'un service public de haut niveau. C'est une donnée fondamentale pour l'égalité. A se focaliser sur la présence ou non du privé, on risque de se tromper de combat.