Tout en poursuivant son objectif de doublement des capacités minières et triplement de celles de la valorisation à l'horizon 2028, le groupe OCP ne veut s'appuyer que sur les eaux usées épurées et dessalées pour atteindre son objectif. L'OCP ne peut se passer de l'eau. Il lui en faut beaucoup, en effet, sur chaque maillon de sa chaîne de valeur : extraction des phosphates, traitement et valorisation. A présent, le groupe utilise 0.3% des eaux conventionnelles ou souterraines du royaume pour mener son activité industrielle. D'ici 2028, il ambitionne de réduire à 0% sa consommation des eaux douces, en s'appuyant sur son programme économie circulaire, crée en 2018. Une réduction nécessaire, dans la mesure où le groupe cherche à doubler ses capacités de production minière et tripler ses capacités de valorisation industrielle, à l'horizon 2028, prévues par la stratégie de transformation industrielle du groupe. Dans le cadre d'une rencontre avec l'équipe du programme économie circulaire relevant de l'OCP, ce jeudi 21 Mars à Casablanca, il a été question de mettre en avant ce qui se fait pour atteindre cet objectif. Pour arriver au niveau zéro de consommation des eaux conventionnelles, deux pistes sont exploitées. La première consiste à optimiser la consommation de l'eau au niveau de la chaîne de valeur du groupe, allant de la mine jusqu'au complexe, en passant par le transport du phosphate. La seconde piste, elle, porte sur le recours aux eaux non conventionnelles. Pour ce qui est de l'optimisation à l'étape des mines, elle se fait au niveau des laveries. « Nous faisons en sorte que les laveries du phosphate soient un circuit fermé », nous a dit Zineb Benjelloun, responsable du programme eau au sein du programme économie circulaire de l'OCP. Ce circuit permet en effet d'économiser à hauteur de 80% la consommation des eaux, grâce au recyclage. Sur la partie transport, un pipeline, transportant le phosphate sur une distance qui dépasse les 100 Km, permet d'économiser près de 3 millions mètres cube d'eau par an. "Lorsque le transport du phosphate se faisait à bord des trains, on était obligés de le sécher, à Khouribga, pour le laver ensuite au niveau du complexe, à Jorf Lasfar. A présent, nous n'avons plus besoin de le sécher parce que le pipeline permet de transporter le phosphate mouillé", nous explique la chargée d'eau au programme économie circulaire. Dans le complexe de transformation de Jorf Lasfar, « des procédés technologiques sont mis en place pour permettre d'économiser jusqu'à 25% des eaux brutes », ajoute-elle. Objectif : 100% des eaux non-conventionnelles Le groupe OCP utilise, dans son activité industrielle, 30% de sa consommation est en eaux non conventionnelles. Son objectif est d'atteindre 100%. Par quels moyens ? l'épuration des eaux-usées et le dessalement. Jusqu'à présent, le groupe a construit trois stations d'épuration des eaux usées : à Khouribga en 2012, à Ben Guérir et Youssoufia en 2015. Ces trois stations d'épuration permettent de traiter jusqu'à 10 millions de mètres cubes d'eaux usées par an. Ces dernières sont « réutilisées, en grande partie, dans le lavage du phosphate et les activités minières mais aussi dans l'arrosage des espaces verts », nous explique Zineb Benjelloun. Le groupe s'appuie, de plus, sur deux stations de dessalement. La première située à Laâyoune permet de traiter 1,4 million mètres cube par an. La deuxième se situe, elle, à Jorf Lasfar. « C'est la plus grande station de dessalement au Maroc, à 800 millions de DH d'investissement. Elle alimente le complexe de valorisation par 25 millions mètres cube par an. Sa capacité de traitement sera portée à 40 millions de mètres cube par an », nous indique-elle. A Boucraa, une station de dessalement est en cours de construction. Elle sera livrée dans 3 à 4 ans, pour un budget de 250 millions de DH, avec une capacité de traitement de 7,5 millions de mètres cube par an. Selon Zineb Benjelloun, « d'autres station de dessalement suivront ».