Un avocat d'affaires bénéficie le plus souvent de deux types de références : un diplôme d'une grande école de commerce et une solide formation en droit. Le système d'enseignement marocain n'est pas adapté aux exigences du métier. La pratique du droit des affaires est non seulement valorisante mais également très rémunératrice. Mondialisation oblige, le Maroc est depuis quelques années une destination privilégiée pour un bon nombre de cabinets d'avocats d'affaires internationaux. Norton Rose, UGGC, CMS Bureau lefebvre ou encore les espagnols Carrigues et Llorenz & Diaz de Aguilar. De plus en plus de cabinets de renommée mondiale ouvrent des antennes au Maroc, plus particulièrement à Casablanca. Pour ne prendre que l'exemple de Norton Rose, ce cabinet de renommée mondiale (même si il n'est pas présent physiquement), génère annuellement une cinquantaine de dossiers au Maroc dont une quarantaine aboutissent. Il compte parmi ses clients la CDG, Akwa Group, Attijariwafa Bank, TMSA ainsi que d'autres grands comptes. L'américain White & Case ou encore le britannique Chadbourne & Parke s'intéressent également au Maroc et suivent de près son évolution économique. Si cet afflux des cabinets spécialisés en conseil juridique s'explique, selon certains professionnels, par la globalisation et l'ouverture du Maroc sur l'économie mondiale, il est important de constater que le nombre de cabinets marocains spécialisés dans le droit des affaires reste très limité. Mais, selon Alain Malek, avocat associé chez Norton Rose, vu le flux des affaires qui existe aujourd'hui dans le pays, il y a de la place pour tout le monde. Un avis que partage Amin Hajji, fondateur du cabinet Hajji & Associés. «Vu le flux des affaires aujourd'hui au Maroc, les juristes d'affaires auront du pain sur la planche pour au moins les 20 années à venir. Ces juristes auront la tâche d'accompagner les opérateurs nationaux, mais également les investisseurs étrangers qui interviendront dans le royaume dans divers secteurs d'activité» , souligne M. Hajji. Pour les jeunes juristes qui font leurs premiers pas ou sont en formation, il y a donc des places à prendre dans ce domaine. A noter qu'au Maroc il existe une dizaine de cabinets spécialisés dans le droit des affaires et qui apparaissent dans le classement mondial des cabinets d'avocats réalisé chaque année par le cabinet londonien PLC Which Lawyer. Il s'agit notamment des cabinets Naciri & Associés, Kettani Law Firm, Amine Hajji & Associés, Cabinet Amin Chérif, Cabinet Hamid Andaloussi, Cabinet Teber (voir encadré «Classement 2007»). Les spécialistes locaux les plus connus ont été formés en France Un avocat d'affaires est plus souvent issu d'une double formation, alliant un diplôme d'une grande école de commerce à des diplômes de droit. «Pour un bon avocat d'affaires, il est important d'avoir une bonne maîtrise des bases juridiques, complétée par des études financières et économiques. Mais les diplômes ne suffisent pas. Il faut avoir une expérience d'au moins trois ans dans un cabinet. Le jeune juriste d'affaires doit s'appuyer sur des avocats associés expérimentés pour être bien encadré et mieux connaître les réalités économiques», affirme Alain Malek. Généralement, la mission des juristes d'affaires est d'accompagner les entreprises privées comme les établissements publics dans leur processus de développement et de restructuration. Les cabinets d'avocats d'affaires agissent dans les opérations de fusions-acquisitions, les joint-ventures, les opérations de privatisation, le financement des projets, la prise de participation, etc. Des opérations qui font appel à la fiscalité et au droit. Ils agissent également dans le contentieux et l'arbitrage post-opération. Sur le marché du droit au Maroc, il y a deux types de profils. Une majorité constituée d'avocats généralistes qui traitent des dossiers qui portent souvent sur le contentieux et qui sont en grande partie déconnectés de la réalité économique. Cette catégorie est peu outillée pour assister les entreprises dans des dossiers complexes. La deuxième catégorie est formée de quelques brillants juristes marocains qui ont été formés à l'étranger notamment en France ou qui sont carrément des Français d'origine marocaine. Certains d'entre eux, après un cursus de formation réussi en Europe, notamment en France, ont préféré rentrer pour faire marcher l'affaire de leurs parents. C'est le cas par exemple du jeune avocat d'affaires casablancais Hicham Naciri qui travaille aujourd'hui au côté de son père. Il y a très peu de profils d'avocats d'affaires qui ont des bases juridiques solides, qui sont bien intégrés dans le monde de l'entreprise et savent rédiger correctement un contrat d'affaires. «On a beaucoup de difficultés dans le recrutement de juristes qualifiés au Maroc, ce qui constitue un frein à notre développement. Si on trouvait plus facilement ces profils, on recruterait beaucoup plus de monde» , affirme Patrick Larrivé, avocat au barreau de Paris et fondateur du cabinet UGGC & Associés. Une réalité désolante qui pénalise les quelques cabinets marocains qui exercent sur le marché et ambitionnent de grandir pour pouvoir faire face à la concurrence des cabinets étrangers qui sont mieux structurés, avec des équipes bien formées et une approche commerciale agressive. L'origine du problème est encore une fois le système d'enseignement marocain. On continue de former des juristes ne maîtrisant pas les langues étrangères et en particulier l'anglais. Nos juristes aujourd'hui sont très peu outillés pour réussir dans leur carrière. Amin Hajji, professeur de droit, qui enseigne aux étudiants du master en droit des affaires à la faculté des sciences juridiques à Casablanca, confirme. «Aujourd'hui, dans une économie mondialisée où la langue anglaise est dominante, je n'imagine pas comment nos lauréats, dont certains n'ont aucune notion d'anglais, pourraient s'intégrer dans le monde des affaires. La pratique de l'anglais par les juristes est incontournable», explique-t-il. D'autres professionnels estiment qu'il est difficile de parler de filières spécialisées de formation dans les universités marocaines alors que la pratique n'est pas développée dans le pays. Pour Patrick Larrivé, le marché du droit se développe parallèlement à celui de l'économie. «Si on remonte 25 ans en arrière, le marché du droit en France n'était pas structuré et il n'y avait que très peu de grands cabinets d'avocats d'affaires. C'est la demande croissante des entreprises françaises qui a fait que ce marché aujourd'hui est parmi les plus développés dans la région. Nous sommes en train de vivre le même phénomène au Maroc» , ajoute-t-il. Les honoraires peuvent aller jusqu'à 7 000 DH /jour La pratique du droit des affaires est non seulement valorisante pour la profession, mais également très rémunératrice. Comme pour tous les avocats, les juristes d'affaires n'aiment pas parler de leurs honoraires. Mais, généralement, le taux horaire reste une référence. En France, par exemple, un avocat associé peut facturer ses services, en moyenne, entre 400 euros (4 500 DH) et 1 000 euros (11 200 DH). Au Maroc, la facturation d'une heure est 30% moins chère qu'à Paris. «Pour ce qui est des honoraires, il faut segmenter la clientèle et adapter les prix. On ne facture pas un client marocain de la même manière qu'un investisseur du Golfe ou un autre client en Europe. La tarification de nos prestations juridiques au Maroc est moins chère que celle appliquée en Europe», souligne Alain Malek. D'autres cabinets optent pour le système du forfait pour facturer leurs clients. Quant à l'entreprise, c'est en fonction de la situation et des ressources internes qu'elle détermine le type de cabinet vers lequel elle se tourne. De manière générale, plus la concurrence augmente sur le marché, plus les clients ont la possibilité d'imposer leurs conditions, ce qui pousse les cabinets d'avocats à revoir leur tarification. Mais ce n'est pas encore le cas au Maroc .