Le salaire est un facteur important mais insuffisant pour changer d'emploi. Il est préférable de négocier un salaire brut pour éviter les effets d'une hausse imprévue des cotisations sociales. Tous les salariés vous le diront. Une meilleure proposition de salaire est souvent un critère déterminant pour changer d'emploi. Mais ce n'est pas suffisant. Politique salariale à moyen terme, ambiance de travail, relation avec la hiérarchie… D'autres critères rentrent en considération et peuvent faire changer de décision. En filigrane, l'objectif est de se construire un parcours professionnel tout en cherchant une meilleure rétribution. Explications de Bouchaïb Serhani, DG du cabinet Gesper Services. La Vie éco : Une meilleure proposition de salaire constitue généralement le motif principal du départ des cadres, est-ce le seul critère déterminant ? Bouchaïb Serhani : C'est un facteur important mais non suffisant. On peut changer d'emploi même sans augmentation de salaire parce qu'on peut bénéficier d'autres avantages qui permettront à terme de l'augmenter si toutefois l'entreprise dispose d'une vraie politique salariale et pas seulement de rémunération. En quoi consiste cette politique salariale ? Une politique de rémunération est un système qu'on ne change pas tous les ans. C'est une grille qui est établie pour le moyen et long terme. Par contre, une politique salariale change chaque année en fonction de plusieurs paramètres (instauration de primes individuelles ou collectives, bonus, commissions, taux d'inflation…). Je pense que les cadres qui prennent en considération ces paramètres peuvent sortir gagnants au lieu de pronostiquer uniquement sur une augmentation de 10 ou 20 % du salaire, ce dernier restant ensuite figé pendant quelques années. Y a-t-il d'autres critères à prendre en considération ? Certains cadres négocient leur salaire net au moment des entretiens, je considère que c'est aussi une erreur. L'entreprise ne peut pas garantir le même salaire net. La raison est que les prélèvements sur salaire peuvent augmenter à n'importe quel moment. Prenons le cas de l'augmentation du taux de cotisation de la CNSS. L'entreprise subit cette hausse au même titre que le salarié. Par conséquent, le salaire net sera revu à la baisse. On peut prendre aussi l'exemple de la couverture sociale, de la retraite, de l'assurance-maladie ou autres. Il faut que les dirigeants ou les responsables RH raisonnent et fassent raisonner leurs cadres en salaire brut parce que c'est le seul critère que l'entreprise peut garantir. Cela dit, avec un meilleur salaire, on est tenté de changer… En termes d'augmentation de salaire, je dirais qu'on ne peut pas négliger une meilleure proposition. Mais il faut aussi chercher ce qu'il y a de mieux dans l'entreprise et qu'on n'avait pas auparavant en termes de gestion de carrière, de possibilités de promotion, de culture d'entreprise, de relations de travail et même en matière de relationnel avec le monde extérieur. Quelles sont les erreurs à éviter ? Il ne faut pas tomber dans la précipitation. Souvent, on a constaté que certains cadres regrettent d'avoir changé d'emploi pour une meilleure proposition de salaire. Je pense qu'il faut penser à faire l'état des lieux de l'endroit où l'on va atterrir. Il faut dire aussi que changer constamment de boulot pour des raisons matérielles n'est pas bien vu par les entreprises. A force de bouger, un candidat aura du mal à se faire prendre au sérieux, par conséquent l'entreprise s'abstiendra d'investir sur lui. L'appât du gain immédiat est mal perçu. Il faut chercher plutôt un cadre idoine où l'on peut se construire un parcours professionnel permettant d'accroître sa rétribution à moyen ou long terme. Il faut que l'augmentation de salaire soit la conséquence d'une décision et non pas un motif de départ «Les cadres négocient un salaire net au moment des entretiens. C'est une erreur. L'entreprise ne peut pas garantir le même salaire net car les prélèvements sur salaire peuvent augmenter à n'importe quel moment. Négocier un salaire brut est plus avantageux.» BoucHaïb Serhani DG de Gesper services Changer pour un salaire supérieur de 10 à 20%, et voir son salaire figé par la suite ne vaut pas le coup.