50 millions de quintaux de céréales escomptés pour l'actuelle campagne, dont la moitié servira à reconstituer les stocks des agriculteurs. Les officiels tablent sur une collecte de 15 millions de qx de blé tendre. Depuis le 1er juin, les importations de blé sont en principe à l'arrêt, le temps que la production nationale soit écoulée. Les pouvoirs publics ont en effet réinstauré les droits de douane (50%) sur le blé tendre, une simple mesure de précaution, en réalité, puisque les prix mondiaux sont en eux-mêmes suffisamment dissuasifs pour que les opérateurs ne s'aventurent pas à en importer. Mais cette «protection» à la frontière disparaîtra sitôt achevées la collecte puis la commercialisation du blé local. Selon les estimations officielles, la production nationale de céréales devrait se situer aux alentours de 50 millions de quintaux : 27 millions de quintaux de blé tendre, 10,3 millions de quintaux de blé dur et 12,7 millions de quintaux d'orge. Mais, compte tenu du très faible rendement de la précédente campagne, soit 20 millions de quintaux, les pouvoirs publics s'attendent à ce que les agriculteurs, cette année, ne mettent sur le marché qu'environ la moitié de la récolte, l'autre moitié devant servir à reconstituer les stocks pour les besoins de l'auto-consommation et des semences, en particulier. Ainsi, sur les 27 millions de quintaux de blé tendre, la collecte et la commercialisation ne devraient pas dépasser 15 millions de quintaux, selon le ministère de l'agriculture. Le blé dur et l'orge étant libres, ils ne sont pas concernés par le système de régulation… Restitution forfaitaire aux minotiers de 40 DH/q Ce sont ces 15 millions de quintaux donc qui feront l'objet de subvention, pour la partie destinée à la farine nationale de blé tendre (FNBT – 12,5 millions de quintaux), et de restitution forfaitaire pour les 2,5 millions de quintaux restants destinés à la fabrication de pain ! Un accord de modération existe dans ce sens entre le gouvernement et la Fédération nationale de la minoterie (FNM). Si, pour la FNBT c'est le système des appels d'offres, en lieu et place du système des quotas abandonné depuis 2006, qui permettra d'alimenter les moulins en blé subventionné, pour le blé destiné à la fabrication des farines libres (dites de luxe), c'est par la restitution forfaitaire que l'Etat interviendra afin que les produits issus de ce blé, notamment le pain, ne changent pas de prix ! Ainsi, pour les quantités de blé tendre de production nationale 2008 (hors contingent de la FNBT), acquises durant la période du 1er juin au 30 septembre, l'Etat garantit un prix à la fois aux producteurs (300 DH/q) et aux moulins (260 DH/q) et supporte, entre les deux, la différence (40 DH/q). Une fois achevée la période de collecte de la production nationale, c'est-à-dire à partir du 1er octobre, l'accord de modération prévoit que le blé tendre toujours disponible chez les organismes stockeurs ainsi que le blé tendre issu des stocks de report au 31 mai 2008 soient cédés eux aussi aux moulins au prix de 260 DH/q. Des discussions en cours au sujet de la restitution aux importateurs Enfin, une prime de transport a été accordée pour le blé tendre de production nationale acheminé sur les zones excentrées comme Guelmim (16,02 DH/q), Ouarzazate (15,78 DH/q) et Errachidia (10,29 DH/q). S'il est presque sûr qu'il ne risque pas d'y avoir d'importations avant fin septembre, la question reste posée quant à ce qu'il adviendra une fois la production nationale collectée et commercialisée et lorsque les opérateurs seront obligés d'en importer. Car il faut rappeler que le système de restitution forfaitaire mis en place en septembre 2007 avait pour objet d'amortir le choc des prix à l'international : quel que soit le prix auquel le blé était importé, le prix de revente aux moulins était fixé et par conséquent le prix de vente de la farine aux boulangers aussi, l'objectif final étant d'éviter que les prix du pain n'augmentent. Pour ce faire, l'Etat avait donc décidé de restituer aux importateurs la différence entre leur prix d'achat et le prix de revente aux minotiers. Or, ce système a pris fin le 31 mai dernier. Le nouveau règlement gérera en fait la période de l'arrivée sur le marché de la production nationale. Pour après, on n'en sait rien pour l'instant. L'Etat va-t-il réinstaurer le même mécanisme ou le remplacer par un autre ? Des discussions sur ce sujet sont en cours entre les pouvoirs publics (l'Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses – ONICL – en particulier) et les professionnels de l'importation, mais il faudra sans doute attendre la fin de la récolte (c'est pour bientôt) pour avoir une idée exacte sur les besoins du pays, le tout en fonction de l'évolution des cours sur le marché mondial.