Les exportations durant la campagne 2016-2017 se sont élevées à 517 000 tonnes, autant que la demande du marché intérieur. Sur le marché intérieur, les intermédiaires postés en aval et les détaillants s'adjugent une bonne partie des gains. L'activité de transformation est encore peu dynamique. Un dirham et 50 centimes le kilo. Tel était le prix de vente – pour le moins modique – de la tomate au marché de gros de Fès, mardi 17 avril, à en croire la plateforme Asaar. C'est mieux que la semaine précédente (1DH/kg). Et sur les cinq autres marchés de gros -Casablanca, Rabat, Marrakech, Oujda et Tanger-, les prix ne dépassent pas guère les 2,50 DH. Exit la flambée des prix enregistrée au début de l'année. «Une série de causes aussi conjoncturelles que structurelles parmi lesquelles l'abondance de l'offre du fait du développement accru de la production couplé à l'absence de stratégie commerciale, ainsi que la commercialisation de volumes qui étaient jusqu'à récemment destinées à l'export», indique une source au sein de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d'exportation des fruits et légumes (FIFEL). «C'est une perte sèche», observe notre source. Plus en détail, la croissance de la production tirée par l'augmentation quasi généralisée des rendements est le premier facteur à l'en croire. «Certains producteurs qui utilisent des serres intelligentes et des technologies dernier cri ont atteint 220 tonnes par ha contre 60 tonnes il y a quelques années, mais le développement du savoir-faire commercial n'a pas suivi», déplore notre interlocuteur. Et d'enfoncer le clou : «L'agriculteur marocain se concentre uniquement sur la production et ignore le volet commercial. Il produit sans calcul et études préalables en risquant sa marge et parfois même son capital». La volatilité des prix est due aussi au climat L'abondance de l'offre s'explique également par la mise sur le marché local de volumes qui étaient initialement destinés à l'export. Raisons évoquées: «Le durcissement des barrières non tarifaires comme sur le marché russe (13% des primeurs exportés durant la campagne 2015-2016), et le lobbying des producteurs de certains pays, en l'occurrence l'Espagne, contre les exportations marocaines». La multiplicité des intermédiaires en aval et la désorganisation d'une grande partie des marchés de gros gérés par les conseils communaux conformément à l'article 83 de la loi 113-14 constituent une autre paire de manches. Ces dysfonctionnements font en sorte que l'agriculteur voit sa marge s'évaporer, tandis que le consommateur paye plus cher sa tomate. Sur un autre registre, le climat joue également un rôle dans les variations des prix à la hausse ou à la baisse. «Des vents chergui ou bien des températures basses qui persistent durant plusieurs jours peuvent altérer la qualité et les standards nécessaires pour accéder à certains marchés. Cela peut provoquer une baisse ou une hausse à l'export comme sur le marché local», explique notre source au sein de la FIFEL. Durant la campagne 2016/2017, les exportations de tomates ont, selon la fédération, atteint 517000 tonnes, soit la moitié de la production nationale. L'autre moitié est absorbée par le marché intérieur. Quid de la transformation comme voie de valorisation? «Elle est quasi inexistante alors que plusieurs marchés avoisinants sont demandeurs. Il est temps d'y réfléchir sérieusement pour augmenter la valeur ajoutée agricole», conclut notre source.