Cinquante investisseurs étrangers de renom ont été invités par CFG Bank à rencontrer les émetteurs marocains. Le marché boursier se distingue dans la région par plusieurs atouts mais souffre toujours de son manque de liquidité. Pour la quatrième année consécutive, CFG Bank a réuni des investisseurs nationaux et internationaux à l'occasion du One-on-One Equity Conference. En l'espace de deux jours, 500 rendez-vous ont été organisés, réunissant d'une part 25 émetteurs dont 21 marocains et 4 tunisiens, qui ont mis en avant leurs secteurs d'activités respectifs ainsi que les perspectives de croissance de leurs structures, et, d'autre part, 12 investisseurs nationaux (assureurs, OPCVM, caisses de retraite) et une cinquantaine d'étrangers regroupant des institutionnels et des gestionnaires de fonds en provenance des pays du Golfe, de Londres, de New York, de Paris, d'Afrique du Sud, des pays scandinaves, etc. Les investisseurs étrangers étaient plus nombreux cette année (40 l'année dernière et 36 en 2015). Ces investisseurs, qui gèrent plus de 5 000 milliards de dollars à travers le monde, détiennent sur le marché boursier marocain plus de 600 millions de dollars d'actifs, soit le tiers de la capitalisation flottante détenue par les étrangers qui s'élève à 1,8 milliard de dollars. Le bilan de cette conférence peut être qualifié de positif, et le marché boursier marocain n'a pas fini de séduire les étrangers. Il faut dire que malgré la cherté de la place (en comparaison à d'autres places, notamment l'Afrique du Sud) et son manque chronique de liquidité, les investisseurs commencent à relativiser ces aspects et se montrent séduits par d'autres atouts qu'elle offre. En plus de la performance de l'indice général du marché depuis l'année dernière, la stabilité politique du Maroc par rapport à d'autres pays de la région constitue un gros avantage, conjugué à une croissance économique pérenne. «Pour un investisseur, ces deux éléments sont primordiaux pour évaluer le pays. C'est un réel atout pour le Maroc, comparé aux autres pays arabes», explique un investisseur. L'autre point fort du marché marocain est qu'il parvient à stabiliser sa monnaie par rapport aux monnaies étrangères (Angola, Egypte, Tunisie, etc.). Contrairement à d'autres places, comme le marché égyptien qui est bien plus liquide mais où le risque de dévaluation est trop important, ou encore sur le marché tunisien, où les étrangers représentaient à peu près 25 à 30% de la capitalisation boursière et cette part a chuté à moins de 7% aujourd'hui, au profit du marché marocain. En outre, la place boursière marocaine bénéficie des «best-practices dans la mesure où elle s'aligne sur les standards internationaux, d'un point de vue technologie et outils de travail», affirme Bachir Tazi, directeur délégué de CFG Bank Capital Markets. S'ajoute à cela une bonne progression moyenne de la capacité bénéficiaire globale de la cote durant ces dernières années (8 à 10%). «Sur d'autres places, ce niveau de croissance est atteint sur une période de 8 à 10 ans», confie un investisseur. Cependant, même si les voyants de la place financière sont au vert et que la conjoncture est assez favorable, le sempiternel problème du manque de liquidité, la rareté des introductions et le fait que plusieurs secteurs clés de l'économie ne soient pas représentés en bourse, sont des facteurs qui freinent la place dans son élan «pour devenir un vrai hub financier africain», affirme M. Tazi. «Il y a certes de l'appétit de la part des investisseurs, mais la machine met du temps à prendre de la vitesse. On pourra parler de hub le jour où l'on aura plusieurs entreprises tunisiennes, ivoiriennes, etc. Pour les entreprises africaines qui pourraient prétendre à une cotation à l'étranger mais sont trop petites pour aller à Londres ou New-York, c'est idéal de venir à Casablanca pour lever 200 millions de dirhams par exemple. Nous sommes frustrés de ne pas pouvoir y arriver encore», confie Younes Benjelloun, DG de CFG Bank. Entre-temps, les investisseurs «se contentent» des valeurs existantes sur le marché. Et les critères de sélection de ces dernières diffèrent d'un gestionnaire à l'autre, dépendamment de la nature des portefeuilles gérés, du secteur d'activité, des indicateurs boursiers des valeurs (P/E, DY) et/ou financier, etc. Certains investisseurs préférent les entreprises dont l'activité est bien définie, ne comportant aucun risque d'instabilité des prix, d'autres sont surtout attirés par celles qui ont un fort good will, une bonne image de marque. A contrario, les conglomérats et les entreprises ayant des activités «dispersées» et touchant plusieurs domaines en même temps sont fuis par les investisseurs. «Ces derniers sont attirés par les histoires pures et simples», résume M. Benjelloun.