«Une déconnexion est parfois nécessaire pour reprendre le travail sereinement à la rentrée». Nezha Hami Eddine Mazili Consultante coach – Cap Rh Maroc La Vie éco : Avec l'intensification du travail et les excès de connexions professionnelles, la vie privée est de plus en plus perturbée. Peut-on qualifier cette intrusion de mal du siècle? Il est vrai que nous assistons à des excès de connexions professionnelles, surtout chez les générations Y. Les jeunes d'aujourd'hui sont hyperconnectés. En France par exemple, on parle du nouveau syndrome qu'est «la laisse électronique». Pour étayer ce phénomène, de nombreuses études menées sous d'autres cieux ont montré que plus de 75% des cadres passent une bonne partie de leur vie derrière un ordinateur ou un terminal numérique. Presque tout leur travail de management, de coordination, de reporting et de communication se fait par le biais du numérique. De même que ces technologies renforcent le stress à cause d'une surabondance d'informations. On n'arrive plus à suivre. Bien évidemment, cette hyper connectivité présente plusieurs inconvénients, à commencer par une baisse de productivité et de performance. Pour l'anecdote, un dirigeant d'une PME marocaine avait constaté ce phénomène de burn-out chez ses collaborateurs il y a près de 10 ans. Il avait constaté que ses salariés passaient du temps au bureau après les horaires de travail pour profiter de la connexion internet. Par conséquent, ils arrivaient en méforme tous les matins. Du coup, il avait pris comme décision de couper les serveurs à partir de 18 heures afin qu'ils puissent souffler et leur a recommandé de pratiquer du sport. Donnez-vous souvent conseil à des managers qui n'arrivent pas à se déconnecter pendant les vacances ? Tout à fait ! Cela démarre déjà lors des séances de formation où les participants sont souvent fixés sur leur smartphone pendant les séances. Je les taquine assez souvent en leur rappelant que personne n'est indispensable dans son entreprise. Pour éviter cette mainmise sur les technologies, surtout pendant les périodes de vacances, il est indispensable de prendre conscience de la nécessité de prendre des mesures. Cela peut commencer par des initiatives individuelles: réguler ses comportements par le filtrage, la déconnexion partielle... C'est aussi l'occasion de déléguer sa messagerie à son assistante et son webmaster et ne recevoir que les mails importants. Bien évidemment, il existe des situations exceptionnelles ou des métiers particuliers ou il faut être constamment connecté ou à l'affût d'informations importantes. On peut citer le cas des médecins qui doivent être en mesure d'être joignable à tout moment. Ceci dit, je pense qu'une grande partie des métiers n'exige pas de tels sacrifices. L'usage de la technologie nous donne la possibilité d'être joignable à tout moment et à tout endroit par téléphone, SMS ou mails, mais il nous revient de décider s'il faut ou non répondre à ces sollicitations. De même qu'une déconnexion est parfois nécessaire pour reprendre le travail sereinement à la rentrée. Le fait de ne jamais décrocher entraîne donc des risques… On a bien vu des cas où des personnes ont été anéanties parce qu'ils se sont trop investies sur le plan professionnel. Il faut donc s'offrir cette possibilité d'avoir une hygiène mentale, d'être déconnecté, sinon on risque le burn-out. Par ailleurs, la dépendance aux technologies a montré à travers des études qu'elle peut être équivalente à une addiction à la cigarette ou à l'alcool. Malheureusement, certaines personnes peuvent souffrir s'ils sont privés d'une connexion internet ou d'un téléphone.