Avec l'usage excessif des outils numériques, le congé ne rime plus toujours avec repos du fait que le courriel professionnel suit le salarié là il se trouve. C'est le signe que le droit du travail a besoin d'être révisé en profondeur pour l'adapter aux nouvelles réalités créées par l'évolution des technologies de communication. Dans un monde de plus en plus connecté, le salarié profite-t-il vraiment de ses droits au repos et aux congés ? Sans la moindre hésitation, la réponse ne peut être que par la négative et ce, en raison de la porosité de plus en plus accentuée des frontières entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Par le biais d'outils technologiques multiples (ordinateurs, smartphones, tablettes…), la vie professionnelle envahit la vie personnelle, ce qui n'est pas sans conséquences sur la qualité de vie des salariés. Devant cette situation, le législateur français a réagi en instaurant en 2017 le droit à la déconnexion dans le cadre de la loi dite « ELKHOMRI » du nom de la ministre du travail de l'époque. Mais dans sa démarche, il était très prudent en évitant d'assortir de sanctions le droit à la déconnexion et en laissant aux entreprises la liberté de définir les modalités de son exercice. Dans d'autres pays, des entreprises ont conçu, en dehors de toute obligation légale, des formules pour permettre à leurs salariés, de se déconnecter du travail. A titre d'exemple, le groupe automobile Volkswagen a instauré, une trêve quotidienne d'acheminement de messages sur les Smartphones professionnels. Les serveurs de l'entreprise n'envoient pas les courriels vers les Smartphones entre 18H15 et 07H00. La démarche du constructeur automobile allemand n'est pas fortuite ; des études montrent que la déconnexion a des effets très positifs. Lorsqu'elle est appliquée, le nombre de congés de maladie chute nettement. Mais la question qui se pose est de savoir si les salariés eux-mêmes sont capables de se déconnecter de leurs e-mails professionnels ? Selon plusieurs sondages menés en France, l'écrasante majorité des Français rêvent de déconnexion. Seulement, celle-ci n'est pas toujours possible pour des raisons liées aux habitudes des salariés et au manque d'organisation des entreprises. 67% des salariés ne parviennent pas à décrocher de leur travail pendant leurs vacances Certains salariés sont devenus dépendants de leurs boites mail à tel point qu'ils sont incapables de ne pas les consulter régulièrement. D'autres, préfèrent les consulter et traiter le courriel au fil de l'eau pour ne pas être submergés à leur retour des vacances. Le phénomène est plus accentué chez les cadres qui trouvent d'énormes difficultés à se déconnecter de leurs boites mail professionnelles. Les raisons sont multiples ; parfois par sentiment de responsabilité et parfois pour montrer leur compétence et leur utilité pour la marche de leur entreprise. Reste que les conséquences sont très graves pour la santé des salariés. De nombreuses études montrent que l'hyperconnexion professionnelle n'est pas étrangère au phénomène du burnout (épuisement professionnel) et à la dépression. Plus grave, les salariés trouvent du plaisir à suivre leurs dossiers pendant les vacances. C'est une sorte d'addiction. Selon une étude très récente (2 juillet 2019), 67 % des Français « ne parviennent pas à décrocher de leur travail pendant leurs vacances ». Pour résoudre la problématique de l'hyperconnexion professionnelle, certains estiment qu'il revient aux entreprises de s'organiser pour faire bénéficier leurs salariés d'une déconnexion effective. L'arrêt de l'acheminement du courriel vers les Smartphones professionnels est l'une des pistes possibles mais elle n'est pas la seule. D'autres soutiennent qu'il est inévitable de passer par la case « réglementation » avec des sanctions à la clef car il y va de la santé des salariés, de leur vie personnelle et familiale et de l'intérêt des entreprises.