De nouvelles règles de performance énergétique s'appliquent à l'auto-construction depuis novembre 2015. Depuis cette date, il faut en théorie respecter des normes thermiques minimales, concernant les toitures, les murs extérieurs, les fenêtres, les planchers et les vitrages pour décrocher l'autorisation de construire. Pour une villa, l'isolation thermique induit un surcoût de 100 à 300 DH/m2 pour une économie annuelle sur la facture d'électricité allant de 11 à 30 DH/m2/an. Vigilance pour les initiateurs d'auto-constructions. Ils ont l'obligation de prendre en considération un ensemble d'exigences thermiques lors de la réalisation de leurs projets depuis l'entrée en vigueur du règlement général de construction fixant les règles de performance énergétique des constructions en novembre 2015. Cette loi s'applique en effet à tout bâtiment résidentiel, défini comme «toute construction dont 80% de la superficie est réservée au résidentiel», ce qui inclut donc l'auto-construction. Concrètement, la loi impose de respecter des normes thermiques minimales, concernant les toitures, les murs extérieurs, les fenêtres, les planchers et les vitrages. Ces prescriptions varient selon la localisation de la construction sur le territoire national car naturellement les exigences sont plus ou moins élevées selon le climat environnant. Une première zone regroupe les villes d'Agadir, Casablanca, Rabat et El Jadida pour lesquelles les exigences sont les moins élevées. Un cran au-dessus figurent Tanger et Tétouan. Viennent ensuite Béni-Mellal, Fès et Meknès. La quatrième zone concerne Ifrane. Enfin, Marrakech et Errachidia constituent respectivement les cinquième et sixième zones. En théorie, depuis l'entrée en vigueur de la loi, il est nécessaire pour les initiateurs d'auto-constructions de joindre à leur demande d'autorisation de construire une fiche technique d'identification du projet qui sert de base de contrôle, et qui précise les performances thermiques de chaque composante du bâtiment par rapport aux exigences réglementaires. Mais à vrai dire, sur le terrain, cette procédure est loin d'être effectivement mise en œuvre au niveau de l'administration, à l'exception de certaines régions. Les particuliers construisant leurs maisons peuvent donc encore passer entre les mailles du filet. Cela étant, obligation réglementaire ou pas, il est plus qu'indiqué pour les initiateurs de constructions de prendre en compte l'efficacité énergétique de leurs projets, d'abord parce que les solutions visant à garantir une bonne isolation thermique se multiplient sur le marché, dans le sillage de la nouvelle réglementation. Par exemple, le cimentier LafargeHolcim a lancé en quelques mois plusieurs solutions constructives garantissant une isolation thermique des bâtiments, dont notamment deux chapes destinées aux toitures, terrasses et planchers. L'industriel s'est aussi associé à des préfabricants dans le cadre du Groupement d'intérêt économique, Agglopro, pour mettre au point un nouveau type de brique de béton ayant des facultés d'isolation thermique. Citons aussi Tolba Verre, spécialiste du façonnage et de la production de produits verriers qui propose depuis quelques temps une gamme étoffée de double vitrage visant à démocratiser cette solution. Le briquetier Orobrique, lui aussi, a mis au point depuis quelques années un système de construction isolant inspiré des techniques de construction utilisées dans les anciennes kasbah. Aussi, le groupe Menara Holding s'apprête à lancer des agglos fabriqués à base de pierre ponce, laquelle offre des facultés naturelles d'isolation. Les industriels le garantissent, toutes ces solutions seront de plus en plus accessibles à mesure que leur usage se développera. Mais déjà il faut savoir que les tarifs qui ont cours actuellement pour ce type de produits sont loin d'être prohibitifs, surtout en considérant le confort et surtout les économies d'énergie et d'argent qu'ils permettent. Un ensemble de projets pilotes réalisés par les pouvoirs publics pour étudier les effets de la réglementation thermique dans le bâtiment en apporte la preuve chiffrée. Il en ressort que pour une villa économique, le surcoût d'investissement pour les régions où les exigences réglementaires sont les plus basses (Agadir, Casablanca, Rabat et El Jadida) est de 100 DH/m2. Cela monte à 250 DH le m2 à Tanger et Marrakech et il faut compter 300 DH/m2 et un peu plus pour se mettre en conformité au niveau des zones d'Ifrane et Fès. Selon les zones, l'application de la réglementation permet des baisses de consommation d'énergie allant de 40 à 65% par rapport à l'existant. Compte tenu des tarifs actuels de l'électricité, ces réductions impliquent pour le consommateur final des gains sur la facture énergétique relative au chauffage et la climatisation estimés en moyenne à 18 DH/m2/an avec une fourchette allant de 11 DH/m2/an dans les zones à climat le plus clément à 30 DH/m2/an à l'autre bout du spectre. Ainsi, l'investissement dans l'isolation thermique d'une villa économique peut être rentabilisé entre 9 et 11 ans. Signalons par ailleurs que rendre son habitat efficace sur le plan énergétique ne nécessite pas toujours de débourser de l'argent. Cela peut en effet simplement commencer par le respect de certaines règles lors de la conception de son projet. L'orientation d'une villa par exemple et son exposition sont des éléments cruciaux qui pensés intelligemment garantissent l'efficacité énergétique de la construction.