L'activité est portée par la hausse des importations de matériel pour les infrastructures, de véhicules et par celle des importations de céréales et d'aliments de bétail. Le volume des exportations n'a que légèrement progressé. Le cabotage en pleine forme. L'année 2016 a été bonne pour l'activité portuaire. Tous les clignotants sont au vert. Ainsi, à fin novembre 2016 (dernières statistiques disponibles), le trafic global de marchandises au niveau des ports marocains a augmenté de 6,1%, à 107,3 millions de tonnes. Entre autres explications, 2016 ne fut certes pas une bonne année agricole, mais a été riche en projets d'infrastructures. Ces deux facteurs ont donné du tonus aux importations qui ont totalisé 51,4 millions de tonnes, en hausse de 11,9%. «Le trafic de conteneurs a connu une évolution soutenue portée par l'importation de matériel dans le cadre des grands investissements, notamment de l'ONEE et de la station Noor. Dans le segment polyvalent, notamment vrac, nous avons enregistré des importations considérables de céréales et d'aliments de bétail», commente un haut cadre de Marsa Maroc. Le trafic conteneurs a en effet augmenté de 9%, à 1,14 million EVP et le vrac de près de 12%, à plus de 60 millions de tonnes. «L'activité de Marsa Maroc dans le trafic de conteneurs a enregistré 16% d'augmentation en 2016. Le port de Casablanca a lui seul connu 12% d'évolution sur ce segment. On n'a jamais connu une telle tendance depuis 2008», souligne-t-il. Le trafic Ro-Ro (relatif aux navires de transport des véhicules) a connu une hausse de 10,3%. Selon la même source, les importations de voitures ont fortement contribué à cette hausse dans la mesure où les concessionnaires ont prolongé les offres du Salon de l'automobile sur le reste de l'année. Il précise que ces importations de voitures ont progressé de 12%. Casablanca consolide sa place de leader Les exportations totales ont, quant à elles, enregistré une légère évolution de 2,5%, à 26,1 millions de tonnes. Comme on le sait, le textile, les produits de la pêche, les agrumes, les produits agro-alimentaires et enfin le phosphate et les minerais sont traditionnellement les produits les plus exportés. En dehors de Mohammédia dont le trafic a chuté de 30,5% du fait de l'arrêt de l'activité de la Samir et qui voit sa part dans le trafic global tomber à 6,4%, tous les autres ports sont en hausse. Casablanca garde sa place de premier port du Royaume hors transbordement (grâce à son trafic de conteneurs et de vracs solides) avec 30,9% du trafic. Il est suivi de Jorf Lasfar spécialisé dans les minerais avec 29,7%. «On pouvait croire que les augmentations de trafic dans les différents ports du Royaume allaient gêner celui de Casablanca, il n'en est rien. Chaque port se spécialise ainsi dans des activités et des trafics particuliers», explique un expert maritime. La seule activité ayant connu une légère baisse (-0,7% à fin novembre, à 26,3 millions de tonnes) est le transbordement réalisé principalement au port de Tanger Med. «Le transbordement est lié au trafic international qui a connu une dépréciation sur la ligne est-ouest nous reliant à l'Asie. Suite à la déprime du commerce international, l'activité de Tanger Med ne peut qu'être directement impactée», déclare le même expert maritime. L'agence spéciale Tanger Med (TMSA) assure par contre que le trafic se porte bien, sachant que l'activité domestique du port a progressé de 17,5%, à 10,4 millions de tonnes. «Pour le transbordement, on devrait finir l'année avec une très légère augmentation pour atteindre 2,9 millions EVP, en attendant Tanger MedII qui portera la capacité à 8 millions EVP. L'activité conteneurs a, elle, été maintenue. Grâce à Renault, nous avons eu une très belle croissance. On a atteint une performance de 300 000 voitures à l'export à fin décembre 2016. En outre, le trafic des hydrocarbures a également très bien fonctionné. Le port de Tanger Med a approvisionné la zone Nord du Royaume. Enfin, côté Transport international routier (TIR), Tanger Med s'est imposé comme un passage important de l'import-export marocain», explique une source à TMSA. Le TIR a en effet progressé de 10,9% du trafic à fin novembre 2016. Mais la particularité de l'activité portuaire de l'année écoulée réside dans la hausse de 18,7% du cabotage import, notamment entre Tanger Med et le port de Casablanca. Cette activité prend de l'ampleur grâce notamment à des navires asiatiques qui relient les deux entrées maritimes. Limitée à Casablanca et Tanger, les professionnels espèrent également développer cette activité à Dakhla et dans les provinces du Sud en général qui exportent beaucoup de produits halieutiques et où le TIR reste encore prépondérant. [tabs][tab title ="Le mouvement devient plus fluide"]La croissance de l'activité portuaire a profité aux agents maritimes qui se réjouissent d'une fluidification des ports grâce notamment à la nouvelle réglementation entrée en vigueur en 2016. Pour Aziz Mantrach, président de l'Association professionnelle des agents maritimes, consignataires de navires et courtiers d'affrètement du Maroc (APRAM), au delà du développement des infrastructures portuaires, les ports gérés par l'ANP ont connu des réformes importantes pour assurer une meilleure fluidité des volumes, une baisse des délais de séjour de marchandises et une amélioration de la productivité portuaire. «Le port de Casablanca a connu pendant 3 ans une congestion au niveau des trafics conventionnels. Un décret du travail 3×8 relatif aux bateaux amarrés dans les quais a instauré le travail 24h/24, 7j/7 et 3 shifts par jour au lieu de 2 et un arrêt de travail dimanche et jours fériés. Ce qui a permis de réduire la congestion et d'améliorer la productivité portuaire», déclare M. Mantrach. L'ANP a également décidé de réduire la franchise de magasinage de 7 à 5 jours seulement, tout en annulant la rétroactivité des pénalités (désormais payable à partir du 6e jour). Ce qui a permis de réduire les frais, d'inciter les professionnels à libérer plus vite leurs conteneurs et par conséquent d'éviter la congestion. «En somme, beaucoup d'amélioration et d'avancées sur la facilitation des procédures et la dématérialisation des documents ont été enregistrées en 2016. Grâce notamment à Portnet, le délai de séjour des marchandises au port a été nettement réduit», déclare Aziz Mantrach.[/tab][/tabs]