Pour eux, la contrebande est négligeable et ne justifie pas une telle mesure. Ils jugent que la mesure profitera aux multinationales qui se sont transformées en importateurs. Le projet de réforme tarifaire (Cf. La Vie éco du 1er septembre 2006) devant instituer une nouvelle grille de droits douaniers n'est pas du goût des fabricants de cosmétiques. Selon eux, les pouvoirs publics n'auraient pas«engagé de concertations sur les nouvelles dispositions». Le décret de réforme tarifaire à la signature devrait entrer en vigueur en janvier 2007. Il prévoit de ramener les droits de douane pour les produits finis de 45 à 10%. Les intrants se verront appliquer un taux de 2,5 %. La nouvelle grille tarifaire permettra, selon le ministère du commerce et de l'industrie, de lutter contre la contrebande qui cause un grand tort à un secteur surprotégé. Les industriels ne l'entendent pas de cette oreille. «Avec les premières baisses de droits de douane opérées depuis plusieurs années, nous pouvons assurer que la contrebande de produits cosmétiques est aujourd'hui négligeable», affirment-ils. Les industriels veulent un démantèlement progressif jusqu'en 2010 La production nationale portant essentiellement sur les produits de «mass market», la contrebande, selon les industriels, ne gêne pas le secteur qui est en revanche inondé par les importations en sous-facturation, un des effets pervers du niveau élevé des droits de douane. La production nationale est le fait de cinq entreprises et porte essentiellement sur les shampoings, les dentifrices, les soins capillaires et les savons, des produits de grande consommation commercialisés à des prix variant entre 9 et 24 DH, destinés d'abord au marché local. Selon les industriels, la baisse des droits de douane sur les produits finis est plutôt favorable aux multinationales qui, pour la plupart, et pour des raisons stratégiques, ont fermé leurs usines au Maroc et se sont transformées en importateurs. C'est le cas de l'Oréal, Gillette International, ou encore Johnson & Johnson. D'autres entreprises, comme Procter & Gamble, Unilever ou Beiersdorf ont opté pour une importation partielle de leurs gammes. Les industriels de cosmétiques viennent d'adresser à la Primature et au ministère du commerce et de l'industrie une lettre dans laquelle ils proposent de maintenir les droits actuels aux produits finis et de respecter le calendrier du démantèlement tarifaire prévu jusqu'en 2010. Ils acceptent cependant le taux de 2,5% pour les intrants car «cela nous permettra d'être compétitifs par rapport aux importations en provenance de Turquie ou de Chine» n Aziza Belouas